« Et ce fut le contraire ! » – par Rav Moché Mergui-Roch Hayéchiva
Il est écrit dans la Méguila (9-1) « le jour même où les ennemis avaient espéré prendre le dessus sur eux, et ce fut le contraire qui eut lieu » les juifs allaient prendre le dessus sur ceux qui les haïssaient ». En effet, Pourim, fête du tirage au sort, fut la défaite de Haman, tanndis que pour Mordéh’aï, ce fut le contraire – vénahafoh’ hou ! Mais par quel contraire Mordéh’aï a-t-il réussi à inverser le cour des évènements ?
«Et ce fut le contraire» – de ce que à quoi les juifs pensaient en se rendant au festin royal d’Ah’achvéroch : entretenir des bonnes relations. Pour Mordéh’aï Hayéhoudi il n’est pas question d’y participer, effectivement il ne correspond pas à l’esprit e la Tora de s’y rendre.
« Et ce fut le contraire » de Haman : il avait émis l’ordre claire – tout le monde devait se prosterner au passage de Haman sous peine de mort. Mais Mordéh’aï ne s’agenouille pas ni ne se prosterne.
« Et ce fut le contraire » de la reine Esther : en entendant le décret de Haman, Mordéh’aï déchire ses vêtements et se recouvre de cendres. Il refuse de se vêtir des vêtements que la reine lui envoie. Face au danger d’extermination Mordéh’aï défend l’idée qu’il ne faut pas camoufler son identité par de beaux vêtements, mais ‘affronter courageusement en restant fidèle à nos valeurs.
« Et ce fut le contraire » ; Mordéh’aï dévoile à la reine Esther l’origine de Haman l’impie, en lui disant ce qui était advenu – acher karahou, ce terme a pour racine ‘’car’’ refroidir. Haman était le descendant de Amalek qui s’est attaqué aux Béné Israël lorsqu’ils allaient recevoir la Tora. Au propos de Amalek il est dit ‘’acher karéh’a’’, il est venu te refroidir dans ton ardeur spirituelle et a tenté
de décourager Israël de recevoir la Tora. Le festin de Ah’achvéroch s’établissait en complicité avec Haman et la reine Vachti, dont le but était d’entraîner les Béné Israël vers la débauche et ainsi les détruire spirituellement. Cela coûtera la vie à la reine Vachti. Mordéh’aï Hayéhoudi, va au contraire, faire expier la faute d’avoir participé au festin non conforme à l’esprit de la Tora par trois jours de jeûnes pour tout le peuple, même les enfants, trois jours de téchouva.
« Et ce fut le contraire » de la transformation di tirage au sort, un jeu irréfléchi où on jette des dès en l’air, pour un pile ou face. NON ! Au contraire il faut réfléchir et ne pas laisser entraîner et comprendre que le véritable danger prend son origine dans sa propre infidélité, afin de pouvoir renverser le projet d’extermination de nos ennemis.
De nos jours encore nous sommes clairement témoins de la menace d’extermination des Béné Israël par une arme redoutable, l’arme nucléaire ! Notre ‘’refroidissement’’ pour la pratique de la Tora et ses commandements en est la cause. On ne peut compter sur aucun allié humain. Au contraire notre seul et véritable allié est notre Père Céleste. Puissions-nous nous inspirer de la clairvoyance ce Mordéh’aï Hayéhoudi qui nous donne l’exemple d’une fidélité infaillible à Hachem.
« Et ce fut le contraire », par sa détermination Mordéh’aï a renversé le mauvais sort de Pourim en le transformant en un véritable programme de Tora. Comme dit la Méguila (8-16) » pour les Juifs ce n’était que lumière » – c’est la lumière de la Tora, les fêtes, la circoncision et les Téfilin… Bonne fête de Pourim !
Tehilim 14
« Lamenatseah’ mizmor ledavid, Amar naval belibo ein elokim… »
Inspiré de Rachi et du Radak, le roi David va prononcer ce mizmor à propos des différents exils que va subir le peuple d’Israël et il terminera par une prière pour obtenir le secours, la yeshoua de D’IEU.
Certains Mefarshim expliquent que le roi David a dit ce mizmor par rapport au bet hamikdach qui sera détruit par les peuples ennemis de D’IEU et d’Israël. Et il parlerait de Nevouh’adnetsar qui a détruit le premier Temple
Il ouvre ainsi le mizmor : Amar naval belibo ein elokim, le naval, un être sot, idiot et bas, le fou se dit dans son cœur que D’IEU n’existe pas, il n’y a pas de D’IEU qui juge l’homme. D’après Rachi d’ailleurs il s’agit de l’armée de Nevouh’adnetsar, qui lorsqu’il rentre dans le Temple pour le détruire va dire « tu vois D’IEU n’intervient pas, pourquoi Il nous laisse faire ». Pourquoi c’est comme ça, pourquoi D’IEU laisse faire ? C’est une très grande question. Certainement pas pour montrer Son accord avec ce que nous faisons. C’est entre autres pour laisser la place au libre arbitre, ou d’autres notions importantes.
