« Mizmor Chir Leyom Hachabat ». Dans ses Téhilim
(Psaume 92) le roi David a compilé un cantique
spécialement pour le jour de Chabat. Dans ce
psaume le roi nous indique ce que l’homme doit
faire le jour de Chabat : « tov léhodot lachem »,
qu’il est bon, entre autre, d’exprimer notre
reconnaissance à D’IEU ! « ki simah’tani achem
bébaoléh’a bémaâssé yadéh’a aranène » – D’IEU tu
m’as réjoui par ton œuvre, dans ce que tu as fait j’ai
chanté. D’IEU réjoui l’homme par le monde dans
lequel il se trouve. En ce jour l’homme a donc le
devoir de contempler la création, de remercier
D’IEU, de chanter à D’IEU et de vivre
l’émerveillement de la vie. La joie découle de la
façon positive par laquelle on voit le monde. C’est
l’exercice du Chabat qui incombe à l’homme. La
semaine et ses activités ne nous laissent pas
beaucoup de temps à prendre conscience du
monde magnifique dans lequel nous vivons. Un
jour d’arrêt complet pourquoi ? Pour se rendre
compte dans quel univers sublime nous vivons.
Tout simplement. L’homme oublie qu’il vit dans un
monde extraordinaire et lorsqu’il en prend
conscience il ne peut que s’en réjouir. Chabat c’est
le chant de la vie. Chabat est appelé ‘’méène olam
haba’’ – un aperçu du monde à venir. Qu’est-ce que
le olam haba ? Comment on accède au olam haba ?
Comment ressentir le olam haba dans notre
monde ? Lorsqu’on prend le temps d’observer
l’œuvre magnifique divine dans laquelle nous
vivons nous pouvons ressentir des sensations qui
s’apparentent au olam haba ! Le monde à venir se
défini par la connaissance des éléments sublimes
émanant de D’IEU qui se trouvent face à l’homme.
Cette connaissance du sublime divin conduit
l’homme à chanter et louer D’IEU.
Cette idée développée par le Rav Avigdor Miller zal
(Or Olam volume 5 page 1) prend un sens
particulier dans la vie de l’homme. Effectivement
nous passons beaucoup de temps à noter le côté
négatif et dérangeant de la vie. On se plaint
constamment de ce que nous n’avons pas et de ce
que nous aimerions avoir. Pour certains la vie est
emplie d’embuche, de drame, de désorganisation
voire d’injustice… Sans rentrer dans le débat et la
démonstration de l’erreur de cette doctrine de la
vie, il s’impose de prendre un jour dans la semaine
pour se rendre compte que la vie n’est pas qu’un
ramassis de problème. La vie a aussi et davantage
un aspect sensationnel qu’on se doit de connaître,
reconnaître, goûter. C’est ça Chabat, apprendre à
apprécier cette vie et ce monde si appréciable.
Mettre en exergue l’aspect et les éléments positifs
de notre vie. Apprendre à sublimer, encourager…
Chabat, comment
atteindre le divin ?
N’oublions pas que Chabat nous élance vers D’IEU !
Cet élan vers le divin que nous nous efforçons de
chercher par la voie de la sagesse, c’est-à-dire par
le biais de l’intellect est parfois obstrué.
Effectivement en soi D’IEU est inaccessible !, ça
c’est la conclusion du cerveau, plus tu cherches
D’IEU plus tu te rends compte de l’écart qui existe
entre toi et Lui ! Cet écart à causer quelques
problèmes dans l’histoire. Tout d’abord de certains
qui sont tout simplement arrivés à une conclusion
que D’IEU n’existe pas. D’autres ont proposé l’idée
que D’IEU existe mais qu’Il n’a aucun lien avec
l’homme. De nombreuses philosophies durant
l’histoire se sont écrites autour de cette question.
Quelle est l’opinion de la Tora ?
L’immensité du sujet et sa profondeur nécessite
plus que ces quelques lignes. D’un côté l’homme a
le devoir de découvrir D’IEU tout en prenant
conscience et en se rendant compte que tout ce
qu’il découvre du divin n’est qu’un avant-goût de
l’infini. Plus tu découvres, plus tu te rends compte
qu’il y a à découvrir. L’homme doit aller à la
découverte de l’infini. Accès à l’inaccessible. Non
pas pour l’atteindre en tant que tel mais pour
atteindre la conviction de l’infini. Et, cette
approche connaît une certaine magie : plus on
avance dans la recherche plus on apprend à
connaître l’inconnu divin plus on s’en rapproche
davantage tout en constatant combien nous en
sommes loin. C’est la recherche de l’inconnu qu’on
ne pourra jamais connaître qui nous rapproche de
D’IEU. Le cerveau n’admet pas ce genre de
réflexion, tout est cadré, démontrable etc.
L’intellect de l’homme ne supporte pas le paradoxe
de connaître de l’inconnu. C’est anti cerveau. Alors
D’IEU a offert à l’homme un cœur ! Celui-ci a de
nombreuses fonctions, physiques mais également
existentiel. Le cœur qui en soi est le sanctuaire de
la pensée sécrète également des sensations. On
ressent le divin alors même qu’on ne sait pas
l’expliquer (attention rien à voir avec ceux qui
prétendent avoir D’IEU dans le cœur, même s’il y a
une vérité relative dans ce propos). Il y a des
choses dans la vie qu’on ressent fortement mais
qu’on ne peut pas expliquer. Chabat connaît
également cet aspect sensitif ! Comment se défini
cet élan ? Est-il authentique ou seulement le fruit
d’une illusion quelconque ? En d’autres termes
comment savoir si l’enthousiasme est vrai ou
faux ? Rav Sheinfeld (Ech Hachabat volume 1 page
6) propose une idée géniale : si ton enthousiasme
ne t’élance pas vers une découverte du divin alors
il est éphémère. Par contre si cette sensation du
divin te conduit à te rapprocher de D’IEU, Le
craindre, à chercher à Le connaître davantage, à
découvrir sa révérence alors c’est qu’il y a une part
de vérité dans ce que tu ressens. Si tu découvres
D’IEU et que tu restes le même tu es loin de la
vérité. Lorsque tu chantes les chants
extraordinaires de Chabat mais tu ne comprends
pas ce que tu dis alors tu ne seras jamais proche de
D’IEU, parce que ce que tu dis t’engage en rien.
C’est ainsi que notre Grand Maître Rav Wolbe ztsal
explique la distinction à faire entre Moché et
Bilâm. Alors que tout ce que Moché découvrait de
D’IEU le rapprochait de D’IEU, pour Bilâm toute sa
découverte du divin restait purement intellectuelle
mais ne changeait rien dans sa vie.
Selon ce discours il en ressort que le sensationnel
de la vie prend un sens s’il nous élève et nous
conduit à vivre notre vie différemment c’est-à-dire
que notre vie soit en harmonie avec cette
découverte du divin. Chabat c’est apprendre à
connaître D’IEU à travers la connaissance de soi.
C’est cette harmonie du divin et du moi ! On atteint
le divin lorsque le divin s’inscrit en nous ; au-delà
de l’aspect intellectuel qui est conscient de ses
limites, par le biais de l’infini qui nous anime sans
tomber dans le délire du sensationnel (peut-être
qu’il faut dire que nous devons intellectualiser
notre émotion pour l’intégrer dans notre vie…)