Partenaire du Chabat

Dans Chémot 31-16 la Tora « les Enfants d’Israël garderont le Chabat, pour faire le Chabat ». Que veut dire ‘’faire le Chabat’’ ? On ne fait pas le Chabat, on le pratique. Le Or Hah’aïm (dont la date de son décès tombe cette année vendredi 25 juin – 15 tamouz), cite le Midrach : le Chabat a dit à D’IEU : tu as donné un conjoint à tous les éléments de la création, le dimanche va avec le lundi, le mardi avec le mercredi et le jeudi avec le vendredi, et moi tu ne m’as pas donné de conjoint ! D’IEU lui a répondu : je t’ai donné les Enfants d’Israël, ils sont eux ton conjoint ! Le Chabat était amputé, il lui manquait un élément majeur pour être parfait : un partenaire. Le Chabat atteint la perfection par Israël. C’est le sens du verbe choisi dans notre verset, Israël FAIT le Chabat et lui donne toute sa dimension.

On peut dire que Chabat est imparfait, c’est Israël qui donne au Chabat toute sa dimension. Sommes-nous là pour profiter du Chabat ou pour créer cette valeur. Chabat est une valeur infinie et indéfinie. Israël qui fait Chabat donne au Chabat le moyen d’être pleinement Chabat ! Ce n’est pas le Chabat qui nous apporte quelque chose, c’est nous qui faisons exister le Chabat. Plus précisément encore : Chabat t’offre ses saveurs si tu lui en donnes les moyens. On fait le Chabat puis à son tour le Chabat se déverse sur nous.

Rav Eliyahou Shlezinger (Yom Chabaton 2 page 675) comprend des propos du Or Hah’aïm que le Chabat est en potentiel tant qu’on ne le fait pas, la lumière, la sainteté et la bénédiction du Chabat

ne peuvent être mis en oeuvre par le Chabat lui-même, lorsque nous faisons le Chabat nous activons le Chabat !

Il y a dans ce Midrach et son idée une réflexion majeure pour l’homme moderne, qui refuse de faire Chabat parce qu’il n’a pas intégré la notion de ‘’ben zoug’’ de conjoint et partenaire. Faire Chabat c’est épouser le Chabat et le faire exister pleinement pour ainsi jouir pleinement de ce qu’il a à nous offrir. L’homme moderne refuse tout conjoint, ou pire encore se trompe de conjoint. L’homme pense qu’il se suffit à lui-même et est à même de développer totalement son potentiel. Il ne veut pas ‘’épouser’’ l’autre. L’autre pour soi même ou l’autre pour lui-même. Chabat est le reflet du concept ‘’ben zoug’’. L’homme refuse d’apporter quelque chose à l’autre de la même manière qu’il refuse de recevoir quelque chose de l’autre. Faire Chabat c’est comprendre que sans l’autre on n’atteint pas la perfection, on reste en potentiel et que nous ne réalisons rien d’admirable dans ce monde et dans notre vie. Faire Chabat c’est être le partenaire du Chabat pour offrir au Chabat toute sa dimension, tout sa saveur, et en profiter en retour. On ne veut rien offrir parce que ne veut pas être dépendant de ce que les autres ont à nous offrir. On vit dans une fierté chronique au prix d’n être soi même le perdant. Chabat c’est comprendre que tu ne peux être toi seulement si tu aides l’autre à être lui-même. Chabat dépend de nous autant que chaque conjoint dépend de son partenaire…

