« Je suis Hachem qui te guéris » – par Rav Moché Mergui, Roch Hayéchiva

La TORAH dit (Parachat BECHALAH’ 15-22 à 26) : « Les Béné Israël marchèrent trois jours sans trouver d’eau (…). Ils arrivèrent à Marah et ne purent boire l’eau car elle était amère (…) Le peuple murmura contre Moshé en disant : ‘Que boirons nous !’ Moshé implora Hachem qui lui indiqua un bois, il le jeta dans l’eau et l’eau s’adoucit. Là-bas, Hachem ordonna au peuple, les lois civiles, le Shabbat, le respect des parents et la vache rousse. C’est là où Hachem mit le peuple à l’épreuve. Et Hakadoch Baroukh Hou dit : ‘Si tu écoutes la voix de l’Et.ton D., (…) toutes les plaies dont J’ai frappé l’Egypte, Je ne les mettrais pas sur toi, car JE SUIS L’ET. Qui te guéris ».

Au moment de la Traversée de la mer des Joncs, la Révélation divine est d’une puissance supérieure à celle décrite par le prophète EZEKIEL à propos du Char céleste.

Animés d’un élan sacré, les Béné Israël s’engagent courageusement et totalement dans la Voie d’Hachem, sans provisions, en éprouvant toute confiance dans leur guide Moché et dans les Colonnes de Nuée qui les dirigent vers le désert. Comme dit le prophète Jérémie « Ainsi, dit Hachem, Je me rappelle ta jeunesse, l’amour de tes fiançailles

lorsque tu Me suivis dans le désert, une terre inculte. »
Après trois jours de marche dans le désert, l’effet extraordinaire de la Vision divine se dissipe et la réserve d’eau s’épuise. Survient ainsi la confrontation avec la première épreuve qui consiste à tester la réaction des Bene Israël: sera-t-elle empreinte de respect et de confiance en Hachem, et l’eau sera douce? Ou leur réaction sera-t-elle, comme dit le verset 24 : « Le peuple murmura contre Moché en disant : Que boirons nous ! »

Rachi explique : ils n’ont pas pris conseil d’une manière correcte auprès de Moshé Rabbénou en lui disant : implore pour nous la Miséricorde divine afin que nous bénéficiions d’eau douce à boire !

Le but de l’épreuve est de permettre à l’homme de découvrir ses défauts personnels.
Hakadoch Baroukh Hou, qui est le médecin de l’âme, veut que l’être humain prenne conscience de ses imperfections pour les corriger et devenir parfait, comme dit le verset 26 : « Tu feras ce qui est droit à Ses yeux, tu prêteras l’oreille à Ses préceptes et tu garderas toute le Torah, alors toutes les plaies dont J’ai frappé l’Egypte, Je ne les mettrais pas sur toi car Je suis HACHEM QUI TE GUERIS ».

Tehilim 8

« Lamenatseah Al haguitit mizmor ledavid ». Inspiré de Rachi, du Radak et du Méiri, dans ce psaume le roi David raconte la puissance de D’IEU. Il vient louer, faire des éloges à D’IEU qui nous laisse voir Sa puissance dans le monde.
Il remercie D’IEU d’avoir fait résider sa Chéh’ina dans le monde, parmi les créatures de ce bas monde, et sur la Providence Divine.
D’IEU a élevé l’homme et lui donne le pouvoir sur toutes les créatures qui ont été créées pour l’homme.
Selon Rachi, aux noms de ses Maîtres, ce psaume fait également allusion à la Guéoula finale, délivrance qui nous libérera de l’exil de Edom.
On peut relier ces deux idées, celui qui est conscient que dans ce monde se trouve la présence et la providence divine il est à même de vivre la Guéoula. Plus encore, la Guéoula commence dans cette reconnaissance de la présence divine au présent. La Guéoula qui est le monde de demain commence au présent dans le monde d’aujourd’hui !
Ce psaume, selon le Méiri est une louange à propos de la Tora, le verset 3 « mipi olelim veyonekim yessadta oz », les Sages expliquent qu’il se rapporte au don de la Tora. Ce verset traite des enfants qui s’investissent dans l’étude de la Tora. Dès son plus jeune âge l’enfant doit être conduit vers l’étude de la Tora. C’est ainsi qu’il apprendra à connaître D’IEU et à le découvrir en toute circonstance de la vie.
Dans ce psaume, le roi David vient répondre également à ceux qui renient la création du monde et la Providence Divine ainsi que les fondements de la foi. Il y a des gens qui renient la présence divine, ils pensent que D’IEU est absent, ils renient que D’IEU a créé le monde, et à tous

