Préparer Chabat Grandement
A propos de l’importance des préparatifs du Chabat, Rav C.D. Fridman dans son Métsouvé Véossé volume II page 205 rapporte les enseignements des Maîtres :
Le Talmud au traité Chabat 119A ainsi que le Choulh’an Arouh’ O’’H 250 enseignent que tous doivent s’investir dans les préparatifs du Chabat. Certains Maîtres préparaient les légumes, d’autres coupaient le bois etc. L’homme ne dira pas ‘’ce n’est pas de mon honneur’’ car son honneur est celui de préparer le Chabat ! Le Michna Béroura écrit : j’ai vu des Maîtres qui balayaient le sol, il faudra s’investir dans les taches ménagères surtout lorsque le Chabat rentre tôt, afin d’éviter toute transgression du Chabat, c’est une obligation qui incombe à tout le monde. Le Chaarei Téchouva rapporte au nom du Ari zal : la transpiration dont l’homme fait preuve lorsqu’il prépare Chabat expie les fautes ! Le H’ida zal écrit : celui qui s’investit dans les préparatifs du Chabat avec joie ceci expie ses fautes. Le Choulh’an Arouh’ Harav note que chaque chose que l’on fait pour Chabat il est bon de penser qu’il le fait ‘’lih’vod chabat’’ – pour l’honneur du Chabat. Le Maguen Avraham (250-1) écrit que tout ce qu’on achète pour Chabat on dira ‘’lih’vod chabat’’ – c’est pour l’honneur du Chabat. La parole de l’homme a des conséquences en exprimant que c’est pour l’honneur du Chabat il imprime la sainteté du Chabat dans ce qu’il fait, note le Mah’atsit Hachekel. Le Choulh’an Arouh’ O’’H 242 dit qu’il convient de pétrir du pain et de le cuire en l’honneur du Chabat. Le Michna Béroura note que pétrir et cuire s’inscrivent dans l’honneur du Chabat. Il dit encore : lorsqu’on fait du pain on prélèvera la h’ala, ceci en mémoire de la faute de H’ava qui a fait fauter l’homme vendredi, l’homme est appelé la h’ala du monde ! Le Rama O’’H 251-2 dit qu’il faudra réduire quelque peu son étude le vendredi afin de préparer Chabat !
La notion de préparer Chabat, comme toute chose que nous nous devons de préparer, nous sensibilise à plusieurs points/ Tout d’abord il est de toute évidence que l’évènement à vivre, et notamment Chabat, dépend essentiellement de sa préparation. Si on ne prépare pas bien Chabat on ne peut pas passer un bon Chabat. Nous voyons aussi que cela évite la profanation du Chabat. On sera moins enclin à transgresser Chabat si tout est prêt avant Chabat. L’expiation des fautes est un point nouveau soulevé par les Maîtres, préparer Chabat avec investissement et joie efface nos fautes. Nos Sages enseignent que celui qui pratique Chabat voit ses fautes expiées (Chabat 111B), la préparation du Chabat s’inscrit dans cette expiation des fautes. Peut-être que la préparation du Chabat prouve notre attachement et notre affection au Chabat, plus on s’y investi plus on chérit le Chabat plus on s’inscrit ans un univers intime avec D’IEU plus nos fautes sont allégées. Les tâches ménagères ne sont pas réservées aux épouses mais à tous. H’ava a conduit l’homme à consommer le fruit défendu tous doivent s’investir pour rentrer dans Chabat en laissant cette faute derrière nous.
Il ne faut surtout pas réduire les dépenses de Chabat, conseille le Gaon de Vilna. Surtout que chaque dépense pour Chabat nous évite des frais médicaux, rappelle le Arougat Habosem !
