Comment Séduire D’IEU ?!

Le Midrach Chémot Raba 25-12 nous livre un enseignement d’une extrême puissance : Lorsque l’homme garde le Chabat, D’IEU réalisera ce que cet homme décrètera !!! Effectivement dans la prophétie de Yéchaya (58-13) le prophète nous encourage à respecter Chabat jusqu’à s’en délecter ‘’az titanag âl hachem’’, on retrouve ce verbe dans les Psaumes (Téhilim 37-4) où le roi David annonce ‘’délecte toi sur d’IEU et IL te donnera toutes les requêtes de ton coeur’’ ! Il est clair de ce Midrach que le Chabat est source de réalisation des souhaits de l’homme lorsque celui-ci vie le Chabat à la dimension de ‘’oneg’’ – délice. Le Matnot Kéhouna explique : celui qui se délecte du Chabat est tel un fils qui montre à son père que sa compagnie lui est agréable, alors le père réalise les voeux de son enfant.

Le Eched Hanéh’alim note même que lorsque l’homme atteint cette dimension alors D’IEU n’a d’autre choix que de réaliser les décrets de l’homme ! La réalisation du Chabat, à cette dimension prodigieuse : savourer Chabat à l’extrême, met D’IEU dans une situation où, si l’on peut ainsi dire, D’IEU est séduit par le Chabat de la personne c’est alors que D’IEU répond à toutes ses demandes ! Cela dépeint la puissance que l’homme possède, et la grandeur d’âme qui anime l’homme, que D’IEU a offerte à l’homme : imposer à D’IEU d’agir d’une certaine façon, celle souhaitée par l’homme. Cela veut dire encore ; lorsque les Maîtres nous enseignent que Chabat est source de bénédiction, ‘’mékor habérah’a’’, tel que nous le disons dans le Léh’a Dodi chanté tous les vendredi soir, c’est non seulement qu’avec le Chabat l’homme obtient la faculté de pouvoir percevoir la bénédiction divine, c’est bien plus que cela, c’est que l’homme devient créateur de bénédiction, il définit lui-même la bénédiction qu’il désire ! Avec Chabat l’homme écrit son histoire et détient le moyen d’obtenir l’histoire qu’il a écrite.

Chabat c’est le moyen et le contenu de la bénédiction ! Le Chabat permet à l’homme de dicter à D’IEU ce qu’IL doit lui donner. Certes ce pouvoir nous est octroyé par D’IEU, telle est la volonté divine d’offrir à l’homme ce pouvoir extrême. La relation qui se joue entre D’IEU et l’homme lorsque celui-ci vie Chabat tel un vrai délice fait que D’IEU pénètre cette intimité de l’être et en fait partie intégrante jusqu’à répondre aux décrets de l’être. C’est le paroxysme de l’amour.

Où ai-je la Tête ?!

Rabi Avraham Even Ezra (Chémot II-8) définit la bénédiction du Chabat comme étant le jour où l’on bénéficie d’une âme supplémentaire afin d’augmenter nos capacités intellectuelles et avoir plus de sagesse ‘’h’oh’ma’’ que les autres jours de la semaine ! Il écrit encore, en ce jour de Chabat il convient à l’homme de s’isoler pour la Gloire de D’IEU, abandonner ses préoccupations matérielles, Israël avaient autrefois l’habitude de se rapprocher des prophètes durant le Chabat ! Le Ramban va également dans ce sens et écrit : le jour de Chabat il faut se joindre aux H’ah’amim (les Sages et Maîtres) de la Tora afin d’entendre la Parole de D’IEU.

L’homme se distingue par sa faculté intellectuelle, il est d’évidence que durant la semaine l’homme n’a pas le temps et n’a peut-être même pas la tête (!), vu ses différentes occupations, à s’investir dans ce domaine. Chabat c’est le jour où on doit investir notre esprit, le forger, le remplir de sagesse etc. Tout cela est possible uniquement si on laisse de côté, ne serait-ce que vingt-quatre heures, nos affaires matérielles et professionnelles sur la marge.

Cette extension de l’intellect se fait tout d’abord par le temps qu’on s’y consacre et par la disponibilité de notre esprit. Cependant la condition sine qua non pour atteindre cet objectif n’est autre que d’aller fréquenter les Maîtres de la Tora. Chabat est le jour où on est disponible et disposé à se joindre aux H’ah’amim et aux Néviim. Cela veut dire que Chabat on peut atteindre des niveaux supérieurs de sagesse à hauteur des Maîtres de la Tora voire des prophètes.

Intéressant de noter que le Even Ezra affirme que là se trouve toute la bénédiction par laquelle D’IEU bénit le Chabat. La bénédiction c’est d’augmenter notre faculté intelligible et prophétique !

Cela commence par prendre conscience que notre être est animée d’une intelligence qui n’est pas que spontanée mais pour laquelle nous devons nous investir davantage…

Les repas de la foi

Chabat est appelé ‘’séoudata dimhémnouta’’ – littéralement le repas de la foi ! Je n’ai aucun accès à la profondeur de ce texte. Il y a là quelque chose de surprenant, il nous faut comprendre quel rapport y-a-t-il entre la foi en D’IEU et nos repas de Chabat ? Allons plus loin, la foi se définie habituellement pas des concepts métaphysiques voire spirituelle mais en aucun cas par des comportements festifs et de grands repas ! Certes la foi, une fois intégrée en l’homme, doit avoir un impact sur notre vie matérielle. La foi n’est pas qu’un concept métaphysique, elle a une répercussion sur notre vie matérielle dans ce monde, mais ici on a l’impression du texte que les repas de Chabat forgent la foi, c’est surprenant !

Peut-être qu’il faut définir l’idée plus simplement, comme le propose Rav Sheinfeld Ech Hachabat volume II page 6) : lorsque tous les Enfants se réunissent pour festoyer, il y a une interrogation qui s’installe dans l’ambiance : nous fêtons quoi ? Nous prenons ce repas pourquoi ? Nos repas de Chabat différents de ceux de la semaine doivent nous conduire à nous interroger du sens de ce que nous faisons. Et la réponse est : nous fêtons la création du monde, nous exprimons par nos repas que le monde a une histoire et un sens. Nous formulons par nos repas de Chabat que le monde, l’univers, a un maître, un créateur, que le monde ne s’est pas fait tout seul, que le monde est guidé par une volonté suprême, qui nous échappe et que nous pouvons ressentir.

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