Chabat et Roch Hachana
Nous avons appris que le Chabat témoigne que le monde ne s’est pas créé tout seul, que D’IEU a créé le monde. Le Malbim (Chémot 20-8) soulève alors une très grande question : le croyant n’a pas besoin de preuve, telle que la Tora le décrit à son début c’est D’IEU qui créa le monde, et celui qui ne croit pas que l’oeuvre de la création émane de D’IEU alors le Chabat ne sera pas non plus pour lui une preuve que D’IEU existe ? Pour qui est donc le Chabat, puisque le croyant voit D’IEU durant les six jours de la semaine, chaque jour est pour lui une preuve que D’IEU existe et créa le monde ; et, pour le non croyant qui ne voit pas D’IEU les six jours de la semaine, il ne le verra pas davantage durant le jour de Chabat ?!
Dans les prières de Roch Hachana nous allons rappeler que D’IEU est le maître du monde, nous faisons régner D’IEU dans le monde, ou plus exactement nous allons affirmer et prendre conscience davantage que D’IEU est le roi du monde. Nous allons également rappeler que D’IEU a créé le monde comme nous le proclamons dans la prière qui suit la sonnerie du Chofar ‘’hayom harat olam’’. D’ailleurs le jugement auquel nous allons faire face en ce jour de Roch Hachana dépend et découle de cette foi que nous avons (toute l’année) en un D’IEU unique et créateur du monde. Chabat chaque semaine s’inscrit dans cette foi. Chabat chaque semaine est comme Roch Hachana une fois par an. Posons la question du Malbim donc sur chaque Chabat : le croyant n’a pas besoin de Roch Hachana puisqu’il vit avec D’IEU chaque jour de l’année, et le non croyant ne voit rien d’exceptionnel en ce jour de Roch Hachana, pour lui ce jour est ordinaire un jour comme les autres jours ?!
Soulevons une question fondamentale : faut-il être croyant pour faire Chabat, Roch Hachana et toute la Tora, ou bien c’est par le Chabat, par Roch Hachana et par l’accomplissement de la Tora que nous devenons croyants ?! Certes le point de départ c’est la EMOUNA – la foi, mais celle-ci précède la Tora ou est-elle le produit de la Tora ?
Si on suppose qu’elle est l’introduction à la Tora alors d’où puise-t-on la foi ? Comment apprend-on la foi ? Et si on suppose que la foi est le produit de la Tora quel est donc l’élan qui nous pousse à faire la Tora alors qu’on est inanimé de foi ?
Une partie de la réponse du Malbim veut que lorsqu’on regarde le monde et son contenu on ne peut qu’admettre la création du monde par un créateur qui est au-dessus du monde. Le roi David, et repris par Maïmonide (Rambam Déot), développe dans ses Téhilim que la EMOUNA découle de notre ‘’simple’’ regard de ce qui se passe dans le monde. Il n’est pas nécessaire d’avoir un maître ou de faire un stage pour discerner D’IEU dans le monde. Tel que Rav Chah’ zal s’exclamait : il n’y a que les hébétés qui ne croient pas en
D’IEU. La EMOUNA est synonyme de la vie. Le monde, l’univers appelle à la Foi. Toutes les questions que l’homme peut avoir sur l’existence de D’IEU et son omniprésence, il trouvera réponses en regardant le monde, il suffit d’ouvrir les yeux. La Foi n’est pas le produit d’une étude philosophique, certes elle contient des débats et des réflexions philosophiques, mais elle commence dans notre façon de voir les choses. Je dis bien que la Foi débute en soi, en son for intérieur, de toute évidence elle connaît des niveaux et des étapes qu’il faudra apprendre, mais, encore une fois, la Foi se trouve en nous-mêmes. C’est ce que nos sages nous enseignent à propos de Avraham notre Père qui a découvert D’IEU par lui-même, et, nous sommes tous capables d’y arriver, peut-être pas au niveau de Avraham, quoi que, en tout cas il y a ‘’quelque chose’’ de émounatique en nous. Cela peut s’inscrire dans la thèse de certains Maîtres qui veulent que la foi ne soit pas un commandement de la Tora ! C’est-à-dire qu’on ne peut ordonner sur la foi, alors la foi tu dois l’avoir tout seul sans même la Tora. Tu dois être capable de découvrir D’IEU tout seul. Le Maharal, et d’autres Maîtres, réfutent cette opinion, pour eux la foi est commandement de D’IEU. Alors la question s’impose, comment croire en D’IEU et en faire un commandement avant de croire en D’IEU ? Comment imposer au non croyant la foi ? Il existe plusieurs approches à cette question. L’une d’elles veut que la foi, comme tous les commandements de la Tora, s’inscrivent dans une logique divine dont l’homme ne détient pas les rennes. Que tu crois ou non en D’IEU, IL est là. Que tu le vois ou non, IL s’impose à toi. Et seulement parce que la Tora te l’ordonne et te le demande. En vérité il y a quelque chose de malhonnête chez les non croyants, qui prétextent en tout cas de ne croire qu’en ce qu’ils perçoivent, voient et comprennent. Je dis malhonnête parce qu’aujourd’hui l’homme ne croit même pas en ce qu’il voit et perçoit… La non-croyance en D’IEU n’est même pas synonyme de l’ignorance, personne ne peut prétexter qu’il ne savait pas que D’IEU existe. Il est inutile d’apprendre que D’IEU existe, c’est un fait ! Aujourd’hui le refus de croire en D’IEU découle de la paresse, de l’orgueil et de l’indélicatesse de l’être.
Chabat est une réalité plus que probante, comme dit le Malbim, tu vois bien que depuis des millénaires aucune nouvelle créature ne s’est créée, le monde ne contient rien de plus que ce que D’IEU créa les six jours de la création. Chabat s’impose.
Pareillement pour Roch Hachana, qui renferme l’origine de la création donc du créateur. Ainsi nos Sages nous enseignent « kol baé ôlam ovrim léfanav » – tous ceux qui se trouvent dans ce monde passent devant D’IEU. Roch Hachana n’est pas réservé aux juifs, au peuple d’Israël, c’est une réalité du monde, un fait, comme le soleil se lève tous les matins etc.
Le soir de Roch Hachana nous débutons le repas de fête en consommant des aliments et récitons à travers eux des prières. Incroyable, c’est ainsi que nous exprimons notre foi. On prend de la pomme, du miel, de la grenade, des dattes, de la courge etc. et y voyons D’IEU, nous parlons à D’IEU dans notre assiette. Le juif ne s’adresse pas à D’IEU qu’à la synagogue, ou seulement lorsqu’il rencontre des tourments dans sa vie. Le juif ouvre son premier repas de l’année en parlant à D’IEU dans ce qu’il mange. Pareillement pour Chabat, on exprime notre foi, certes en se rendant à la synagogue, en priant, étudiant, lisant la Tora, mais on va débuter par une prière sur le vin – le kidouch, puis le pain – les h’alotes, et en se délectant des bons mets du Chabat (couscous, pqaïla, dafina, tchouktchouka, etc.). Le juif exprime sa foi dans tout ce qu’il fait dans sa vie et même de plus élémentaire : dans son repas.
Apprendre à voir D’IEU de partout, parce qu’il est de partout c’est ce que nous exprimons chaque Chabat et durant la fêt de Roch hachana. La nouvelle année arrive, et nous l’ouvrons avec cette foi convaincue et vécue de l’omniprésence de D’IEU.