« Pessah’, remercions l’Eternel Vivant ! » – Rav Moché Mergui-Roch Hayéchiva
En cette veille de PESSAH’, je saisis l’occasion par laquelle la TORAH consacre deux Parachiot, TAZRIA- METSORAH, aux lois de celui qui fait sortir de sa bouche [Pé] de la médisance sur son prochain, médisance appelée LACHON HARA.
Le nom de la fête de PESSAH’ est composé de deux mots : Pé et Sah’, qui signifient en hébreu la bouche qui parle et raconte.
Remarquons que la lettre Pé en hébreu possède la forme de la bouche ouverte, avec en cursive la langue en bas. ! פ – Mais, en lettre d’imprimerie, la langue est en haut La langue en hébreu se dit LACHON, on distingue totalement la langue sacrée, LACHON HAKODECH et la langue mauvaise, le LACHON HARA.
Le LACHON HAKODESCH est réservé à la prononciation de belles Paroles de Torah et des Louanges pour la Gloire divine. A l’opposé, la langue méchante, de laquelle sort du mal, c’est-à-dire en hébreu le mot METSORA, est composée de MOTSI RA : sortir du mal. Le mot PE – SAH’ se construit ainsi : La lettre Pé, en hébreu פה, a une valeur numérique de 86 (P =80 Hé =5 ; en ajoutant au mot lui-même, cela correspond à la valeur numérique de ELO…..M [ET……EL], c’est-à-dire 86. Les lettres formant SAH’ סח ont une valeur numérique de 68 (S=60 H’=8= 68) qui correspond à la valeur numérique de H’AIM [LA VIE].
La fête de PE (86) – SAH’ (68) nous fait découvrir la grandeur et la puissance de l’ET. VIVANT.
La MITSVAH relative au récit de la sortie d’Egypte [SIPOUR YETSÏAT MITSRAÏM] ne se limite pas à raconter l’histoire de la Sortie d’Egypte, car il s’agit de REVIVRE cet événement historique qui est le fondement de notre EMOUNAH.
La nuit de PESSAH’, la bouche parle, commente et développe l’explication, avant d’accomplir chaque MITSVAH : MATSAH, ‘HAROSSET, les 4 coupes de vin, le plateau. Tout doit être accompli en position accoudée sur le côté gauche, en signe de Liberté.
La conclusion de cette belle soirée de PESSA’H est de proclamer toute notre reconnaissance à HACHEM VIVANT (Pé 86 SAH’ 68) pour tous Ses Bienfaits.
C’est pourquoi il est de notre devoir de remercier, de louer, de vanter, de célébrer, d’élever de glorifier, de bénir, d’exalter, et de magnifier L’ET…… VIVANT, QUI A FAIT TOUS SES MIRACLES POUR NOS PERES ET POUR NOUS.
Psaume 16
« Mih’tam ledavid »
Selon le Rid, ce psaume a été composé par le roi David dans lequel il remercie D’IEU pour tous les bienfaits qu’Il lui a accordés. Il est intéressant de noter que plusieurs psaumes sont l’expression du remerciement du roi David envers D’IEU, il n’y a bien évidemment pas de limite à cet exercice.
Dans ce psaume, le roi David va aussi maudire les idolâtres et va vanter le bonheur qui attend les tsadikim dans le monde à venir.
Mih’tam ledavid : le mot mih’tam selon plusieurs Mefarshim est un des instruments de musique qu’utilisaient les leviim pour chanter sur les marches du Bet Hamikdash et, comme je l’ai déjà fait remarquer plusieurs fois, c’est incroyable que le roi David lorsqu’il prie lorsqu’il remercie D’IEU, il le fait avec des instruments de musique et il en parle. Je n’ai pas encore trouvé une explication satisfaisante à la raison pour laquelle il a besoin de nous dire avec quel instrument de musique il chante et psalmodie et il remercie Hakadosh Barouh’ Hou ? ….
Garde moi Hachem car j’ai confiance en Toi, c’est au nom de cette confiance en D’IEU et rien d’autre que le roi David demande à Hakadosh Barouh’ Hou de le garder et de le protéger. Dans Metivta sur Tehilim il ramène au nom du H’ozé David qui explique que le roi David dit qu’il pourrait implorer la miséricorde la bienveillance de D’IEU au nom de ses mitsvot, de ses bonnes actions mais ce n’est pas au nom de ce que « j’ai fait » que je m’adresse à D’IEU mais au nom de ce qu’Il est Tov ! C’est donc soi au nom de ce que d’IEU fait pour moi que je m’adresse à Lui, soit de façon plus absolue c’est au nom propre de la bonté divine que je m’adresse à Lui.
