Chabat, le chant de la vie !

Rav Ah’aï Gaon propose une définition nouvelle et fabuleuse du Kidouch : il est un CHANT !


Rav Rabinovitch (Pardess Yossef Chabat page 42) écrit : le prophète Yéchaya (chapitre 43 verset 21) dit : « J’ai créé ce peuple pour moi, ma louange ils raconteront ». Nous sommes le peuple du chant, et dès l’entrée du Chabat nous exprimons le chant de la création du monde, de la sortie d’Egypte, et de la sainteté du Chabat.

Ce n’est pas que nous chantons le Kidouch, mais celui-ci est le chant de la création et de la naissance du peuple d’Israël. Combien de temps passons nous dans notre vie à chanter ? Et, qu’est-ce que nous chantons ? Le chant est tombé dans l’oubli (pour certains). Il n’est pas question ici de musique, ni même de mélodie à travers laquelle chacun chante le Kidouch selon ses us. Il s’agit ici d’apprendre à chanter la vie, depuis sa création jusqu’à notre naissance, individuelle et collective. Chabat est le chant de la vie. Chabat nous apprend que nous devons chanter la vie.


Chanter c’est exprimer depuis les profondeurs de notre être que ce que nous sommes en train de vivre est sublime. L’évènement que nous traversons nous exalte au point le plus profond de notre être et réveille les profondeurs de notre être, corporel, psychique et sentimental. Lorsqu’on chante il y a une harmonie complète de tous les composants de notre existence.


Tout ceci, et bien plus encore, et en fait tout ce qui traduit le chant doit se retrouver dans la récitation du Kidouch. Cet exercice se fait essentiellement à travers ces deux évènements historiques : la Création première et la Naissance du peuple d’Israël à travers la sortie d’Egypte. Chacun de ces évènements est en soi suffisant pour que nous chantions, mais tous deux réunis sont à même de
laisser resurgir, presque spontanément, un chant – celui de la vie ! Chabat nous apprend à vivre notre vie tel un chant.

La Lumière Originelle

Binjamin Gross écrit (Shabbat page 19) « la lumière des bougies qui marquent l’entrée du Chabat et la torche avec laquelle on accompagne son départ sont un reflet, dans l’intimité de la demeure, de cette lumière qui, au premier jour de
la Création du monde, fut séparée des ténèbres et réservé pour les justes qui sauront en apprécier la vérité et la douceur ».

Lorsque D’IEU créa le monde, la première chose que laissa la création apparaître est la lumière « et D’IEU dit que soit la lumière, et la lumière fut » (Béréchit 1-3). Intéressant que la lumière soit le premier élément que la Tora dessine. L’origine de tout se trouve dans la lumière. De ce fait cela veut dire puisque la lumière est le point de départ c’est d’elle que tout émane et c’est vers elle qu’on doit se diriger. Lorsque le point initial d’où les choses démarrent est clair, illuminé et illuminant, alors ce qui suit en est marqué et peut exister pleinement. L’homme est en quête de ses origines (familiales, sociales etc.). Le verset suivant dit dans Béréchit (1-4) « et D’IEU vit que la lumière était bonne, alors D’IEU sépara la lumière de l’obscurité ».

L’origine se trouve dans la faculté d’apprendre à distinguer lumière et obscurité, une tâche dont l’homme peine tout simplement parce qu’il définit souvent incorrectement ce qui est lumière de ce qui est obscurité. L’obscurantisme de certains empêchent les humains de savourer cette lumière originelle, alors D’IEU la retira et la réserva pour les Justes, dans les temps futurs (voir Rachi). Ya-t-il ici fatalité qu’à cause de certaines gens on doit être privé du meilleur ?! Les Maîtres l’affirment : la lumière cachée est ici, le ‘’temps futur’’ n’est pas un repoussement de l’histoire, mais une invitation à rechercher, pour ceux qui le désirent, et pour ceux qui comprennent qu’ils se trouvent dans une obscurité chronique et souvent inconsciente, cette dite lumière.

Selon Binjamin Gross, c’est au sein du couple, de la famille, qu’on trouve cette lumière exprimée par les lumières allumées à l’entrée du Chabat. Chabat étant un moment du temps futur que nous pouvons déjà goûter durant notre vie sur terre, c’est dans ses lumières allumées qu’on peut s’inspirer du besoin de retrouver la lumière.
Chabat EST Lumière !

Le respect de l’épouse

Lorsque Réouven rentra de la synagogue vendredi soir après la prière il fut surpris de voir que la maison état dans un état chaotique, que rien n’était rangé, que la table n’était pas dressée etc. Il réagit de façon dramatique et déplorable, il ne put contenir sa colère et dit à son épouse ‘’es-tu si paresseuse ! pourquoi n’as-tu pas fait le nécessaire pour avoir une maison digne de Chabat ?’’. (Rappelons tout de même que la mise en place d’une maison chabattique n’est pas que la besogne de la maîtresse de maison, l’homme se doit de participer activement à cette noble tâche).

De toute évidence, l’épouse fut grandement lésée par les propos et le ton de son mari, surtout qu’il ne se gêna pas de lui faire cette remarque désobligeante devant leur enfant de six ans. Tous se mirent à ranger et dresser la table. Réouven, avant de réciter le kidouch, dit à son fils de couvrir les pains de Chabat tel que la Halah’a le demande. Là, le jeune enfant, interrogea son père ‘’pourquoi doit-on couvrir le pain avant de réciter le kidouch ?’’. Sage question lui répondit son père, et lui expliqua ‘’d’ordinaire lorsque se trouve devant nous du pain et du vin nous devons réciter en premier la bénédiction sur le pain, il est d’une importance supérieure au vin, cependant pour Chabat nous inversons l’ordre parce que nous devons dire d’abord le kidouch afin de pouvoir manger, mais là le pain a honte de passer en second plan alors on le couvre pour lui éviter cette honte’’. L’enfant réagit aussitôt ‘’papa, je ne comprends pas qu’il faille faire attention à la honte du pain et pas à celle de maman !’’.

La réaction du petit-d’homme et sa perspicacité fit prendre conscience au père l’erreur qu’il commit envers son épouse. Après Chabat l’enfant se dirigea vers le Gaon Rav Yitsh’ak Zilberstein (voir Véhaarev Na volume 4 page 185) et lui demanda s’il avait bien agi en rappelant à son père son erreur ou bien avait-il manqué de respect envers son père. Le Rav lui répondit : tu t’es très bien comporté, tu as sauvé ton père d’une grave punition ! Le Michna Béroura (262-9) dit qu’il faut éviter toute discorde le jour le Chabat et plus particulièrement dans le couple. Rabi H’aïm Falagi annonce des évènements critiques envers ceux qui se disputent le Chabat. Le Talmud au traité Baba Métsiâ 59A nous met en garde de ne jamais faire pleurer son épouse, les conséquences sont dramatiques. Le talmud au traité Kétoubot 62B enseigne que rien ne change si le mari est un homme pieux et de grand niveau, s’il fait pleurer sa femme, si celle-ci ne verse qu’une seule larme à cause de lui il encourt de graves situations.

Rabi Haim Shmoulevitch disait : faire de la peine à autrui, et de surcroît à son épouse c’est comme allumer un incendie, et le feu brûle tout sur son passage. Par conséquent l’enfant a permis à son père de comprendre son erreur, et lui a évité le pire ! Le Rambam écrit (Ichout 15-19) l’homme ne doit jamais parler à sa femme en colère mais s’adresser à elle uniquement dans le calme !

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