Chabat, le calmant de la vie

Au traité Bérah’ot 43B les Sages enseignent : celui qui fait des grands pas lorsqu’il marche il atteint sa vue d’un cinq-centième. Que doit-il faire pour retrouver sa vue ? Il boira le kidouch du vendredi soir !

Le Gaon Rav Avigdor Miler zal (Torat Avigdor page 279) explique : marcher d’un grand pas dénote que la personne est stressée, ce stress abîme la vue. Le roi David (Téhilim 6-8) écrit que la colère abîme la vue. J’ai moi-même rencontré un homme qui a perdu la vue à cause de sa colère !

Les activités stressante et opprimantes de la semaine plongent l’homme dans un état de confusion qui l’empêche de voir clair, il perd la vue correcte des éléments de la vie. Il ne voit plus la vérité ! L’homme pense que lui seul peut régler tous ses problèmes, il en arrive à oublier D’IEU et son intervention dans sa propre vie. Il court dans tous les sens, son soucie le conduit à abîmer sa vue, la vue de son esprit et ne distingue plus qui domine dans le monde. Le remède est le kidouch du vendredi soir !

C’est l’occasion qui nous est donnée de réviser notre façon de voir et d’appréhender le monde. Le kidouch c’est prendre du recul de nos activités de la semaine et de raviver en soi la foi en UN maître du monde qui gère tout. Chabat est le calmant de la vie. Lorsqu’on s’en remet à D’IEU on retrouve notre calme intérieur et cela apaise notre stress. Au moment où on récite ‘’vayéh’oulou’’ on exprime notre calme se référant à notre foi en D’IEU. On s’en remet pleinement à D’IEU. Pas besoin de perdre confiance ou de croire qu’on peut tout faire seul sans l’aide de D’IEU. Rien de mieux pour ne pas vivre sous la pression de la vie. Celui qui vit dans cet état d’esprit sait que tout est sous contrôle et qu’il est inutile de s’emporter face à toutes les situations de la vie. ‘’Vayéh’oulou’’ t’apprend à être un bon juif qui rattaché à D’IEU ne perd jamais son sang-froid, te permet de ne pas laisser ses émotions agir pulsionnellement et même dans les situations où on te manquerait de respect tu sais garder ton calme, car tu as compris 1) qu’il y a UN Maître sur terre, 2) qui gère ta vie, 3) qu’il ne t’abandonne jamais, 4) qu’il règle tous tes problèmes ETC. (le H’idouché Harim disait : la douceur du Chabat efface toute mélancolie)

A-t-on le droit de donner un médicament à un animal le jour de Chabat ?

La question du médical pour les humains le jour de Chabat est un immense sujet. Effectivement dans certains cas les Sages ont interdit à l’homme de prendre un médicament le jour de Chabat à cause de ‘’chéh’ikat samamanim’’ – les Sages craignent que l’homme en vienne à préparer son médicament le jour de Chabat ce qui peut l’entraîner à enfreindre Chabat, notamment en pilant les ingrédients nécessaires. Ces lois sont répertoriées dans le Choulh’an Arouh’ O’’H 328.

Ici nous allons traiter de la question de l’animal et des médicaments le jour de Chabat.
Cette question est soulevée dans Oupiryo Matok Chémot page 132 de Rav Erez H’azani : c’est un médecin qui lui a soumis la question de savoir s’il avait le droit de donner des calmants à son chien qui souffre ?

Le Gaon Rav Yitsh’ak Zilberstein chalita a répondu : Le Choulh’an Arouh’ O’’H 332-3 écrit que si l’animal a trop manger et est souffrante on a le droit de la faire courir pour l’aider à se dégager et retrouver sa forme. Le Michna Béroura (5) précise qu’il n’y a pas l’interdiction de guérir un animal le jour de Chabat. Le Chémirat Chabat Kéhilh’éta rapportant le H’azon Ich dit qu’on a le droit de donner tout médicament nécessaire à sa bête le jour de Chabat.

Le Michna Béroura (6) écrit encore : il sera interdit d’enfreindre Chabat pour la santé de l’animal, cependant par un non-juif se sera permis.

Si on a besoin de l’aider à la déplacer on est face à un problème de mouktsé – pour le H’azon Ich c’est permis, et le Michna Béroura (305-70) rapporte une discussion sur le sujet (voir encore Piské Téchouvot 332).

Les questions de Chabat liées aux animaux sont nombreuses…

Chabat, pour se délecter de la Présence Divine

Où se trouve la Chéh’ina ?

