Chabat Retour à la Source

Lorsque la Tora parle du Chabat elle emploie deux
verbes. Dans les 10 PArolescitées dans Parachat Yitro
on lit ‘’zah’or ète yom hachabat’’, alors que dans
Vaeth’anan on lit ‘’chamor ète yom hachabat’’. Les
Sages enseignent que ces deux verbes ont été
formulés en une seule Parole. Cela veut dire
qu’ensemble ils forment une Parole, il n’y a pas deux
verbes distincts ! Zah’or – souviens-toi du jour de
Chabat. Chamor – garde le jour de Chabat. Que
représentent ces deux verbes ? Que veut dire qu’ils
forment une seule Parole ?
Rav Lévi Yitsh’ak de Berditchov zal dans son
Kédouchat Lévi (Yitro) explique : chaque
commandement de la Tora est constitué de deux
parties 1 : l’action du commandement – le ‘’maâssé’’,
D’IEU nous enjoint de faire telle et telle chose, 2 : la
raison du commandement – le ‘’taâm’’, chaque
commandement contient une raison. D’ordinaire ces
deux notions ne sont pas obligatoirement liées, c’està-dire qu’on doit agir de la façon dont D’IEU nous le
commande indépendamment du fait que le
commandement ait un sens. La raison du
commandement ne s’inscrit pas dans l’action de la
mitsva. Pour Chabat c’est différent, D’IEU nous
demande de garder Chabat, cela veut dire que la
raison du Chabat s’inscrit dans l’acte de la mitsva.
Expliquons : l’enjeu du Chabat est d’admettre avec
conviction que D’IEU a créé le monde et en est le
Maître, c’est ce qu’on appelle la Emouna (la Foi).
Garde le Chabat c’est vivre le Chabat avec l’esprit
de la mitsva qui est zah’or – souviens toi que D’IEU a
créé le monde, comme on dit dans les prières de
Chabat ‘’zeh’er lémaâssé béréchit’’ – en rappel de
l’œuvre Première. La pratique du Chabat prend son
sens dans le commandement de comprendre
pourquoi on fait Chabat. A travers Chabat on se
plonge dans l’univers qui a précédé la Création, on
se détache de ce monde en y revenant à son origine
pour ensuite revisiter notre vision de l’intérieur du
monde. Ceci marque la différence entre Israël et les
peuples. Pour les peuples le monde n’a de sens
seulement à travers ce qu’il renferme dans son
aspect phisique, pour le juif le monde n’a de sens
seulement s’il transcende la matière. Les peuples ont
choisi un jour de repos à l’intérieur des jours de la
semaine, tout ce qu’ils perçoivent du monde se
trouve à l’intérieur du monde. Israël a pour jour de
repos un jour qui ne s’inscrit pas dans les jours de la
semaine, ils retournent vers l’origine du monde qui
précède la création ! C’est le sens du verset qui dit
‘’Garde le Chabat pour le sanctifier’’ – la
sanctification des choses c’est les voir d’un regard qui
a précédé leur existence.
Chaque Chabat nous revivons les éléments de la vie
dans leur état embryonnaire en retournant à la
source de ces dits éléments. La vie n’est pas une suite
continue des valeurs établies, la vie c’est réécrire son
histoire originelle chaque Chabat ! Revenir à la
source pour mieux avancer.


Kavod Chabat par Rav Imanouël Mergui

 Lorsque le prophète Yéchaya (chapitre 58) parle de Chabat il nous demande de donner du Kavod au Chabat – respecter le Chabat. En quoi consiste le respect du Chabat ? Nous avons déjà le devoir de pratiquer Chabat, qu’est-ce que le respect rajoute ? Au traité Chabat 113A les Sages déduisent des versets de la prophétie que le respect du Chabat se définit en quatre points : 1 : Malbouch. L’interdiction de se vêtir le jour de Chabat de la même façon dont on s’habille la semaine, on doit avoir des vêtements réservés au Chabat. 2 : Hilouh’. L’interdiction de marcher Chabat de la même façon dont on marche la semaine – ceci consiste à ne pas faire de grands pas lorsqu’on marche, cela inclut également l’interdiction de courir le jour de Chabat, on doit marcher paisiblement. 3 : Hafatséh’a. L’interdiction de s’occuper de ses affaires (son travail, sa profession) durant le jour de Chabat. 4 : Dibour. L’interdiction le jour de Chabat de parler comme on parle la semaine. Le choix des sujets parlés lejour de Chabat doivent être adéquats avec le Chabat. Il y a plusieurs points intéressants dans ce passage, qui est fixé dans les Livres de Halah’a. Ce n’est pas qu’une belle réflexion chabatique, il y a là un vrai enjeu de halah’a, des comportements qui s’imposent ! Les Sages structurent notre Chabat comme étant un jour où rien ne doit être semblable aux autres jours de la semaine. Il faut chabatiser nos vêtements, notre allure, notre parler et nos occupations. Cela se définit comme le kavod – respect du Chabat. C’est-à-dire au-delà des trente-neuf Travaux interdits le jour de Chabat, ce qui est déjà pas mal !, on doit également vivre Chabat d’une façon respectueuse ! Ce respect engage nos vêtements, notre parler, notre marche et nos occupations. On doit introduire Chabat même dans nos comportements basiques de la vie. Rien ne doit être laissé de côté. Tout notre être doit sentir le parfum de Chabat. Cela veut dire qu’il ne suffit pas de pratiquer Chabat par la non transgression des trente-neuf Travaux, il faut encore ETRE Chabat. Introduire le Chabat à l’intérieur de notre être. Qu’est-ce que le kavod (le respect) de manière générale ? Notre Grand Maître Rav Chlomo Wolbe ztsal explique dans son Livre Maître Alé Chour volume II : le respect n’est pas ce que tu fais envers l’autre mais c’est ce que tu ressens en ton for intérieur à propos de l’autre, savoir sa valeur et se comporter en vertu de l’intériorité de l’autre. C’est pareil pour ce qui est du Chabat : avoir une estime profonde pour ce jour magnifique : Chabat et se comporter dignement de façon adéquate au Chabat. Reprenons ces quatre points définissants le kavod de Chabat. Malbouch : Si la semaine on s’habille pour soi, pour être bien dans sa peau, ou pour plaire aux autres, le jour de Chabat on s’habille POUR Chabat. La chose est comparée à la participation à un mariage, par exemple, on ne s’habille pas comme bon nous semble, on comprend que l’évènement exige une façon de s’habiller. On s’habille pour les mariés, pour leur montrer qu’on participe à leur joie même dans notre vestimentaire. Hilouh’ : c’est peut-être la partie la plus délicate, Chabat on doit marcher de façon distinguée. Chabat doit descendre dans la partie la plus basse de notre corps, les pieds. Hafatséh’a : Là la chose est claire, rien comme nos affaires pour nous sortir de l’ambiance du Chabat. En ce jour on doit oublier notre commerce, nos travaux, en fait on met de côté le regard qu’on porte sur soi comme si on était le centre du monde, on se met en marge pour laisser rayonner le Chabat. Dibour : là on touche un point sensible, la parole. Il y a chez l’homme un laisser-aller assez surprenant voire déconcertant quant à la parole de l’homme. Chacun parle comme bon lui semble, on ne s’interroge même pas si l’autre est disposé à m’entendre et s’il est qualifié pour m’entendre, on parle c’est tout. Rien de plus insupportable lorsqu’on est mis en silence… Apprendre à adapter sa parole est un exercice qui détermine le plus le respect qu’on a envers l’autre. Cet exercice touche également Chabat…

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