D’après Rav H’aïm Cohen – Talelei H’aïm Chémot 420
La sainteté du Chabat est supérieure à celle du sanctuaire ! Car, le sanctuaire vient dévoiler la sainteté de la présence divine à l’intérieur du monde matériel, alors que la sainteté du Chabat est l’élévation des éléments matériels jusqu’au niveau de leur source – le monde de l’émanation.
Le sanctuaire exprime le cheminement qui conduit l’existence depuis ce monde jusqu’au monde à venir, alors que la sainteté du Chabat est l’état du monde à venir. Le sanctuaire est le moyen alors que Chabat est l’objectif.
C’est la raison pour laquelle la construction du sanctuaire ne repousse pas Chabat. Dans ce monde il y a déjà une fenêtre qui nous laisse entrevoir le monde à venir, et qui nous relie à la pureté du monde à venir.
Même étant dans l’obscurité nous sommes reliés à la lumière suprême, la lumière du Chabat, aucune faute ne peut nous faire tomber dans l’abîme éternel. Par le biais du Chabat nous marchons vers le jour de l’ultime bonheur et ce même durant les six jours de la semaine à travers la construction du sanctuaire.
Chabat, l’espoir et l’antidote du désespoir
Tous les Maîtres s’interrogent de comprendre pourquoi la paracha de Vayakel, qui traite de la construction du Sanctuaire ouvre-t-elle par le commandement du Chabat ? D’autant plus que le commandement du Chabat a déjà été livré plusieurs fois auparavant (dans la paracha Béchalah’, Yitro, Ki Tissa) ?
La première idée qui surgit en l’esprit de tout celui qui réfléchit est simple : aucune bâtisse soit-elle, même pour D’IEU n’a de sens sans respecter Chabat. Allons plus loin, la fondation de tout édifice est le Chabat. Sans Chabat tout s’écroule. Rien ne justifie la transgression du Chabat (excepté lorsqu’il s’agit de sauver une personne en danger). Aucune œuvre n’est au-dessus du Chabat, pas même celle qu’on fait en l’honneur de D’IEU.
Le Or Hah’aïm (commentaire début Vayakel) rappelle l’enseignement des Maîtres enseigné dans le Zohar « le Chabat équivaut toute la Tora !». Lorsque les Enfants d’Israël ont commis la faute du veau d’or il leur fallait un commandement réparateur, puisque leur faute équivaut la transgression de toute la Tora il leur fallait un commandement qui allait tout réparer. Cette idée est immense : même si on a tout abîmé, par le Chabat on peut tout réparer ! Rav Korngot (Yismah’ Moché Chémot 35 note 5) rapporte les propos de Rav H’aïm Vital au nom du Ari zal : par le veau d’or les Enfants d’Israël se sont déconnectés de D’IEU, et par le Chabat ils reviennent à leur racine ! C’est-à-dire que par Chabat on recrée connexion avec D’IEU. On revient à la source. Chabat nous apprend qu’il n’y a pas de fatalité, qu’il n’y a pas d’état où tout est compromis, il n’existe pas de situation de non-retour. Les nations ont souvent prétendu que D’IEU a abandonné Israël et a créé des nouvelles nations et de nouvelles lois (malheureusement certains juifs suivent ces voix…). C’est la force du divin que de reconnaître en l’homme un pouvoir sans égale, celui de pouvoir tout réparer. Chabat c’est l’espoir du retour absolu. Chabat c’est le pardon absolu. C’est un blasphème et un mensonge de croire que ce qui est abîmé est irréparable, que ce qui est détruit ne peut être reconstruit. Le sanctuaire est l’expression de cet espoir, effectivement il a déjà été détruit deux fois et nous espérons le troisième Temple, et nous prions tous les jours pour sa reconstruction. Tout aussi bas qu’Israël soit tombé, il s’est toujours relevé. Ceci par l’aide divine qui passe par le commandement du Chabat ! Les pessimistes, et réalistes chroniques, diront : l’homme détruit tout, mais les croyants et adhérents au message de la Tora croient au meilleur, ne sombrent pas dans l’obscurité de leur erreur, et se relèvent grâce à la lumière du Chabat. Le divin marche dans la voie de l’édifice de l’être, D’IEU a créé un monde qui n’est jamais fini, qui se crée en permanence, et qui inscrit l’homme lui-même dans cet édifice du meilleur. C’est bien cela le message du commandement du Chabat : bâtir l’espoir. Chabat est l’espoir. Chabat te demande de mettre de côté tout édifice soit-il afin de bâtir le meilleur de ton être, et ce tout aussi détruit soit-il. Chabat est l’antidote même du désespoir. Alors plutôt que de s’enfoncer dans l’obscurité de ce monde, plonger dans la déprime de la consommation matérielle, laissons-nous bien volontiers aspirer par la lumière du Chabat et sa stricte pratique pour relever la tête et s’envoler vers un divin qui croit en l’homme et l’invite à tout corriger, tout réparer et donc tout savourer dans la plus grande délicatesse de la vie.
Devenir Chabat
Par Rav Menah’em Mendel Poumrantz – Hagada Saphir Véyahalom page 476
Chémot chapitre 31 verset 14 la Tora dit « vous garderez le Chabat, car il est saint pour vous ». Rabi Yaakov Abih’séra explique : la sainteté du Chabat est tellement grande qu’elle vous pénètre. Le Ari zal dit que durant le Chabat l’homme reçoit un surplus de ‘’nefech – rouah’ – néchama’’.
Cette sainteté est un immense mérite pour l’homme, toutefois pour le percevoir l’homme doit se préparer en conséquence. L’homme doit être un réceptacle convenable pour recevoir ce surplus d’âme. On retrouve dans le mot ‘’oneg’’ l’acrostiche de ‘’aliyat néchamot goufot’’ – si l’homme prépare convenablement son corps il accueillera agréablement ce surplus d’âme et sera pénétré de la sainteté du Chabat. C’est ainsi que le Yitav Lev explique les mots du chant ‘’barouh’ kel elyon’’ dans lequel l’auteur dit « kodech hi lah’em chabat hamalka el toh’ batéh’em léhaniah’ bérah’a » – Chabat la reine est sainte pour vous, à l’intérieur de vos demeures réside la bénédiction ; les mots ‘’à l’intérieur de vos demeures’’ indiquent l’intériorité de l’être qui est animé de la sainteté du Chabat. Le Sfat Emet explique ainsi les mots ‘’elle est sainte pour vous’’ – c’est-à-dire la sainteté du Chabat se trouve à l’intérieur de l’être. C’est la raison pour laquelle nos Sages enseignent au traité Ménah’ot 36B que le jour de Chabat nous ne portons pas les téfilin car Chabat est le signe (ote) de notre attachement à D’IEU ! L’âme supplémentaire qui nous habite due à la sainteté du Chabat est le ‘’ote’’ que nous portons.
Pour ce faire, poursuit le Sfat Emet, l’homme doit purifier son corps et son être avant Chabat afin de dévoiler la sainteté céleste qui l’anime et ne laisser aucun écran à cette aspiration. Et, de conclure, c’est par la force de la foi en la sainteté de Chabat qu’on ressent la sainteté de l’âme que nous recevons.
Cela veut dire que D’IEU ne nous demande pas seulement de ‘’faire’’ Chabat ais nous sommes invités à devenir et être le Chabat ! C’est tout simplement fantastique, tout d’abord de savoir que notre potentiel spirituel augmente durant le Chabat, la spiritualité n’est pas statique ! Cette spiritualité nous permet d’être animé intérieurement et profondément du Chabat au point que nous devenions nous même le Chabat !