Chabat, sourire de la vie
Le Talmud au traité Chabat (119B) enseigne que la ville de Yérouchalaïm n’a été détruite que parce qu’ils transgressaient Chabat ! Rav Aryé Chah’ter zal (Aryé Chaag ben Hamétsarim page 17) s’interroge de quelle transgression du Chabat s’agit-il ? Qui était capable de transgresser Chabat autrefois ? En présence du bet Hamikdach, des Grands Maîtres etc. il est inconcevable que quiconque enfreigne d’une quelconque manière le Chabat ! Le talmud parle de ceux qui faisaient Chabat mais manquaient de simh’a, de joie et d’élan de gaieté, lorsqu’ils faisaient Chabat ! Il nous faut renforcer le Chabat même chez ceux qui font Chabat mais manquent de simh’a. Notre Chabat doit être animé de simh’a ! Ceci concerne bien évidemment même ceux qui sont loin de la pratique du Chabat. Le Rav poursuit : j’ai passé un Chabat dans la ville de Or Akiva. Près de la synagogue se tenait un jeune-homme avec une cigarette dans la bouche. Lorsque je me suis approché de lui il jeta sa cigarette. Je lui ai dit : sache mon cher ami, qu’en jetant ta cigarette tu as fait là quelque chose d’immense ! Sache que tu peux te rendre dans une Yéchiva pour apprendre la Tora et devenir un grand maître. J’ai continué mon discours en le rapprochant davantage. On se lia d’amitié et il poursuivit grandement sa téchouva. Je me suis dit que c’est certainement ce qui lui manquait : de l’affection et de la chaleur. On doit apprendre à regarder autrement ceux qui ne font pas Chabat.
Le Rav développe deux notions fondamentales pour passer un bon Chabat, pour se renforcer dans le Chabat, et pour encourager notre entourage à pratiquer le Chabat : Joie et Affection. Ces deux points manquent largement dans notre société, et lorsqu’il s’agit de Tora c’est dramatique. Leur absence conduit à toute destruction. Au sein du foyer et de la famille comme envers les gens de l’extérieur ces deux principes sont majeurs, en les développant on obtient des résultats exceptionnels.
Il ne nous reste plus qu’à se réjouir et sourire afin de passer un bon Chabat et de développer le Chabat dans notre entourage ! Ceci prend un sens particulier lorsqu’il s’agit du Chabat qui est lui-même le sourire de la vie, manquer de ce sourire, de cette joie et de cette affection est une transgression au Chabat.
Sourire et affection ne sont pas des options du Chabat, elles forment et décrivent le Chabat dans son essence profonde.
On attend que les autres nous sourient et nous chérissent, tous en ont besoin, apprenons à notre tour à l’offrir aux autres. Si sourire et chaleur sont des valeurs majeures et fondamentales dans la vie elles le sont encore plus lorsque nous traitons de Tora.
Souris au Chabat, le Chabat te sourira !
Chabat et l’Homme
Je vous propose ici une réflexion d’une extrême profondeur, je vous demande de la lire avec une extrême délicatesse.
Le Talmud enseigne qu’un juif qui ignore tout du judaïsme, jusqu’à ignorer même qu’il est juif, devra apporter un sacrifice expiatoire sur tous les Chabat transgressés ! Le génie Rabi Yérouh’am de Mir s’exclame : s’il ignore même sa judaïté comment peut-il être condamnable ? Le Rav de répondre : si nous avions une définition correcte de ce qu’est l’homme, nous n’aurions jamais posé cette question ! Son élève le gaon Rav Mih’al Feinstein explique : la grandeur de l’homme est telle que de lui-même il doit ressentir le concept de Chabat et ce même si on ne le lui a jamais appris !
Chabat, un univers nommé Simh’a
Rav Fridman dans son livre Métsouvé Véossé II page 224 rapporte une réflexion sublime du Matok Midvach qui écrit : j’ai vu des gens à qui le vendredi veille de Chabat est arrivé une mauvaise nouvelle, à l’entrée de Chabat ils repoussèrent de leur esprit cette information et s’évertuèrent d’accueillir le Chabat avec joie, ce drame s’est finalement transformé en bonne nouvelle grâce à leur exercice, la raison est que D’IEU surveille et s’occupe de ses créatures, le fait qu’il s’est efforcé d’être en simh’a pour Chabat alors D’IEU lui offre la joie !
D’IEU est le reflet de l’homme, si l’homme sait être dans la simh’a alors D’IEU ne peut que lui renvoyer cette simh’a, et ceci consiste à transformer même ce qui est dramatique en évènement de joie. La joie se travaille, se laboure, et donc se récolte. On n’attend pas d’être dans la joie. On n’attend pas qu’un évènement joyeux se produise pour être dans la joie. Nous sommes des créateurs de simh’a, ceci consiste à ôter de son esprit ce qui nous chagrine. Et, de surcroît lorsqu’il s’agit du Chabat, lorsque Chabat arrive on ne doit plus témoigner aucun sentiment de mélancolie ou de mauvaise humeur, même si toutes les raisons de nous mettre dans cet état seraient réunies. Chabat EST simh’a. Il ressort peut-être encore que Chabat est simh’a par excellence, c’est un jour où son univers ne peut que nous faire sourire, une joie tellement forte que rien ne serait à même de nous l’enlever ! Et ceci n’est pas que conceptuel, c’est du réel, c’est actif et pratique, à tel point qu’on doit être à même de se trouver dans un éta de simh’a même si, D’IEU préserve, une mauvaise nouvelle serait annoncée vendredi veille de Chabat. Celui qui arrive à cette dimension verra toutes ses mauvaises nouvelles se transformer en bonnes nouvelles. Ceci est tellement réel que le Rav Matok Midvach témoigne avoir vu des gens dont leur souffrance s’est convertie en joie parce qu’une fois Chabat arrivé ils vécurent le Chabat animés d’une grande simh’a !
Cet exercice est valable en tout temps, D’IEU renvoie à l’homme ce que l’homme est lui-même, si tu souris la vie te sourira. Si tu es dans la simh’a alors d’IEU t’enverra tout le temps le moyen d’être dans la simh’a ! Mais cet exercice est encore plus fort lorsqu’il touche le Chabat qui est lui-même simh’a. Mais, peut-on s’interroger : comment être dans la joie lorsque quelque chose ne va pas ? Sage et importante question, mais la réponse est encore plus simple : Chabat doit te délivrer tous les éléments nécessaires pour être joyeux. Chabat en lui-même est à même de t’offrir la simh’a. Tout d’abord le bonheur et la chance de pouvoir pratiquer le Chabat. Chabat transforme la vie et lui donne une dimension de joie incommensurable. Ceci ne peut pas être ressenti si on vit Chabat tel un boulet de canon qu’on traîne au pied. Lorsque Chabat arrive on doit se dire : là on s’apprête à vivre un évènement grandiose qui nous fait rentrer dans l’univers de la simh’a, cet univers va convertir toute notre vie en joie et même de ce qu’il y a de plus déprimant deviendra ce qu’il y a de plus joyeux.
La préparation au Chabat, les repas, les prières, l’étude etc. tout ce que nous faisons Chabat doit être fait dans la joie, et tout ce que nous faisons et ne faisons pas construit cet univers de simh’a.
Bâtissons un monde meilleur par le Chabat.