A tel point que le Sfat Emet rajoute qu’au psaume 18, on dit que D’IEU est le protecteur de tout celui qui a confiance en Lui, même si une personne n’est pas convenable, elle ne fait pas les bons choix dans la vie etc, mais par le biais du bitah’on, de la confiance en D’IEU, on demande sans que D’IEU regarde ce que je suis mais je m’adresse à D’IEU par rapport à ce qu’Il est ! Est-ce que la référence de ma téfila c’est moi où c’est Hakadosh Barouh’ Hou ?!
Il nous invite de dire à D’IEU « Tu es D’IEU », et par cette reconnaissance, par cette parole, comme on dit dans le halel, on exprime que D’IEU est le maître de tout, c’est de par Sa bonté qu’IL donne le bien, mais rien n’oblige D’IEU à être bon avec nous.
Le bien s’impose de parce qu’Il est D’IEU, mais rien de s’impose bien sûr… c’est intéressant ce paradoxe.
Il vient également au nom des kédoshim – des saints des avot, de nos ancêtres et au nom de tous les
tsadikim et ceux qui agissent selon la voie de la volonté de D’IEU. En revanche, pour ceux qui renient D’IEU, alors là il est violent. « Augmente la souffrance des mécréants, de ceux qui renient D’IEU », le roi David prie pour la souffrance des impies (d’ailleurs nous avons une prière une des bénédictions de la amida lamalchinim…). David demande aussi de ne pas être influencé, que D’IEU l’aide à ne même pas prononcer le nom des idolâtres, de ceux qui renient D’IEU.
« D’IEU Tu es ce que j’ai », ma part, littéralement. Puisque j’ai compris que tout ce que j’ai me vient de D’IEU alors je suis content de tout, rien ne me déplaît, rien ne me frustre. Tu m’aides à opérer des choix dans ma vie, il faut prier D’IEU pour savoir faire le choix qui correspond à Sa volonté et ce que Tu me permettras de faire je m’en réjouirai, je ne serai pas jaloux. Je ne vais pas voir ce qu’il se passe chez le voisin. Je remercie D’IEU pour les bons conseils les bonnes idées. Comment on obtient cette aide divine qui déclenche la simh’a, la satisfaction de la vie et de ce qu’on a ? C’est lorsqu’on met D’IEU en face de nous tout le temps, shiviti Hachem lenegdi tamid ! Quoi que je fasse dans la vie je ressens que la cheh’ina, la présence de D’IEU est là ! Donc tu es toujours content, bien, heureux, car ce qui est là vient d’Hakadoch Barouh’ Hou, et D’IEU est Tov !
« Hachem ne m’a jamais quitté de ma droite, je ne me suis jamais écroulé », pourquoi ? Car D’IEU est là ! Il est là parce que je l’ai placé là, ceux qui disent qu’ils ne voient pas D’IEU, ‘’D’IEU n’est pas là, c’est qu’ils ne mettent pas D’IEU avec eux!
On retrouve dans ce verset 8 la même chose que nous avions vu au verset 5 du chapitre précédent où il avait dit « ossé élé lo ymot leolam ».
Si je suis heureux dans mon cœur, je suis heureux dans mon corps. Et si je suis heureux dans mon cœur et dans mon corps alors je suis heureux aussi dans ma néchama. Car ma néchama va retourner dans le monde à venir, dans le Olam Aba mais la néchama attend toute la vie de voir comment l’homme va se comporter et si elle va retourner également proche d’Hakadoch Barouh’ Hou.
N’abandonne pas mon âme vers l’abîme, et évite à ceux qui Te craignent ! Fais-moi savoir, termine le roi David, le chemin de la vie, qui nourrit et satisfait les réjouissances, en Te voyant D’IEU, tout ce qu’il y a d’agréable Tu l’offres à l’homme pour l’éternité.
Selon le Sefer Hakadmon, c’est une ségoula pour retrouver un voleur. Car David demande de mettre en avant les tsadikim et d’effacer les rechaim. Donc si malheureusement on est tombé sur un voleur, de le retrouver ça fait partie de la délivrance qu’attend le tsadik, ça veut dire qu’il est protégé dans son corps, dans son âme et dans tous ses biens.
