– à l’écoute de soi
Dans son Livre Safir Véyahalom Rav M.M. Poumrantz rapporte au nom du Or Haméir qui fait remarquer que le mot Chabat en hébreu composé des lettres chin, bet et tav donnent également Tikou Bah’odech Chofar ! Sonnez du chofar durant le mois (de éloul).
On peut étendre cette idée, chaque Chabat est un son du chofar, un son à l’éveil de la profondeur de l’être. C’est comme si chaque Chabat on se retrouvait à Roch Hachana, le premier jour de l’année. Les idées du chofar résonnent dans notre esprit, et chaque Chabat elles refont surface ! On peut durant chaque Chabat revivre la dimension du jour de Roch Hachana.
Il nous faut comprendre où se trouve ce son du Chofar émis le jour de Chabat ? Nous savons que lorsque Roch Hachana tombe Chabat nous ne sonnons pas le chofar – on peut lire cette halah’a de deux manières : 1/ lorsque Roch Hachana tombe Chabat on n’a pas besoin de sonner le chofar, 2/ Chabat est chofar. Il se passe quelque chose durant le Chabat qui éveille notre être le plus profond à revenir à la source de notre existence. Chabat est un son silencieux du chofar. L’ambiance du Chabat depuis le moment où on allume les nérotes, en passant par les
prières chantées avec ferveur, sans oublier les repas de Chabat composés de mets succulents, sans oublier l’étude de la Tora durant le Chabat, et ce jusqu’à l’extinction de la bougie de la havdala, tout ceci retentit en ‘homme tel le son du chofar et ne peut pas nous laisser indifférent. Tout ceci appelle à l’éveil profond de l’être. C’est sans doute également l’appel de notre néchama qui en ce jour où on lui laisse toute la place qui rejaillie et retentie du plus profond de notre être et de notre conscience qui nous invite à nous élever.
En somme Chabat c’est être à l’écoute de soi, ce soi enfoui et laissé de côté toute la semaine !
Tossefet Chabat – bénédiction assurée
Le Talmud traité Kidouchin 39B nous enseigne « l’homme ne reçoit pas dans ce monde ci le salaire des commandements accomplis ». Cependant sur certaines mitsvot qui sortent de cette règle les Maîtres nous enseignent qu’on reçoit une partie du salaire déjà dans ce bas monde !
Dans son Livre Yéchoua Vénéh’ama le Rav Yéchaya Segal affirme que celui qui reçoit Chabat plus tôt connaîtra déjà dans ce monde une partie du salaire. Car, explique-t-
il, faire rentrer Chabat avant l’heure s’inscrit dans le concept de ‘’mossif mih’ol al hakodech’’ – il rajoute du temps profane dans la sainteté, il prend du temps profane de la semaine pour l’introduire dans la sainteté du Chabat, pour cette même raison son olam haba commence déjà ici dans ce monde appelé profane !
Le Kikar Hazahav promet richesse et réussite, effectivement, dit-il, à propos du Chabat il est dit « D’IEU a béni le septième jour » et par ailleurs il est dit « birkat Hachem Hi taâchir » c’est-à-dire la bénédiction divine enrichie l’homme !
Le Kessef Hanivh’ar défend une idée incroyable, il écrit : les Pères – Avraham, Yitsh’ak et Yaakov reçurent une abondance de bénédictions de la part de d’IEU comme en témoignent les versets Béréchit 12-1 et Rachi, 26-3 et 28-13. Cette bénédiction qu’ils obtinrent découle de leur élan à rajouter toujours ‘’mih’ol al hakodech’’ introduire le profane dans le saint.
Le Kdouchat Yom Tov s’exclame : l’homme doit saisir et comprendre qu’il est un fondamental de faire rentrer Chabat plus tôt, en cela dépend toute la vie de l’homme, il acquiert ainsi sa place dans le olam haba et trouvera satisfaction même dans ce monde ci.
Dans son Livre Tossefet Chabat page 570 à 574 Rav H.M Cheh’ter cite d’autres Maîtres qui défendent cette idée : en accueillant Chabat plus tôt on bénéficie d’un salaire même de notre vivant en plus de celui qu’on aura dans le olam haba !
Chabat – voir plus grand
Rav Réouven Shlosberg dans son Daat Hatéfila page 417 fait remarquer que dans la bénédiction du Chabat qui précède la lecture du chémâ, le yotser, nous disons ‘’hakol
yodouh’a – tous Te reconnaissent’’, ‘’kel adon al kol hamaassim – tu es le D’IEU Maitre de TOUTES les œuvres’’, ‘’lakel acher chavat ikol hamaassim’’ – D’IEU qui stoppa TOUTE œuvre, et ‘’yéchabéhou kol yétsourav’’ – TOUTES ses créatures le louent. Nous voyons l’insistance sur le concept ‘’kol – tout’’. Cela veut dire que durant le jour de Chabat nous ne nous concentrons pas sur un détail de la création et de la vie, nous avons un regard sur l’entièreté de l’œuvre divine.
Par notre néchama nous avons une vision globale de la vie, notre champ de vision et de ressenti s’élargit et nous pouvons apprécier ce que D’IEU nous offre dans la vie dans sa totalité. Là la vie sort de sa vision étriquée, l’homme élasticise son être et réinscrit chaque détail de la vie dans un sens plus global qui inclut tout. Par conséquent chaque détail de la vie prend lui même un autre sens.
Nous savons voir chaque chose comme une entité à part, c’est très important en soi, mais il nous faut apprendre à réintégrer chacun de ces détails dans le monde. L’homme se voit lui-même comme un être particulier, c’est normal, mais il nous faut réinstaller ce moi dans un univers allant au-delà du moi nombrilique. C’est vital. Tout d’abord pour l’existence même du moi, mais ici, selon le discours du Rav c’est pour apprendre que ce que D’IEU nous offre dans la vie a un sens plus élargit plus grand plus immense.
On perd de l’énergie et on ne goûte pas tout ce que D’IEU a à nous offrir lorsqu’on se replie sur soi. C’est ainsi que nous sublimons D’IEU, on Le voit plus grand. La prière quotidienne, la âmida, ouvre en exprimant les qualités divines l’une d’elles est ‘’hagadol’’ – D’IEU est grand, beaucoup plus grand que ce qu’on ne peut l’imaginer. Chabat c’est apprendre à voir plus grand et plus haut. Atteindre des sommets et s’en régaler.