Lorsque nous avions le Bet Hamikdach nous nous y rendions pour nous rapprocher grandement de D’IEU. Depuis sa destruction et notre exil nous n’avons plus le temple et son ambiance, où trouver D’IEU ? Rav Yeh’iel Yeochoua Sheinfeld chalita (Ech Hachabat page 45) nous rappelle que c’est dans le Chabat qu’on peut retrouver la même dimension du Bet Hamikdach et donc la même proximité d’avec D’IEU! Chabat est appelé ‘’kala’’ qu’on traduit généralement par : la mariée ; cependant, on peut retrouver la racine du mot ‘’kéli’’ – réceptacle, avec Chabat on peut recevoir la Présence Divine. Les Sages dans le Zohar enseignent génialement : il est dit dans Chémot 31-16 ‘’laâssot et hachabat lédorotam’’ – littéralement de faire le Chabat pour leur génération, mais le mot ‘’lédorotam’’ peut se lire également ‘’lédiratam’’ dans leur demeure !

Cela veut dire que la lumière de la Présence Divine se trouve à l’intérieur même du Chabat ! Chabat est la demeure divine, de même que la mariée on la fait rentrer dans une demeure digne qu’on met en place en l’honneur de la mariée, ainsi pour Chabat qui est la résidence de la Présence Divine. C’est la raison pour laquelle qu’on se doit de ranger la maison et la disposée correctement en l’honneur du Chabat qui est l’honneur de D’IEU ! Le Choulh’an Arouh’ (O’’H 262-1) écrit qu’on se doit de dresser la table, ranger les lits, et la trouver belle et ordonnée lorsqu’on revient de la synagogue.

Le Baal Hatourim écrit que les premières lettres des mots ‘’et hachabat lédorotam’’ en hébreu forment le mot ‘’ohel’’ (tente). Le deguel Mah’ané Efraïm explique : Chabat est tel le Temple (appelé lui-même Ohel Moed), si sans le Temple on ne peut accéder au divin alors en respectant Chabat selon la Halah’a on crée ce ‘’ohel’’ qui va permettre à la Chéh’ina de résider parmi nous ; c’est la raison pour laquelle à propos du Chabat le verset continue et dit ‘’ot hi léolam’’ – Chabat est un signe pour toujours, or ces mots aussi reprenant leurs premières lettres on obtient le mot ‘’ohel’’, car cette demeure divine est assurée même lorsqu’on n’a plus le Temple et ce par le Chabat. Pour atteindre cette dimension, il ne suffit pas de préparer sa maison, on se doit également de se tenir prêt correctement en corrigeant nos imperfections afin d’être à la hauteur de cette dimension divine que nous allons rencontrer le jour de Chabat.

La sainteté

Qu’est-ce que la sainteté du Chabat ? Chabat est appelé « ki kodech hi lah’em » (Chémot 31-14). Le Malbim explique : on retrouve la notion de kédoucha dans tous les commandements de la Tora (ainsi avant de réaliser une mitsva nous récitions une bénédiction dan laquelle nous disons ‘’acher kidéchanou’’ !), d’ordinaire la sainteté se définie par notre faculté de s’opposer au yetser hara qui nous tire vers les choses matérielles alors que pour Chabat nous trouvons la sainteté à travers et avec les choses matérielles ! Le Chabat est saint en lui- même, garder Chabat c’est témoigner que D’IEU créa le monde en six jours et stoppa toute création le jour de Chabat, en ce jour tout est géré par des moyens qui dépassent les lois de la nature, c’est cela même qui imprime la sainteté sur l’homme. La sainteté du Chabat s’épanche sur l’homme qui le respecte.

J’ai souvent eu l’occasion d’écrire dans les lignes du Oneg Chabat que la notion de sainteté, de kédoucha, est une notion dont l’homme moderne ne supporte pas. On réserve la sainteté a une élite, ou à des personnes qui ne savent pas profiter du monde, à des gens qui se retirent de ce monde. La sainteté nous fait peur, nous dérange, elle obscurcie notre existence. L’homme a beaucoup de mal à se retrouver existentiellement sans ses objets ou corps physiques et matériels qui animent sa vie. Nos repères sont la matérialité qui nous entoure. Nous avons beaucoup de mal à imaginer une vie sans cette vie matérielle… Chabat c’est un jour où on intègre la matérialité dans notre existence. Ce n’est pas la matérialité qui dépeint notre existence, mais c’est notre existence qui donne un sens à notre matérialité. La sainteté ne veut pas dire vivre dans une grotte et se défaire de tout ce qui est matériel, la Tora ne va pas du tout dans ce sens. La sainteté c’est prendre du recul et redonner un sens à nos activités et affaires matérielles !

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