Parachat Tazria
MILA
Le Midrach Tanh’ouma enseigne : chère est le commandement de la circoncision aux yeux de D’IEU, qu’IL fit promesse à Avraham que tout celui qui est circoncis ne verra pas l’enfer ! Le Tsadik Rav Chalom Shwadron s’interroge (Lev Chalom): la circoncision est-elle expiatrice de toutes nos fautes? il explique, le Midrach enseigne encore : chère est la mila pour Israël qu’ils dépensent de l’argent pour réaliser convenablement ce commandement ! Cela veut dire que ce n’est pas uniquement l’action de la réalisation du commandement divin qui est important mais c’est également (voire surtout) l’élan avec lequel on réalise le commandement divin, ceci témoigne de la profondeur du cœur qui y est mis. Au traité Baba Batra 7b Tossfot font remarquer que tout le salaire de la mitsva de tsédaka dépend et découle de la façon dont on donne la tsédaka c’est-à-dire ‘’belev tov venefech h’afétsa’’ avec bon cœur et désire de l’être. Un des éléments qui nous permet de définir l’élan de l’homme dans son accomplissement des mitsvot c’est l’argent qu’il est près de dépenser pour réaliser la mitsva, lorsqu’on aime on dépense sans compter. Lorsqu’untel me demanda combien faut-il payer le mohel pour la circoncision qu’il opéra durant Chabat ? Je lui répondis, poursuit le Rav, lorsque tu vas acheter une poussette ou un lit pour ton nouveau-né est ce que tu discutes le prix ?! Si tu veux épargner ton fils de l’enfer ne radine pas sur les dépenses liées à la mila.
LACHON HARA
Notre Paracha traite des lois de la tsaraât – maladie qui touche la maison de l’homme, ses vêtements et ses habits. Le Talmud nous enseigne que cette maladie atteint notamment celui qui médit. Les effets du lachon hara s’abattent sur celui qui médit. L’agresseur médisant s’attire de lourds ennuis. La médisance se définit en un seul mot : ne rien prononcer de négatif sur quiconque. Rav Israël Meir Hacohen ztsal de Radin a compilé l’un de ses plus grands ouvrages connus sous le nom de H’afets H’aïm pour nous livrer la Halah’a dans ce domaine. Il note un point important s’il est extrêmement grave de prononcer du mal sur l’autre parfois il est un devoir de dire ce qui n’est pas correct chez l’autre. Toute la délicatesse de ses lois c’est justement de savoir quand il est grave de parler et quand il est grave de se taire. Que devons nous dire et quand dévons nous le dire et à qui devons-nous le dire, ce sont des questions primordiales que nous devons traiter avant d’ouvrir notre bouche. Et, rappelle-t-il ne faut pas s’empresser de décider quand se taire et quand ouvrir sa bouche vu la délicatesse du sujet et des dégâts en conséquence. Un des sujets des plus fragiles en matière de lachon hara est le couple. Quand a-t-on le droit et le devoir d’informer d’un problème chez l’un des futurs conjoints, du couple qui est en train de se former, le H’afets H’aïm a réservé la fin de son ouvrage tout un chapitre intitulé ‘’Tsiour Chélichi’’ sur cette question. ‘’Les dégâts sont très fréquents’’ dit-il, ‘’les gens se croient tout permis’’ s’exclame-t-il. La question touche les défauts aussi bien physiques que caractériels. Une des questions qui a longuement été traitées par de nombreux décisionnaires est de savoir si on doit informer le futur conjoint de son origine fécondatrice, effectivement il est assez répandu de rencontrer des gens qui sont nés de fécondation par mère porteuse, la chose doit- elle être révélée aux jeunes-gens avant leur rencontre ? Rav Tsvi Reizman dans son ouvrage fabuleux Rats Katsévi Porioute volume 2 a consacré de la page 419 à 503 sur cette question !… La question du lachon hara et du couple touche également le couple après qu’il a été formée, de toute évidence une femme, comme l’homme, doivent limiter de raconter à leur parent ce qui leur gêne chez leur conjoint, les parents sont à presque cent pour cent mauvais conseilleur dans les conflits conjugaux de leurs enfants, ils vont jusqu’à détruire le couple de leur enfant… (Bien évidemment il ne s’agit pas là de cas extrêmes voire dangereux pour l’un des deux conjoints). Le lachon hara détruit les couples et les familles.