ceux-là David vient répondre. Ils les appellent (verset 3) ‘’tsorer’’, ‘’oyev’’ et ‘’mitnakem’’.
Nous avons ici trois termes qui décrivent ceux qui sont les ennemis de D’IEU.

Le Even Ezra et le Radak expliquent que ‘’tsorer’’ ce sont ceux qui renient D’IEU et disent que le monde n’est géré que par les lois de la nature et du hasard.

Le ‘’mitnakem’’ c’est celui qui s’en prend à ceux qui croient en D’IEU, par la parole ou par l’action. Mais lorsqu’on voit tous les prodiges et les bontés que D’IEU fait à l’homme depuis sa naissance, on reconnaît bien que tout est fait dans une intention bien définie et que les choses ne sont pas le produit du hasard.

‘’Tamshilehou bemaassé yadéh’a’’ (verset 7) : tu as donné à l’homme le pouvoir de gouverner l’œuvre de Tes mains ; c’est quoi le pouvoir de gouverner ?

Le Sfat Emet dit, rapporté dans Tehilim Oz vehadar, que « l’œuvre de Tes mains » ce sont les néchamot, comme il est dit dans Isaïe 57-16 « veneshamot Ani assiti » – J’ai fait les âmes, D’IEU a donné à l’homme le pouvoir de gouverner la néchama qui est en lui. L’homme a la possibilité, la capacité d’extraire les potentialités de la néchama !

C’est ça la ‘’memshala’’ – la gouvernance, on a le pouvoir de mettre en œuvre les koh’ot (énergies) enfouies dans la néchama.
Selon le Sefer Hakadmon, la ségoula du huitième psaume de Tehilim est pour trouver grâce aux yeux des créatures. Peut-être pouvons-nous dire que l’homme qui anime sa vie de émouna (foi) il est accompagné d’un don particulier, on reconnaît sur sa personne qu’il est escorté par D’IEU.

De même, dit-il, c’est une ségoula pour calmer un enfant qui pleure beaucoup. Peut-être cette vertu vient du verset 3 qui parle des enfants. Pleurer c’est ressentir un manque, la meilleure façon de combler un enfant c’est de lui enseigner la Tora…

Parachat Bechalah’

D’IEU est roi

Lorsque les enfants d’Israël traversent la mer ils chantent. Leur chant se clôture par une phrase qui contient toute leur reconnaissance en D’IEU, ils disent « Hachem yimloh’ léolam vaed’’ (15-18) – D’IEU règnera pour toujours et pour l’éternité. Ils reconnaissent la royauté divine qui ne cessera jamais. Le fait de reconnaître que la royauté divine ne connaît d’interruption est une idée fondamentale. Là à la traversée de la mer ils voient la royauté divine. Cependant l’expression ‘’leolam vaed’’ est une répétition, pour toujours et pour l’éternité sont synonymes, pourquoi le dire deux fois ?

