Chaussures de Chabat

Lorsque la guerre éclata et que le H’atam Sofer du fuir la ville avec toute sa famille ne pouvant prendre seulement quelques affaires, il s’efforça durant son exil d’acheter des habits de Chabat pour lui et ses proches. Malgré les difficultés et les besoins primordiaux il ne manqua pas de respecter grandement Chabat et se soucia de la façon dont il se vêtirait le jour de Chabat.

Les Décisionnaires rappellent que tous les habits doivent être réservés au Chabat et même les chaussures ! Ils discutent de savoir si le statut des chaussures est une obligation où un comportement de piété et sévérité, mais tous sont d’accord qu’il convient d’avoir des chaussures spéciales pour Chabat !

Le respect du Chabat, sa sainteté, sa saveur doit traverser tout le corps humain. Rien ne doit être synonyme de ce que nous faisons les six autres jours de la semaine. Rien de profane ne doit nous habiller.

Les Cohanim ne portaient pas de chaussure au Temple. Les commentateurs expliquent que la chaussure est l’élément qui nous rattache à la terre donc à la matérialité, ceci n’est pas digne des Cohanim lorsqu’ils se retrouvent au Service de D’IEU au sanctuaire. Chabat c’est l’opposé, il faut avoir des chaussures et plus belles que celles de la semaine, apprendre à se relier à la matière d’un niveau supérieur que celui de la semaine !

Chabat, vie monotone ou pétillante

Dans le Livre de Chémot la Tora nous dit « les Enfants d’Israël garderont le Chabat, pour faire le Chabat » (31-16).

Les questions sur cette phrase sont au moins au nombre de trois, tel que les formule Rav Eliyahou Chlezinger (Yom Chabaton volume II page 674) :

1) Le verbe faire ‘’laâsot » en hébreu sous-entend que l’homme est actif or Chabat se joue essentiellement dans ce que nous ne faisons pas, l’homme est plutôt passif le jour de Chabat ?

2) Le verbe faire ‘’laâsot’’ en hébreu renferme le concept de créer or nous ne créons rien lorsque nous pratiquons le Chabat ? La sainteté du Chabat est indépendante de l’homme !

3) Comment se traduit concrètement ce ‘’faire le Chabat’’, qu’est-ce que l’homme a à faire pour réaliser le Chabat ?

Dans la Méh’ilta il est rapporté l’enseignement de Rabi Elazar ben Parta qui dit « toute personne qui garde la Chabat c’est comme s’il avait fabriqué le Chabat ».

Le Malbim explique : lorsque D’IEU a créé le monde il a instauré deux façons de le gérer : 1) la façon dite ‘’hanhaga tivit’’, allant selon les lois de la nature que D’IEU lui-même a installé, 2) la façon dite ‘’hanhaga hachgah’it’’, tout ce qui se passe dans le monde dépend de l’action de l’homme, positive ou négative. Faire le Chabat c’est choisir cette deuxième voie, celle-ci est supérieure à la première. Plutôt que de vivre dans un monde sans surprise, sans défi, sans aventure etc., l’homme à travers le Chabat bénéficie d’un droit d’action et d’intervention de ce qui se trame dans le monde, mais sans le Chabat il est passif et assisté, complètement soumis aux lois de la nature exactement comme toutes les autres créatures. Cette vision du monde est plus responsabilisante mais plus alléchante aussi. Tellement incroyable de pouvoir constater qu’on a la possibilité d’intervenir dans le monde divin plutôt que de le subir. Certes il y a le danger de l’abîmer mais il y a le pouvoir de l’améliorer et le parfaire. Alors que sans cela l’homme mène une vie plate, sans intérêt, aujourd’hui il est là et demain il disparaît. Sans Chabat la vie est monotone, Chabat c’est sortir de cette monotonie chronique de la vie. La vie devient pétillante !