Chabat, notre médaillon

Rav Avigdor Miller zal (Or Olam 1) s’exclame : Les nations n’ont pas le droit de faire Chabat !, enseignent les Maîtres au traité Sanhédrin58B. Pourquoi ? Chabat est une médaille qui nous a été octroyé par le Roi du monde. Chabat confirme et renforce notre foi en D’IEU et nous permet d’acquérir des vertus. La famille se réunie, on parle avec nos enfants et leur enseigne la voie de la vie, on assure l’échange d’entre les générations. Chabat on se rend à a synagogue, on prie, on écoute les discours, on s’engage à faire des dons. Sans le Chabat notre communauté ne se construit pas et perd toutes ses valeurs. Chabat est le seul jour où certains peuvent se consacrer à l’étude de la Tora, comme dit le chant de Chabat ‘’connaissance et conscience à ton être, elle est ta couronne, lorsque tu garderas le saint Chabat’’. Lorsque l’homme est en mode repos il a le pouvoir de rentrer dans les profondeurs du monde et de la vie et renforcer son lien avec D’IEU. Chabat est l’univers de la réflexion. Toutes ces perles et bien plus encore nous proviennent du Chabat. On ne peut être qu’émerveillé de tout ce que le Chabat est à même de nous offrir ! Chabat est la source de bénédiction. Chabat est notre médaille dans ce monde et bien plus encore dans le monde à venir. Nous ne sommes pas à même de saisir le bonheur infini que le Chabat nous délivre. Chabat commence le vendredi lorsque nous nous y préparons. Le talmud au traité Chabat 33b raconte que lorsque Rabi Chimon Bar Yoh’aï est sorti définitivement de la grotte ils rencontrent un homme qui court avec deux branches de myrte. Ils le questionnent, et l’homme leur explique que c’est vendredi veille de Chabat et il a deux branches l’une pour ‘’zah’or’’ et l’autre pour ‘’chamor’’ (les deux verbes exprimant le Chabat employés dna sla Tora). Alors Rabi Chimon et son fils sont apaisés et impressionnés de ce comportement. C’est ainsi qu’on se prépare au Chabat, en le vivant tel un bouquet de fleur, telle une médaille (quelque chose qui nous élance et nous exalte grandement).

Est-il possible de croire en D’IEU sans faire Chabat ?

Rambam écrit dans son Guide des Egarés (2-31) que le Chabat occupe la troisième place des commandements et des valeurs du judaïsme. Le premier commandement est la foi en l’existence de D’IEU, la deuxième place est la foi en un D’IEU unique, et enfin pour la troisième place c’est le commandement du Chabat !

Un enfant dès son plus jeune âge sait et peut comprendre désormais l’importance de la pratique du Chabat !

Une question persiste cependant : pourquoi nous est-il interdit d’effectuer un quelconque travail le jour de Chabat ? (comme disent les ignorants : je ne fais pas Chabat mais je crois en D’IEU !…). Nous voyons bien que le concept repos n’exige pas d’interdire de réaliser une oeuvre, les nations ont imposé un jour de repos mais n’ont pas imprimé ce repos par l’abstention de faire quoi que ce soit ? Pourquoi notre foi en D’IEU passe par les trente-neuf interdits du Chabat ?

Rav Estreicher (Daat Outevouna feuillet n° 33) note la réflexion comme suit : le commandement du Chabat figure dans les Tables contenant les Dix Commandements. Dans le Livre de Chémot les Dix Commandements présentent le Chabat comme étant le devoir de se souvenir de la création du monde, et dans le Livre de Dévarim elles présentent le Chabat comme étant le devoir de se souvenir de la sortie d’Egypte. De ce fait, la création du monde note la mise en avant de D’IEU alors que la sortie d’Egypte met Israël en avant (certes c’est D’IEU qui a opéré la sortie d’Egypte mais nous étions au coeur de cet évènement à la différence de la création du monde…). Chabat contient ce double aspect : la place de D’IEU dans le monde ET la place de l’homme d’Israël dans le monde. Dans Chémot la Tora note la perception divine du Chabat, dans Dévarim elle note la participation de l’homme au Chabat et tout son programme. D’IEU et l’Homme sont unis pour faire Chabat et donner un sens unique et existentiel au Chabat et à la vie. Faire Chabat c’est s’unir à D’IEU et confirmer notre droit à l’existence sur terre…

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