Rav Shteinman zal (Ayélet Hachah’ar) dit que lorsqu’on répète les choses on les ressent davantage. La répétition ici n’est pas pour exclamer cette éternité de la royauté divine, mais c’est pour l’homme afin qu’il en soit réellement imprégné. Il ne suffit pas de dire les choses, il faut se les répéter jusqu’à les ressentir de façon authentique ! Nous savons que D’IEU est présent, nous avons foi en D’IEU, nous savons tout cependant les idées restent dans nos esprits et ne vont pas jusqu’au cœur et encore moins jusqu’à l’action. Les Maîtres, notamment le Ramban, ont recensé de nombreux versets tirés de la Tora rappelant les concepts de la foi, ils veulent que l’homme les répète tout le temps et ce afin de vivre en cohérence de ces textes.

L’assaillant victime

L’homme doit prier afin de ne pas être la cause du mal qui atteint l’autre, sans quoi le mal reçu par l’autre par sa cause de quelque manière soit-elle risque de se retourner contre lui. Nous tirons cet enseignement du roi David, effectivement le talmud au traité Sanhédrin 95A dit que D’IEU reproche au roi David que les habitants de Nov ont été tué par sa faute ! Ceci est très étonnant, c’est Shaoul qui décima la ville de Nov, et non David ? L’histoire raconte que Shaoul poursuivait le roi David, ce dernier a choisi de se cacher dans la ville de Nov, ce qui entraîna le courroux de Shaoul et le conduit à tuer tous ses habitants. La faute est comptabilisée pour David, c’est à cause de lui que les habitants de Nov périssent. Rav Ben Tsion Moutsapi (Dorech Tsion page 326) rapporte le H’atam Sofer qui, suivant cette idée, explique : la traversée de la mer se termine avec un verset qui dit (15-26) « tous les maux de l’Egypte je ne les placerais pas sur toi », on aurait pu supposer que les Enfants d’Israël soient punis parce qu’à cause d’eux les égyptiens périssent, la Tora leur promet qu’ils sont épargnés de ce décompte, les maux qu’ont subit les égyptiens ne e retourneront pas contre Israël ! On peut s’interroger pourquoi ici la règle de l’effet boomerang est-elle déjouée? Peut-être parce que les Égyptiens ont déjà fait subir à Israël de nombreux maux, ce sont les Égyptiens qui

sont sous l’effet boomerang du mal qu’ils ont infligé à Israël. N’oublions pas qui est l’assaillant et qui est la victime… Il y a un jeu malsain dans l’histoire de l’homme, l’assaillant qui se positionne en victime, cela touche de nombreux domaines de notre société, c’est le mensonge de notre société… On s’autorise de faire du mal à l’autre prétextant que c’est à cause de lui, c’est insupportable…

L’ivresse de l’argent

Réouven se dirige à la synagogue pour aller prier, et il voit une affiche sur une boutique qui affiche ‘’les vingt premiers clients auront leur argent en retour’’. Il est dans un dilemme, pour certains ce n’est pas une question, fonce à la boutique et tu feras la prière seul ! L’argent détourne notre esprit et nous égare de notre mission. Rav Rabinovitch (Tiv Hakéhila année 9 page 238) rappelle qu’avant de traverser la mer, le pharaon use de ce subterfuge envers Israël, il veut à tout prix les faire revenir en Egypte et pour cela il leur promet or, argent et pierres précieuses ! les Enfants d’Israël ont du mal à quitter la mer, ils veulent ramasser ce butin (voir Rachi 15-22), Moché doit les forcer pour poursuivre leur voyage. C’est incroyable de constater que l’homme peut tout perdre à cause de l’appât de l’argent… L’argent est une ivresse qui abolit l’esprit de l’homme, il perd sa raison et fait le mauvais choix.

