Les Lumières de Chabat
La Tora nous dit « et D’IEU bénit le septième jour » (Béréchit 2-3). Le jour de Chabat est béni par D’IEU. En quoi consiste cette bénédiction ? Que veut dire que le Chabat est béni ?
Le Midrach (Béréchit Raba chapitre 11-2) soulève cette question et répond : Rabi Elazar dit, D’IEU a béni le Chabat par la lumière ! Et, poursuit le Maître, il m’est arrivé d’allumer les lumières du Chabatt et elles sont restées allumées depuis le vendredi jusqu’après la sortie de Chabat et l’huile ne se consuma point.
Le Ets Yosef explique : nous avons souvent trouvés que les Grands hommes connurent un miracle à propos des lumières de Chabat !
Nous n’avons aucun accès à cet enseignement, quel est l’intérêt que les lumières restent allumer tout le Chabat ? Quel est l’enjeu voire la nécessité de ce miracle ? La bénédiction est traduite par le miracle lié aux lumières du Chabat. La bénédiction se traduit par la multiplication infinie et surnaturelle de l’élément naturel. Avons-nous accès à cette bénédiction ? Pouvons-nous l’activer ?
Rabénou Béh’ayé (Chémot 19-3) écrit : il convient qu’au moment où la femme allume les lumières de Chabat, elle prie à D’IEU qu’IL lui donne des Enfants qui éclairent de Tora. La prière est entendue au moment où l’on réalise un commandement, et par le mérite de l’allumage des lumières de Chabat elle aura des enfants animés de Tora, dont la Tora est lumière ! Selon cet enseignement la lumière de Chabat va se retranscrire dans les enfants ! Et, pour que cette lumière soit ressentie chez les enfants il faut que la mère prie au moment de l’allumage. Allumer les lumières de Chabat doit donner un élan à la mère de prier pour sa descendance. Sa prière sera que la bénédiction du Chabat, donc le miracle, le surnaturel, s’inscrive dans ses enfants.
Notons encore que Rabi Tsadok Hacohen de Lublin (Péri Tsadik note 9) écrit : dans les lumières de Chabat se trouve une sainteté semblable à celle du chandelier dans le Sanctuaire ! Cela veut dire que la femme qui allume les lumières de Chabat c’est comme si elle se tenait dans le Sanctuaire face au chandelier et allume la lumière sacrée. C’est peut-être également le sens de notre verset qui dit également que D’IEU sanctifia le septième jour, le Chabat.
Bénédiction et sainteté se trouvent dans les lumières de Chabat. Ils contiennent l’infini et le surnaturel, le miracle dans tous ses aspects. Ce ressenti se fait par la femme si elle a en conscience d’allumer le chandelier. Les lumières de Chabat c’est le chandelier du monde. Les premiers qui en bénéficient c’est sa propre descendance, cela veut dire que la femme qui s’investi dans ces belles lumières de Chabat 1) aura des enfants, 2) pour lesquels elle prie qu’ils soient animés grandement de la lumière de la Tora et en éclairent Israël.
Le Délice du Chabat
inspiré d’un chiour du Tsadik Rav Eliyahou Weintraub ztsal (tiré du feuillet Nafcho Géh’alim Télahet n° 315)
Nous savons que l’homme contient en lui, en filigrane, tous les éléments de la création et leur énergie, aussi bien matérielles que spirituelles. Pour que cela ait un sens et une conséquence il faut que l’âme domine le corps, parce que si le corps l’emporte alors l’âme reste enfouie et ne peut pas exprimer toutes ces potentialités.
Au traité sanhédrin 97 le talmud nous enseigne que le monde matériel dure six mille ans, et le septième millénaire est le monde à venir. Le monde présent est matière, l’enjeu de l’homme est d’avoir un rapport correct d’avec la matière, alors que le monde à venir ne connaît rien de matière.
Le Ramban explique que les six jours de la semaine représentent les six millénaires du monde matériel, et le Chabat est tel le septième millénaire. Les six jours de la création contiennent en potentiel l’histoire des six mille ans de ce monde. Chabat est un soixantième du olam haba (Bérah’ot 57B). Notre semaine est donc composée de six jours liés à la matière et du jour du Chabat qui est olam haba. Les interdits liés au Chabat disent que le corps n’y est plus invité, à tel point que durant le jour de Chabat l’homme est animé d’une deuxième âme ! (Bétsa 16A). Lorsque le corps est en veille alors l’esprit se développe, le non-travail met le corps en marge de l’être et permet à l’être de surdévelopper son esprit, cet esprit qui le relie davantage à D’IEU et lui permet de le connaître davantage.
Le vrai plaisir ne se trouve seulement là où l’homme découvre quelque chose de nouveau. Lorsque l’homme se trouve au-dessus des éléments matériels qui sont limités et le limitent, il trouve un plaisir nouveau puisqu’il peut s’élancer vers des choses spirituelles et donc illimitées, là il trouvera sans cesse des dimensions nouvelles et son plaisir ressenti s’amplifiera. C’est durant le jour de Chabat que s’ouvre à l’homme cette perspective de développer l’infini, le renouveau donc le plaisir. Chabat libère l’âme de son enfermement matériel et lui permet de s’envoler et s’élever vers la découverte de l’infini, donc du délice. En somme à travers e Chabat on libère notre intériorité et on lui permet de se développer. Le travail matériel de la semaine ne nous laisse pas la possibilité de nous introduire en nous-mêmes. Durant le Chabat l’esprit, le daat, de l’homme n’est plus en conflit d’entre le bien et le mal, il se trouve dans un univers où seul le bien réside et là il peut accéder au monde absolu du délice.
Respecter Chabat
D’après Rav Moché Rozenstein ztsal (Ahavat Mécharim volume II chapitre 60)
A plusieurs reprises la Tora nous dit que lorsque D’IEU acheva l’oeuvre de la création il déclara le jour de Chabat ! (Béréchit 2-1,2. Chémot 20-10,11). Cela rejoint l’idée de Rav Ah’aï Gaon : Chabat est telle la fête qu’on fait lorsqu’on inaugure une nouvelle demeure. Chabat fête l’achèvement de la création du monde. Par conséquent faire Chabat c’est respecter l’oeuvre de la création du monde. Celui qui a un peu de respect pour le monde dans lequel il se trouve ne peut que faire Chabat. La reconnaissance de la valeur du monde c’est Chabat. Chabat c’est la fête du monde. Celui qui ne fait pas Chabat exprime que le monde n’a aucune valeur, c’est comme s’il se trouvait dans un monde qui n’existe pas puisque pour lui le monde n’a pas de valeur.
Les Maîtres nous enseignent dans Pirké Avot 4-11 : l’être digne de respect est celui qui donne du respect. L’homme n’obtient le respect qui lui est dû uniquement s’il sait donner du respect aux autres. Celui qui fait Chabat respecte le monde dans lequel il se trouve, à son tour il sera respecté. Le respect qu’on reçoit est celui qu’on offre.
Ce qui est encore plus fort à noter est que dans les prières du Chabat nous disons que Chabat est ‘’tah’lite maâssé chamaîm vaarets’’ – l’objectif de la création. Donc, le respect que l’on donne n’est pas une option de la vie, quelque chose qui se rajoute à la vie, mais le respect est le sens même de la vie. Le respect consiste à reconnaître les éléments qui nous entoure leur juste dimension. Le Chabat donne un sens au monde et le respect qu’on témoigne au Chabat donne un sens au Chabat, donc tout dépend du respect qu’on ressent envers le Chabat. Ce respect passe par notre pratique du Chabat.