Chabat pour devenir gracieux

Rav Sheinfeld (Ech Hachabat page 50) rapporte le Rachba et le Baal Hatourim (Béréchit II-2) font remarquer que chabat est appelé ‘’h’emdat hayamim’’ – littéralement ‘’le jour désiré de D’IEU’’. C’est un jour que D’IEU désire, c’est ça Chabat. Le Midrach Béréchit Raba (9-4) dit que D’IEU veut retrouver dans chaque Chabat le même effet de grâce, ‘’h’en’’ que le premier Chabat de la création ! Chabat est le jour préféré de D’IEU. Le Sfat Emet dit que chaque Chabat on peut donc retrouver cette grâce, puisque Chabat que nous faisons est en rappel au premier Chabat de la création !

Il en ressort qu’à notre tour on peut bénéficier de cette grâce divine. Chabat est le jour où D’IEU exprime toute sa grâce. Notre Maître Rav Wolbe ztsal témoigne que ses maîtres avaient un autre visage le jour de Chabat, quelque soit la semaine qu’ils avaient passée, Chabat arrivé on pouvait voir sur leur visage un autre personnage ! Surpasser ses humeurs, et tous les traits de son être afin de se retrouver dans l’univers du gracieux, c’est cela Chabat. Et lorsqu’on devient soi-même aimable on bénéficie de ce h’en divin. Comment atteindre ce niveau ? Tout d’abord il faut sortir de notre tête que Chabat c’est un jour où on étouffe parce qu’on ne peut rien faire. Certes le jour de Chabat on ne peut pas travailler, mais cette absence de travail n’est pas la finalité en soi du Chabat. On peut aller jusqu’à dire que lorsque D’IEU nous demande de ne rien faire le jour de Chabat c’est afin qu’on puisse passer un moment agréable avec Lui. Celui qui vie le Chabat comme une galère il ne ressentira rien d’agréable.

Il y a dans le monde un ingrédient qui s’appelle le h’en, qu’on retrouve la première fois explicitement dans la Tora à propos de Noah’ où la Tora (fin Béréchit) témoigne « vénoah’ matsa h’en bééné hachem ». L’exercice du h’en est immense, à tel point que tous les matins nous prions dans les Bénédictions « vétiténénou leh’en ouleh’essed béénéh’a oubééné kol roaï » – on prie et demande à D’IEU de trouver grâce aux yeux de tous ceux qui nous voient et même aux yeux de D’IEU ! On peut facilement constater qu’une personne gracieuse obtient tout ce qu’elle veut, et même de la part de D’IEU. Chabat est la voie qui conduit au h’en ! Le gracieux n’est pas qu’un état naturel de l’être, on peut apprendre et on doit apprendre à animer notre être de grâce. Il y a des domaines où le h’en s’impose, notamment dans le cercle familial, pour le couple c’est vital et de même pour notre rapport d’avec nos enfants. Sans h’en la famille vacille. On ne peut pas se laisser aller à notre naturel, bien souvent ringard et de mauvaise humeur. Chabat c’est apprendre à surpasser sa nature pour en trouver une meilleure !

Tossefete Chabat

Dans la Paracha de Ki Tissa (Chémot 31-16) la Tora nous enjoint de faire le Chabat ‘’laâsot éte hachabat’’. Nous constatons bien que la Tora n’a pas employé le terme ‘’pratiquer le Chabat’’. Faire c’est créer, c’est nous qui déclarons te faisons le Chabat ! Comment ? Le Or Hah’aïm explique : le temps que nous rajoutons au Chabat, ‘’tossefete chabat’’ a le même statut que Chabat, le Chabat devient Chabat lorsque nous décidons de le faire rentrer plus tôt que prévu, et que nous le faisons sortir plus tard que l’horaire ! Ce temps de rajout est le Chabat que nous faisons !

Rav Cheh’ter dans son livre Tossefet Chabat écrit encore (page 555) : le H’essed Léavraham dit que l’âme se remplie de l’éclat de la Présence Divine, déjà ici dans ce monde et à fortiori dans le monde à venir, de la même façon que l’homme s’est empressé de faire rentrer le Chabat. Le Chih’hat Haleket au nom du Sodé Razia dit que le temps rajouté pour faire rentrer Chabat plus tôt est autant de temps épargné dans la géhenne. Cette idée trouve sa source dans le Minh’at Chabat au nom du Olat Chabat, Yalkout Réouvéni au nom du Midrach – celui qui rajoute du temps au Chabat sera épargné ce même temps de la géhenne, et si malencontreusement l’homme tarde de faire rentrer Chabat, il tardera de sortir de la géhenne. Le Chaar Bat Rabim écrit : celui qui fait rentrer Chabat plus tôt est épargné du feu de ce monde ci et du monde à venir, il convient d’encourager tout le monde à faire rentrer Chabat tôt afin que tous soient protégés du feu ! Dans le monde à venir l’homme connaîtra le même sort dont il s’est comporté dans ce monde, celui qui fait rentrer tôt Chabat, le Chabat lui viendra en secours dans le monde à venir et le défendra. Le Yesod Vechorech Haavoda retient également cette idée et écrit encore : chacun veillera à ce que les membres de sa famille ne tardent pas à faire rentrer Chabat ce qui malheureusement est souvent le cas le Chabat en hiver lorsque Chabat rentre tôt. Le Afiké Yam rappelle les propos du Ramban qui dit que les souffrances de la géhenne sont pires que celles de Iyov, le moyen d’en être épargné est de faire rentrer tôt le Chabat.

Chabat, bénédiction sans fin

Dans le Livre de Chémot (16-5) la Tora nous commande de préparer le Chabat. Rav Gamliel Rabinovitch chalita (Tiv Hachabat page 23) nous rappelle qu’on ne peut pas accéder au Chabat sans préparation. Comme dit rachi (traité Bétsa 16A) depuis le premier jour de la semaine il faut mettre son coeur au Chabat qui arrive. Cela veut dire que durant toute la semaine on se prépare au Chabat. Il faut une semaine pour se préparer au Chabat, et l’exercice recommence et se renouvelle chaque semaine ! La bénédiction et la sainteté du Chabat dépend de cet exercice préparatif, dit encore Rav Rabinovitch. Cela veut dire, et c’est incroyable, le Chabat n’est pas figé il dépend de la mise en condition dans laquelle l’homme se met. On peut augmenter et amplifier tout ce que Chabat représente ! Certes le Chabat nous est imposé par D’IEU et est inscrit dans les six cent treize commandements, mais cette mitsva qui s’impose peut être vécue par l’homme dans un élan nouveau duquel il imprimera le Chabat. La préparation du Chabat n’est donc pas seulement l’idée que l’homme doit se calquer au Chabat, mais cette idée veut aussi que nous façonnions le Chabat. Chabat n’est pas statique, tout ce que nous recevons du Chabat, sa bénédiction et sa sainteté, dépend de la façon dont nous savourons le Chabat. Il nous faut une semaine pour apprendre à apprécier le Chabat et le surdimensionner, ainsi lorsque nous arriverons au jour de Chabat nous bénéficierons davantage de tout ce qu’il possède. Chabat est un capital duquel nous possédons les moyens de leur faire fructifier et cela sans fin.

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