L’harmonie des énergies contraires
Rav Eisteicher (feuillet Daat Outévouna n° 35) soulève une question intéressante : tous les samedi soir nous récitons la Havdala, cette bénédiction nous permet d’exprimer la différenciation qu’il y a dans les éléments de la vie, comme entre l’obscurité et la lumière, ou encore entre Chabat et les autres jours. Dès lors pourquoi nous récitons cette bénédiction à la sortie du Chabat et non dès son entrée ?
Il développe l’idée que ce n’est qu’après avoir vécu pleinement le Chabat qu’on peut distinguer qu’il est différent des autres jours de la semaine.
Cela suscite nombre de réflexions. Cela veut dire que le tout n’est pas de dire que Chabat est différent des autres jours de la semaine. Nous devons vivre cette différence. Nous n’exprimons pas uniquement notre foi que Chabat n’est pas comme la semaine, nous exprimons notre vécu ! Si ton Chabat est h’ol, profane, cette bénédiction n’a pas trop de sens. Nous devons vivre Chabat dans un état complètement opposé et distinct des autres jours de la semaine ! Rien de Chabat ne doit être semblable à la semaine ! D’ailleurs dans cette bénédiction nous parlons du peuple d’Israël et des nations, de la lumière et de l’obscurité. Là nous comprenons bien qu’il n’y a aucun lien entre ces éléments, lumière et obscurité comme Israël et Nations sont des entités bien distinctes, il doit en être pareil pour ce qui est du Chabat et des six autres jours.
La Havdala est récitée à la sortie du Chabat, elle est plus qu’une clôture du Chabat, elle est la conclusion voire l’objectif du Chabat : comprendre et marquer ce qui distingue les éléments de notre monde.
Il y a un point commun entre Chabat, Israël et la lumière. Ils sont tous trois des éléments de la création qui ont apparu en dernier. Chabat est le dernier jour de la semaine. Israël dans l’histoire est le dernier peuple arrivé. La lumière a été créée après l’obscurité comme le note la Tora dans Béréchit. Tout d’abord cela renferme l’idée que le meilleur ne vient jamais au début, il est le résultat voire le produit de ce qui l’a précédé. Il est ce que l’autre n’est pas, mais naît depuis son opposé ! De toute chose on peut sortir du positif à la condition de comprendre que ce positif ne peut être là seulement si a précédé le moins bon, et seulement si on comprend qu’il est différent de sa source. C’est toute la beauté de la Tora et la puissance du divin, ne t’éloigne pas de ce qui s’oppose à toi, naît depuis ce qui ne s’apparente pas à toi et là tu te distingueras dans toute ta splendeur ! C’est l’énergie des éléments opposés. Pour ne citer qu’un exemple parmi tant d’autres : le couple. Homme et femme, naissent et se complètent, trouvent l’harmonie et la joie dans l’être le plus opposé et différent d’eux-mêmes. Chabat est d’ailleurs l’exercice du couple. Ce couple qui va traverser profane et sainteté, Israël et nations, obscurité et lumière. Il faut apprendre à faire la part des choses, à comprendre que je deviens moi-même dans cette différence de l’autre, je me complète dans la totale différence. On ouvre Chabat par l’allumage des lumières du Chabat qui est l’exercice du Chalom Baït. Ces lumières que nous allumons pour que le couple rayonne de toute sa lumière. La lumière prend un sens lorsqu’elle est entourée d’obscurité, lorsqu’on apprécie sa puissance autour d’un monde obscur. Chabat on met tous les problèmes de côté et on s’unit et s’harmonise avec l’être opposé et fondamentalement distinct. La table de Chabat n’est pas un ring où les combats verbaux fustigent, sur lequel on monte se bagarrer avec l’autre. Chabat est une île reposante où chacun vient avec l’autre retrouver le calme absolu de l’existence. Chabat est un monde où il y a de la place pour tout le monde même pour celui qui ne me ressemble pas. Si moi et l’autre on fait et est Chabat alors toutes les barrières tombent et on vit dans l’harmonie totale.
La havdala vient après Chabat !