La Matsa du Futur – par Rav Immanouel Mergui
La fête de pessah’ arrive à grand pas. Un des commandements que nous réalisons le soir du >Seder de Pessah’ est la triple consommation de la MATSA. Pour motsi-matsa, koreh’ et l’afikoman. Hommes et femmes sont tenus par ce commandement, à consommer trois fois trente grammes de matsa. Dans La Hagada nous expliquons que la consommation de la matsa est due au fait que nos ancêtres n’avaient pas eu le temps de laisser leur pate fermentée. On peut s’interroger, s’exclame Rabi H’aïm Kanievsky ztsal (Hagada Torat H’aïm page 240, Taâma Dikra Chémot 29-1), voilà que le commandement de consommer de la matsa leur a été ordonnée alors qu’ils étaient encore en Egypte et n’étaient pas encore sortis, alors disons-nous qu’ils n’avaient pas eu le temps de laisser la pate fermentée ? Lorsque D’IEU leur ordonne de consommer la matsa IL savait que les Égyptiens les renverrait à toute hâte, D’IEU leur ordonna dès lors de consommer le pain sous forme de matsa. Il faut donc lire d’après cela ‘’mangez de la matsa car ils ne vous laisseront pas sortir si ce n’est qu’en vous expulsant’’ – la matsa témoigne d’un futur et non d’un passé. C’est certainement dans cet état d’esprit qu’à notre tour nous consommons la matsa, et réalisons tout le Seder de Pessah’, non pas comme un rappel du passé mais comme une annonce pour le futur !
Rav Chimon Yossef Miller (Hagada Chaï Latora page 285) développe une idée sensationnelle : les Enfants d’Israël fêtent leur liberté avant même d’être sorti ! Et surtout ils ne fêtent pas l’échec de leur ennemi, c’est la raison pour laquelle avant même d’être sorti ils consommèrent la matsa. Cela veut dire que leur confiance en D’IEU était totale, jusqu’ici ils étaient témoins de la fin de l’Egypte mais n’avaient encore rien vécu de leur liberté et pourtant ils mangent déjà la matsa pour annoncer leur sortie. D’IEU ne veut pas qu’on se réjouisse de la chute de nos ennemis ! Avant même de vivre la sortie d’Egypte et de voir la défaite de nos ennemis nous avons le commandement de manger cette matsa qui annonce un futur meilleur !
Mais allons encore plus loin, tel que le note Rav Y.D. Soloveitchik zal (Hagadat Masoret Harav pages 115,116): la liberté opérée par D’IEU arrive toujours au moment où l’on vie le désespoir à son
apogée, là où plus personne n’y croit, où on a même l’impression que nos prières ne servent plus à rien, c’est là que la Guéoula se déclenche, elle arrive soudainement, au milieu de la nuit, sans que personne ne s’y attend et n’ai même eu le temps de s’y préparer. C’est le point le plus fort de la sortie d’Egypte, c’est ce qui détermine l’essence de toute Guéoula : l’apparition soudaine divine ! Les Enfants d’Israël ne s’attendaient pas à ce que d’IEU leur dise au milieu de la nuit que le moment de leur liberté était arrivé. C’est la raison pour laquelle, dit-il encore, que selon le Rambam on ouvre la Hagada par le passage ‘’bibhilou yatsanou imitsraïm’’ – c’est sous le signe de ‘’bibhilou’’ que nous sommes sortis d’Egypte, ce terme renferme l’idée de la ‘’béhala’’ l’excitation et la confusion soudaine.
Analysons encore ce phénomène. Rav Reouven Loïh’ter dans sa Hagada Taam Hapésah’ (page 65) s’écrie : la sortie d’Egypte s’est opérée de façon inopinée ! Le peuple d’Israël n’a même pas eu le temps de se préparer ! pourquoi est-ce ainsi ? Pourquoi ne pas leur avoir prédit une date de sortie afin qu’ils s’en préparent convenablement ? Nous devons comprendre dit-il le concept de Guéoula d’Israël dépasse de loin toute conceptualisation humaine et intellectuelle, la Guéoula est un exercice divin, aucune préparation humaine n’est plausible, La seule chose que nous avons à faire c’est de se tenir prêt à tout abandonner lorsque D’IEU se manifeste et de Le suivre pleinement. Prêt ou pas, animé de cette foi qui veut que le dévoilement divin puisse se faire à tout moment et là nous Le suivrons pleinement. C’est ce qu’il se passe pour l’attente de la venue du Machiah’ notre seule préparation c’est cette conviction qu’à tout moment D’IEU peut se manifester et il nous incombera de Le suivre.
Mais si nous mangeons la matsa en souvenir de leur précipitation, voilà qu’eux n’ont mangé de la matsa qu’un seul jour, dès lors pourquoi il nous incombe d’en consommer sept jours ? Rav Yehezkel Lewinstein zal rapporte au nom de Rav Reouven Melamed (Hagada Yadav Emouna page 268) : il nous faut sept jours afin d’intégrer une idée dans notre cœur. La consommation d’ordre mitsva ne dure que la nuit du Seder cependant pour qu’il en reste quelque chose en notre esprit il nous faut en consommer toute une semaine.