La bénédiction illimitée du Chabat

Le Gaon Rav Yitsh’ak Zilberstein instaura depuis quelques années que tous les habitants de son quartier Ramat Elh’anan se devaient de faire rentrer Chabat plus tôt que l’horaire prévue ! Au terme d’une année où tous avaient suivi cet élan, il invita Rav Shteinman ztsal pour une grande soirée de renforcement autour du Chabat. Rav Shteinman tenu un discours, en voilà un extrait (rapporté dans Chabat Bésimh’a page 331) : Je suis ému de participer à cette manifestation, j’ai entendu que depuis un an tous les habitants de Ramat Elh’anan font rentrer Chabat dix minutes plus tôt, ceci s’inscrit dans le respect du Chabat, le Chabat lui-même béni celui qui le respecte ; Au traité Chabat 119A le talmud rapporte que Rabi questionna Rabi Yichmaël Bérabi Yossi : par quel mérite les riches d’Erets Israël sont-ils devenus riches ? Il lui répondit : parce qu’ils prélèvent dix pour cent de leur bien en faveur de la tsédaka. Et, ceux de Babel quel est leur mérite ? Parce qu’ils honorent la Tora. Et ceux des autres pays quel est leur mérite ? Parce qu’ils honorent le Chabat ! ce texte nous enseigne que la richesse nécessite un mérite particulier. Les endroits comme Erets Israël et Babel (du temps du talmud) sont des endroits où il y a des Maîtres de Tora et des lieux d’étude, leur mérite est le respect qu’ils témoignent à la Tora et aux Maîtres. Là où il n’y a pas de Tora c’est le respect du Chabat qui est un mérite notoire. La Guémara raconte : Rabi H’iya bar Aba était invité un Chabat chez un homme extrêmement riche, il mangeait notamment sur une table en or qui nécessitait seize personnes pour la soulever, le Maître lui demanda par quel mérite était-il en arrivait là ? L’homme répondit : je suis boucher et chaque beau morceau de viande je le garde pour Chabat (alors qu’il aurait pu le vendre et récolter son prix). Le Rav lui dit : tu es heureux d’avoir eu ce mérite et bénit soit D’IEU qui t’a tant récompensé. Nous constatons l’immense mérite de faire Chabat avec tant d’honneur, ceci amène la richesse. Il existe encore de grandes mitsvot dans la Tora mais seul le Chabat connaît cette récompense ! La richesse promise pour celui qui respecte grandement le Chabat ne lui ôte rien de son salaire dans le monde à venir.

Le Hafets H’aïm rapporte au nom d’un Grand maître : celui qui a commis des fautes graves dans sa vie devra passer dans la géhenne, cependant la géhenne chôme le Chabat, les impies en sont épargnés durant le jour de Chabat, le temps de dispense de la géhenne dépend de l’heure où on a fait rentrer Chabat ! Le Hafets H’aïm rapporte encore, dans le ciel on tient compte également de tout le temps qu’il a passé pour préparer Chabat, tout ce temps lui sera réduit du temps qu’il aurait dû rester dans la géhenne. Là aussi cette promesse de réduction du temps à passer dans la géhenne n’est dit qu’à propos du Chabat !

Chabat promet ici deux choses : 1) la richesse, 2) la dispense de la géhenne !

Si nous savons ce qu’est la richesse nous sommes un peu moins sensible à ce que représente la géhenne. Toujours est-il que Chabat promet bénédiction dans ce monde ci et épargne le châtiment du monde à venir. C’est l’expression de la bénédiction illimitée due au respect du Chabat. Celle-ci est extrême dans ce monde ci et s’étend jusqu’au futur dans le monde à venir. C’est inouï. Prenons conscience de cette immensité du Chabat pour pratiquer Chabat le plus grandement et largement, ainsi nous bénéficierons de toutes les bénédictions que D’IEU octroie à ceux qui respectent le Chabat.

Qui ne veut pas être riche ?!

Qui veut prendre le risque de passer par les punitions de la géhenne ?!

Qui ne rêve pas d’un avenir meilleur, sans limite, à l’infini ?!

Une réponse, un mot :

CHABAT !!!! CHABAT !!!! CHABAT !!!! CHABAT !!!!

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