La Bouche – par Rav Immanouel Mergui

La première fois que le Talmud nous parle de la bouche il nous livre une perle merveilleuse : « Rabi Chimon Ben Lakich et Rabi Yossé enseignent : l’homme ne doit jamais ouvrir sa bouche au satan » (traité Bérah’ot 19A). On ne doit pas prononcer des propos qui risquent de se retourner contre nous-mêmes. Apprendre à ouvrir sa bouche c’est avant tout ne jamais prononcer des propos négatifs. De la bouche ne doit sortir seulement des paroles positives. Les mots négatifs sont une invitation au satan. Ce satan ne s’occupe pas seulement de celui envers qui on a tenu des propos malpropres mais il se tourne vers celui qui les a tenus. Le satan n’a pas tellement besoin d’invitation, sa mission et d’augmenter le mal dans le monde, il œuvre pour trouver ce qui ne va pas chez l’homme et il présente ses accusations devant D’IEU. L’homme doit tout faire pour éviter le satan. Mais celui qui parle mal et de façon négative il introduit le satan dans sa propre vie. Le satan n’attend qu’une chose : ceux qui parlent mal. Pourquoi ? Parce que c’est sa propre mission, critiquer, condamner, accuser. Celui qui parle mal emploie l’arme du satan, alors ce dernier arrive en courant ! N’oublions pas que le propre même de l’homme est sa faculté de parler, il nous faut à tout prix éviter les discours sataniques, on est homme lorsqu’on se distingue de notre façon de parler par rapport à

celle du satan. Les gens qui vont mal sont (souvent) des gens dont leur verbe contient des maux. La vie est le produit de notre parler. Parle bien tout ira bien. C’est, notamment, la raison pour laquelle la médisance et les propos dégradants tenus envers autrui, connait des sanctions très sévères. Nous ne sommes pas assez conscients du mal que l’homme se fait à lui-même lorsqu’il dit du mal sur l’autre. Les pires catastrophes qui atteignent l’homme ne sont que le reflet de sa propre parole. Et, encore une fois, ceci est le premier enseignement des Maîtres dans le Talmud à propos des facultés de la bouche. C’est le point de départ. Critiques, accusations, dénigrements etc. sont la porte ouverte à tous les maux de la vie. Ce qui sort de ta bouche est le programme de ce qui va t’arriver ! Sans faire appel au principe que la parole est créatrice, la mauvaise parole incite le satan. La parole est créatrice est un dicton vrai à propos de D’IEU, effectivement IL créa le monde par la Parole, IL continue de le gérer par sa Parole tel que nous le disons avant de boire une boisson ‘’chéakol niya bidvaro’’, tout est le produit de la Parole divine. Mais l’homme par sa parole exécrable abîme la parole divine et introduit le pire dans la vie. Les Sages ont constitué une prière dans laquelle nous prions D’IEU qu’IL retire le satan de notre vie, ceci dans la bénédiction intégrée dans la prière du soir

‘’hachkivénou’’. Comment d’un côté nous demandons à D’IEU d’ôter le satan de notre vie, si par ailleurs l’homme réintroduit le satan dans a vie ?!

Le Maharcha explique que lorsque le satan accuse il prend l’homme de mauvaise parole à témoin ! Ceci éveille la justice divine. Le Kotev dans le Eyn Yaâkov dit que la mauvaise parole ne laisse aucune place à la miséricorde divine !

La situation actuelle que nous vivons à travers l’épisode du covid conduit certains à tenir des propos d’une extrême gravité (dont je tairais puisqu’il ne faut pas ouvrir la bouche au satan), ces mauvais présages tenus par certaines personnes sont dramatiques, et il me semble qu’un des enjeux face à cette épreuve est d’apprendre à rester positif dans son verbe. La besogne n’est pas facile surtout lorsque certains prétextent leur propos par la réalité que tout va mal. Apprendre à parler de façon bonne c’est même lorsque tout ne va pas très bien. Comment ? Nous devons inventer, créer, des discours agréables. C’est là que tout ira bien. Ne parler que de ce qui va bien, rappeler les bienfaits divins et sa bienveillance. Mais cessons le fléau des paroles qui annoncent le pire.

Il ne nous reste qu’à apprendre à parler positivement, et à ne prononcer aucune parole déficiente par notre bouche.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *