La plus belle façon de faire Chabat
Le Gaon Rav Guershon Edelstein chalita (Darké Hah’izouk Tsibour page 303) nous encourage à une réflexion fondamentale : Il y a deux jours dans la semaine dont nous n’exploitons pas correctement dans notre Service divin : le vendredi et le Chabat ! Ce sont deux jours où l’étude de la Tora n’est pas programmée comme les autres jours de la semaine. Pourtant on peut grandement cultiver ces deux jours à étudier amplement la Tora et c’est bel et bien là un immense mérite. Chacun à son niveau, étudiant du Talmud, la Paracha avec Rachi, lire des Téhilim ; malheureusement les gens dénigrent ces moments ! On ne peut mesurer la grandeur du mérite de bénéficier de ces moments, tel que le Yérouchalmi fin traité Bérah’ot enseigne « Rabi Chimon bar Yoh’aï dit : si tu vois que les gens ne s’adonnent pas à l’étude de la Tora renforce-toi, étudie a Tora et ainsi tu récupères le salaire de tout le monde ! ». Ce sont des moments où naturellement on perd notre temps, celui qui va au-delà du naturel son salaire est immense. On ne peut donc mesurer correctement le salaire de ceux qui se renforcent et étudient la Tora en ces moments.
En chaque saison on peut trouver beaucoup de temps pour découvrir notre Tora et se retrouver au bet Hamidrach autour d’une étude enrichie. Pour ce qui est du vendredi certes entre le travail et les préparatifs du Chabat nous n’avons pas beaucoup de temps, cependant en hiver où le Chabat rentre tôt et qu’on se lève de table à 20h on a largement le temps d’étudier deux à trois heures, plus le samedi soir lorsque Chabat sort tôt on a toute la soirée !
Et, en été, Chabat rentre relativement tard, cependant il sort tard également on a une longue après-midi durant le jour de Chabat où fixer une heure d’étude c’est un minimum…
Le Rav chalita nous rappelle les propos du Grand Maître Rabi Chimon bar Yoh’aï qui nous incite à s’’investir là où peut s’investisse. Il est vrai que l’élan de la société ne voit pas d’un bon eoil celux qui vont étudier la Tora, la société préfère rester à table quatre heures et faire une sieste de quatre heures et ainsi chaque Chabat passe en fumée. C’est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle celui qui va étudier lorsque personne ou peu ne le font, car il doit surmonter ce regard et cette paresse largement
répandue. Là il reçoit un salaire immense et récupère le salaire de ceux qui ne viennent pas étudier la Tora. Nous allons vers l’été, Chabat est long, il dure plus de vingt-cinq heures, on peut s’enrichir d’étude et de mérite. N’hésitez pas à solliciter vos Rabanim, ne les laissez pas tranquille, pour organiser des cours de Tora, c’est bien là la plus belle chose qu’on peut faire pendant Chabat. Au traité Chabat le Yérouchalmi enseigne encore « les jours de Chabat et Yom Tov n’ont été donné à Israël uniquement pour qu’ils étudient la Tora » ! Etudier la Tora c’est la façon la plus noble et la plus authentique de respecter le jour de Chabat. Cela expliquera sans doute la raison pour laquelle on n’a rien le droit de faire Chabat, afin de pouvoir se consacrer, ne serait-ce qu’un jour, à étudier la Tora. Comme le rappelait le Gaon Rabi H’aïm Kanievsky ztsal : étudier la Tora est ce qui apporte à l’homme tous les mérites et toutes les bénédictions. Chabat est bénédiction, étudier la Tora est bénédiction, étudier le jour de Chabat est une multiplication de bénédictions ! Ne laissons pas la bénédiction nous filer entre les doigts…
Chabat – La Foi en D’ieu – D’après Rav Yissah’ar Weisberg (Yoma Dénichmata)
Le Ramban (Chémot 20-8) est d’avis qu’il est un commandement de la Tora de se souvenir du Chabat chaque jour de la semaine, ainsi on se souviendra tous les jours de la création du monde et nous serions à même de remercier que le monde est géré par D’IEU. On pourrait penser que de se souvenir du Chabat tous les jours de la semaine s’inscrit dans la notion de ‘’kavod chabat’’ – c’est un respect dû au Chabat de ne jamais l’oublier. Cependant des propos du Ramban nous apprenons que cela s’inscrit dans le concept de la émouna – croyance en D’IEU. On peut s’interroger : si l’objectif est de se rappeler de D’IEU pourquoi devons- nous passer par le Chabat ? D’autant plus que le verset dit ‘’zah’or et yom hachabat’’ souviens-toi du Chabat, il n’est pas dit ‘’souviens-toi de D’IEU’’ ? Nous voyons d’ici que la foi réelle ne peut passer qu’à travers le Chabat, croire en D’IEU en négligeant le Chabat ce n’est pas une foi totale en D’IEU. Pourquoi ? Les Maîtres nous apprennent que la foi est composée de deux étapes, 1) ‘’émouna baséh’el’’ – la foi intellectuelle, 2) ‘’émouna béh’ouch’’ – la foi ressentie. Il faut penser, réfléchir et étudier la foi mais il faut également la vivre et la ressentir ! C’est ainsi que le Rambam développe l’idée que la réelle foi en D’IEU que nous avons provient de cela que nous avons vu D’IEU qui s’est manifesté au mont Sinaï aux yeux d’Israël. Nous devons voir et vivre avec nos sens la divinité d’Hakadoch Barouh’ Hou, c’est la foi ressentie. Il ne suffit pas de savoir que D’IEU est là, nous devons le vivre ! C’est le sens du commandement de Chabat, l’homme est à même de ressentir concrètement l’authenticité de D’IEU et ce au même titre que ce que nous avons vécu au mont Sinaï. N’oublions pas que la Tora a été donnée le jour de Chabat, de ce fait Chabat contient en lui-même toutes les dimensions du don de la Tora (le jour choisi n’est pas fortuit…). Cette idée expliquera ce que les Maîtres voient en Chabat un témoignage de la présence divine et de sa création du monde ; or, le témoignage ne peut se faire par conviction intellectuelle, le témoignage renferme la notion même d’avoir été présent à un évènement, Chabat c’est vivre la présence divine au point que nous puissions en témoigner.
Sedoua Chélichit – Tiré de Avodat Chabat Kodech de Rav Yoh’anan Rozenberg
Séfat Emet (H’oukat 5634) : D’IEU trouve apaisement de la création le jour de Chabat à travers les enfants d’Israël qui y témoignent qu’IL a créé le monde en six jours, et se reposa le septième. Cet apaisement donne de la vitalité aux autres jours de la semaine. Pour cette raison au moment où Chabat va vers sa fin, l’homme doit désirer D’IEU et Lui demander qu’IL ne s’en aille pas par les occupations des jours profanes qui arrivent ! Quelle idée sublime, D’IEU n’a aucun apaisement des jours de la semaine plongés dans le profane, ce n’est que par le Chabat que D’IEU trouve un sens dans Sa propre création. Avant que Chabat ne sorte on doit demander à D’IEU de nous aider à élargir le Chabat afin qu’il s’étende sur tous les jours de la semaine, ainsi nous vivons tout le temps dans l’apaisement divin. Le Chabat n’est pas détaché de la semaine, bien au contraire il donne du sens à la semaine. Avec Chabat nous devons avoir conscience que nous apportons soulagement à D’IEU. C’est incroyable nous faisons Chabat pour apporter une dimension existentielle à D’IEU. Comment comprendre ce phénomène ? Qu’est-ce que nous pouvons nous humains apporter quelque chose à D’IEU ? Cela dénote en tout cas la puissance et le niveau qui nous animent. D’IEU nous demande de faire Chabat pour Lui ! C’est précisément au moment où Chabat approche de sa sortie, que nous devons exprimer notre prière adressée à D’IEU pour que cette dimension du Chabat ne soit pas perdue par les activités de la semaine. Que les autres jours ne soient pas l’évaporation du Chabat. Que cet apaisement du Chabat apporté à D’IEU nous accompagne toute la semaine durant. Que la semaine qui arrive ne détruise pas cette dimension acquise pendant Chabat. Juste avant la sortie de Chabat nous sentons que nous nous apprêtons à atterrir vers le monde où le sacré a peu de place, et donc où D’IEU occupera moins de place dans notre vie. C’est dramatique d’acquérir une haute dimension et la laisser nous filer entre les doigts sans exprimer notre souhait à ce qu’elle ne nous échappe pas ! C’est cela le sens de Séouda Chélichit, non pas un adieu mais un A D’IEU !