Eteindre sa cigarette pendant Chabat
Si on se trouve près d’un juif qui fume le jour de Chabat, a- t-on le droit de lui demander d’éteindre sa cigarette ? La question découle du fait qu’éteindre une source de feu est un comportement interdit durant le Chabat.
Rav Yagelnik (Harimou Mih’chol page 310) dit qu’on a le droit de lui demander d’éteindre sa cigarette, effectivement par cela on lui permet d’éviter d’autres multiples interdits, chaque fois qu’il aspire sa cigarette il transgresse Chabat, puisqu’il augmente la source de feu et brûle le papier et les autres éléments contenus dans sa cigarette. Donc par l’interdit d’éteindre il diminue la répétition de l’interdit d’augmenter le feu. Par une faute il en évite plusieurs. Telle est également l’opinion du Gaon Rav Y. Zilberstein (Chabat 120B).
On est malheureusement souvent confronté à des questions de ce genre, proche d’une personne qui transgresse Chabat, on ne peut lui demander de faire des agissements qui vont le conduire à augmenter sa transgression du Chabat. On ne peut se dire : de toute façon il transgresse Chabat, alors un peu plus ou un peu moins…
La quiétude du Chabat – d’après notre Grand Maître Rav Chlomo Wolbe ztsal Béémounato Yih’yé page 46 et 52
Celui qui respecte Chabat selon la Halah’a vit la foi. Lorsqu’on vit le ‘’repos de Chabat’’ ne serait-ce qu’une minute on n’a plus besoin de discours sur la foi, avec Chabat on arrive à toucher le Chabat. Bien évidemment il ne s’agit pas là d’un repos synonyme de sommeil, mais un repos ‘’d’amour, de vérité, de foi, de paix, de tranquillité’’ (prière de Chabat après-midi). Un repos qui conduit ‘’à ce que nous reconnaissions D’IEU, car c’est de Toi que vient leur repos, et à travers leur repos ils sanctifient Ton Nom’’ (ibid.). Ne pas transgresser Chabat ne suffit pas pour atteindre ce repos ultime ! (le respect des transgressions prépare et prédispose l’homme à recevoir et ressentir l’ultime repos). Comment se défini ce repos ? D’IEU a créé le monde en six jours, et se reposa le septième comme il est fait mention dans les Dix Paroles (Chémot 20-11). Que signifie que d’IEU se reposa? Il faut comprendre que la création ‘’béria’’ en hébreu vient du mot ‘’bar’’, et en araméen ce mot veut dire extérieur. La création du monde est pour D’IEU, une sortie à l’extérieur, et le jour de Chabat D’IEU est revenu vers Lui-Même ! Il en résulte que durant le jour de Chabat le monde retrouve sa place authentique et profonde, intérieure. La définition du repos c’est revenir à son intériorité et à sa racine. De la même façon qu’en ce jour de Chabat D’IEU retrouve Sa place ainsi pour l’homme son âme (son être profond et intime) revient à sa place et à sa source profonde là où elle est collée à D’IEU. Respecter le Chabat correctement c’est plonger dans une foi profonde. Les sages enseignent que le commandement du Chabat vaut tous les commandements de la Tora. Le Saba de Kelm disait que chaque instant de Chabat équivaut tous les commandements ! Il vaut le coup de vivre Chabat selon la Halah’a au moins une fois dans sa vie ainsi nous pourrons vivre dans la foi l plus concrète. Chabat c’est l’univers de la Emouna ! La foi c’est prendre conscience que le monde appartient à D’IEU, on se doit de ne rien créer en ce jour, d’où le devoir de respecter les trente-neuf interdits de Chabat.
Chabat, jour de la Néshama
Le Chabat est lié à notre Néchama. Lorsqu’on parle de l’âme, l’homme de notre ère rencontre une certaine hésitation et réticence. Tout d’abord on méconnaît notre âme. C’est pourtant écrit clairement dans la Tora « et D’IEU insuffla en l’homme nichmat h’aïm » (Béréchit 2-7). La néchama n’appartient pas exclusivement à une étude dite de kabala (mystique et ésotérisme), c’est un sujet qui commence dès la naissance de l’être. Tous les matins chaque juif récite la bénédiction de ‘’élokaï néchama’’, nous avons une bénédiction réservée à notre néchama. Dans le Zohar (Vayakel) Chabat est appelé ‘’yoma dénishmata’’ – le jour de la néchama. Je n’ai aucun accès à la profondeur de ces textes, cependant l’idée que cela suscite en moi est qu’en ce jour de Chabat on doit se connecter à notre néchama, apprendre à la connaître, à vivre avec, à la développer, à trouver son sublime, à la savourer. La néchama n’est pas une option de l’être, elle est partie intégrante de notre être, de notre vie. On ne peut l’ignorer ! Rachi commente : D’IEU créa l’homme à partir d’élément ‘’d’en bas’’ et d’éléments ‘’d’en haut’’, le corps vient d’en bas (de la terre) et l’âme vient d’en haut. Il y a quelque chose ‘’d’en haut’’ en nous. La néchama nous permet de s’unir avec le ‘’en haut’’, elle nous tire vers le haut. Si on la laisse en veille alors rien ne se produit. On perd une énergie qui est notre propre moitié. De toute évidence avant de saisir le lien entre Chabat et la néchama nous devons comprendre ce qu’est la néchama. C’est une étude à part entière. Il ne faut pas craindre de traiter de la néchama ne serait-ce qu’au sens premier de ce qu’elle représente et de ses fonctions dans notre vie. La première idée, selon Rachi, de la néchama c’est ce ‘’en haut’’ qu’il nous faut traiter. L’accès de ce ‘’en haut’’ se fait durant le Chabat davantage que les autres jours de la semaine. Qu’est-ce que ce ‘’en haut’’ ? Ce n’est qu’à travers le Chabat qu’on peut le saisir et le goûter. Soit durant Chabat, comme tout ce qui a trait avec la néchama, est ce qui nous sort et détache du ‘’en bas’’, soit le ‘’en haut’’ donne un autre sens au ‘’en bas’’. Peut-être que les deux exercices sont liés, je veux dire on se détache un tant soit peu du monde ‘’d’en bas’’ pour voyager vers celui ‘’d’en haut’’,
pour ensuite rapporter ce ‘’en haut’’ vers le ‘’en bas’’. C’est vivre le ‘’en bas’’ à une dimension plus élevée et rattachée au ‘’en haut’’. Oui il y a un ‘’en haut’’. Notre vie ‘’d’en bas’’ prend un sens plus évolué et plus riche et surtout plus large, moins étriqué. Chabat, à travers ses lois, ses prières, ses repas etc., écrit l’histoire de notre néchama. Chabat c’est la résurrection de notre néchama. Elle est enfouie, étouffée par la vie quotidienne de ‘’l’en bas’’. Notre champ de vision est restreint si on ne regarde la vie uniquement ‘’d’en bas’’. En vérité cela va plus loin, même notre vie ‘’d’en bas’’ ne se développe pas correctement lorsqu’on fait l’économie de notre néchama. ‘’L’en bas’’ est handicapé sans son aspect ‘’d’en haut’’. Le monde ‘’d’en bas’’ est le miroir du monde ‘’d’en haut’’. Plus notre esprit apprendra à connaître le monde ‘’d’en haut’’ plus notre corps le ressentira et donnera un sens plus haut à notre vie tout entière. Sans la néchama le corps est limité, voire inexistant, comme enseignent les sages au traité Nida 31A : lorsque D’IEU retire l’âme du corps alors le corps devient inanimé. La néchama permet au corps d’exister. Elle est la résurrection du corps. Cependant elle nous a été offerte non pas pour qu’on fasse descendre le ‘’en haut’’ vers le ‘’en bas’’, mais plutôt de faire monter le ‘’en bas’’ vers le ‘’en haut’’. Chabat c’est rentrer dans notre intimité la plus profonde et délicate, ce ‘’en haut’’ qui donne un sens à notre existence…