Kidouch et H’alote

Il y a une différence fondamentale entre celui qui laisse le Chabat passer sur lui et celui qui vit le Chabat pleinement, le second est lui-même Chabat, écrit Rav Avigdor Miller zal (Or Olam 1 page 102).

Il y a deux façons de faire Chabat : passive et active. Il y a celui qui fait Chabat par devoir (ce qui est pas mal en soi certes), il subit le Chabat. Et il y a celui qui fait le Chabat, il profite de chaque instant du Chabat pour s’élever et pénétrer la profondeur du Chabat. Ce n’est que dans le deuxième aspect qu’il verra le Chabat opérer sur lui une dimension plus forte et s’élèvera pleinement.

Qu’est-ce que le Chabat nous livre comme valeurs ? Le Rav poursuit et développe deux pôles fondamentaux : Bitah’on et Kidouch.

Bitah’on. La croyance en D’IEU. Pour chaque repas de Chabat nous prenons deux Pains. Pourquoi deux ? Lorsque nos ancêtres étaient dans le désert ils consommaient la manne qu’ils devaient cueillir chaque jour, et le vendredi ils cueillaient double part. Le Chabat il était interdit d’aller ramasser de la manne donc le vendredi ils ramassaient une part pour Chabat. Durant quarante années ce miracle de la manne se reproduisait chaque jour pour des millions de personnes. C’est ce que représentent les deux Pains. La manne prouve que D’IEU donne la nourriture et la subsistance matérielle à chacun. Le jour de Chabat nous ne travaillons pas et sommes confiants que notre parnassa nous vient de D’IEU. Comme nous disons dans le Birkat Hamazon ‘’noten leh’em leh’ol basar’’ – D’IEU donne le pain à tout être. Chabat est le jour du Bitah’on. En ce jour on peut constater et se renforcer que tout ce que nous avons est un cadeau de D’IEU. Chabat nous vivons sur la manne. C’est par le biais de ce Bitah’on que nous augmentons le potentiel de notre âme, comme disent nos Sages : le Chabat nous avons une âme supplémentaire.

Kidouch. Le Kidouch récité le vendredi soir nous livre deux fondements : ‘’zeh’er lémaasé béréchit’’ – le monde a été créé ex-nihilo. Dans chaque élément de la matière D’IEU a enfoui une énergie. Chabat c’est également ‘’zeh’er litsiat mitsraïm’’ – en rappel de la sortie d’Egypte, cet évènement a imprimé la notion de sainteté à l’intérieur du peuple juif. Le juif a atteint le niveau des anges. Comme il est dit au moment du don de la Tora ‘’goy kadoch’’ (Chémot 19-6).

Lorsqu’on fait pleinement Chabat et dans toute sa profondeur on distingue la profondeur d’être qui nous anime. Cette profondeur nous rappelle que notre judaïsme dépasse la pratique d’un simple culte, que notre vie est riche et qu’elle peut être vécue à une dimension sublime. Chabat nous donne la pleine dimension du judaïsme. Le Kidouch et les deux Pains si délicieux nous rappellent que notre vie est elle-même le Kidouch et les deux Pains. Ce culte devient notre vie.

Chabat, la liberté de l’existence

Les Sages nous enseignent que celui qui fait Chabat avec délice D’IEU lui accorde une part sans limite (Chabat 118A). Rav Sheh’ter (Tosefet Chabat page 560) rapporte : Les maîtres expliquent que cette promesse est dite à propos de celui qui fait rentrer Chabat plus tôt – ‘’tossefet chabat’’ (Attention on ne peut pas faire rentrer Chabat avant le ‘’plag’’…). Etant donné qu’il élargit le temps de Chabat alors D’IEU élargira sa part, ceci répond au principe de ‘’mesure pour mesure’’ explique le Ben Ich H’aï. Il bénéficiera donc d’une bénédiction illimitée, note le Leh’em Rav. Le Rabi de Belz constate que celui qui fait rentrer Chabat plus tôt freine la profanation du Chabat. Le Chalmé Toda dit qu’à travers cela nous pouvons comprendre l’enseignement du Midrach « D’IEU a dit à Avraham si tes enfants respectent le Chabat ils entreront en Erets >Israël, s’ils ne font pas Chabat ils n’entreront pas en Erets Israël ! ». Lorsqu’on élargit le temps du Chabat en le faisant rentrer plus tôt on élargit l’espace.

Il y a une remarque intéressante enfouie dans cette idée. La promesse énoncée ici est dite à propos de celui qui fait Chabat avec délice. Pour ces Maîtres il s’agit de celui qui ne tarde pas à faire rentrer Chabat plus tôt, donc : le délice du Chabat s’exprime par l’horaire à laquelle on fait rentrer Chabat. Celui qui tarde à faire rentrer Chabat c’est preuve que pour lui Chabat n’est pas délicieux. Lorsqu’on vit un évènement avec délice on s’empresse de le faire.

Mais il y a encore un point génial dans ce commentaire. Tous ces Maîtres expliquent que l’élargissement de la part de l’homme, qui se joue dans de nombreux domaines, dépend du temps. Cela veut dire que le temps agit sur l’espace et plus particulièrement sur la Terre d’Israël. Lorsqu’on fait rentrer Chabat plus tôt, on rajoute du temps au Chabat, alors on a une vision plus large de notre espace et de toute notre existence. Si on traîne à faire les choses c’est que nous les vivons comme des activités stressantes et étriquâtes. On est dans une dimension astreignante et donc emprisonnant. Elargir le temps d’une activité et particulièrement pour ce qui est du Chabat témoigne que nous vivons Chabat comme une liberté, ou quelque chose qui nous libère. Là on trouve de la place de partout. Faire rentrer Chabat plus tôt c’est véhiculer librement dans le monde et dans notre vie. Plus rien n’est contraignant puisqu’on s’abandonne à la liberté. Celui qui pense manquer de temps n’aura jamais le temps mais celui qui prend le temps aura du temps, de l’espace etc. Cet élargissement de l’espace promis par les sages touche également la Terre d’Israël. C’est bien une valeur très large qu’on ne peut en traiter en quelques lignes (!) mais qui renferme cette liberté de l’être qui ne passe uniquement par le Chabat. Si Erets Israël ne supporte pas ceux qui ne pratiquent pas la Tora comme la Tora le note des dizaines de fois (!), c’est en particulier le Chabat non respecté qui insupporte la Terre d’Israël. Liberté de l’être où l’homme trouve le temps et l’espace d’exister pour une existence digne de ce nom. Erets Israël contient tellement de bénédictions, comme nous le dit la Tora des dizaines de fois (!), et comme l’histoire nous la prouver et ne cesse de nous le prouver, celles-ci passent par le Chabat qui est l’élargissement de l’être, du temps, de l’espace et de tout. Faire Chabat c’est vivre dans un monde qui a tant à nous offrir, c’est exploiter la richesse de la vie, celle que D’IEU attend tant de nous offrir.

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