En tous cas le sot se dit qu’il n’y a pas de D’IEU, il n’y a pas de juge ni de justice, c’est l’homme qui fait la loi, qui fait la Tora, qui fait dieu. Pour dire ça il faut être idiot, il n’y a pas de réflexion, il n’y a pas de philosophie derrière ça. D’ailleurs le Alshih’ dit qu’il est écrit naval « belibo», il se dit dans son cœur. Il se dit dans son for intérieur qu’il n’y a pas de D’IEU. Selon le Yaavets on parle de celui qui de l’extérieur montre qu’il croit en D’IEU mais de l’intérieur il renie D’IEU. Ce qui est intéressant c’est que la Emouna ne nécessite pas obligatoirement de grandes philosophies, c’est une réflexion première, naïve. Ce n’est pas celui qui croit en D’IEU il est h’ah’am, c’est celui qui ne croit pas en D’IEU qui est idiot ! C’est incroyable !! C’est à réfléchir….
Certes dans la Emouna il y a des niveaux, mais ce n’est pas de la H’oh’ma de croire en D’IEU et si tu n’y crois pas tu es « normal ». Non. Si tu crois en D’IEU tu es normal et si tu ne crois pas tu es un idiot.
Ce qui est intéressant à noter c’est le fait que dans ce psaume David parle de la destruction du bet amikdash par les ennemis de D’IEU et d’Israël, il va prier pour la délivrance du peuple d’Israël, mais il va commencer par la Emouna. C’est à dire l’origine de tout ça ! Si on ne croit pas en D’IEU, alors on détruit le bet hamikdash et on arrive à faire du mal au peuple d’Israël. L’origine de tout l’exil, de tous ces drames causés, notamment ici par les peuples
ennemis c’est parce qu’ils ne croient pas en D’IEU, il n’y pas de Emouna.
Si l’homme pense qu’il n’y a pas de D’IEU sur terre alors c’est l’anarchie, alors je détruis ce que je veux je fais ce que je veux.
On ne peut pas détruire le monde au nom de D’IEU. Si on détruit le monde, si on détruit l’autre, c’est qu’on pense que D’IEU n’existe pas.
Détruire l’autre, faire des guerres au nom de D’IEU ça n’existe pas. C’est parce que tu ne crois pas en D’IEU, que tu es tellement sot de ne pas voir D’IEU, de ne pas voir une justice dans le monde, alors tu en arrives à tout détruire. Et ça c’est l’origine de la destruction, quand on ne voit pas de justice dans le monde, alors on détruit tout !
C’est incroyable, tout commence par la Emouna. Selon le Sefer Hakadmon, le ségoula du psaume 14 est pour ne pas subir la médisance de l’autre, c’est à dire pour qu’on ne soit pas le produit de la médisance de l’autre. Qu’on ne soit pas victime du lachon ara de l’autre. C’est à dire que si l’autre dit du lachon ara je prie pour que moi je ne sois pas sa proie.
D’IEU protège moi que les hommes ne disent pas sur moi du lachon ara. Et c’est sûrement lié à l’exil car le lachon ara amène l’exil, ça détruit le bet amikdash, c’est une forme d’exil et de souffrance. Que nous puissions comprendre que dans le monde yesh elokim – il y a UN D’IEU !…
Parachat Vayikra
Soif de D’IEU
La Tora nous dit que dans chaque sacrifice apporté au Temple il fallait y mettre du sel (2-13). Inspiré du Rav Israël de Modzits (rapporté dans Alim Litroufa page 33), quel est le sens du sel ? Les Sages nous enseignent dans Pirké Avot (1-4) qu’on doit boire la Tora avec soif. Cependant de quelle eau on parle ? Lorsqu’on boit de l’eau après avoir bu on n’a plus soif, mais lorsqu’on boit de l’au salée on n’est pas satisfait on a encore soif. Mettre du sel c’est garder cette appétence de la Tora ! Comme dit le roi David (Téhilim 63-2) « tsama léh’a nafchi » – mon âme est assoiffée de Toi D’IEU.
La carotte, le cheval et le roi
Le Livre de Vayikra traite des sacrifices apportés au Bet Hamikdach. Apparemment ces commandements sont des décrets divins dont la raison nous échappe. De la même façon dont nous ne saisissons pas les lois de la nature, il y a une loi suprême qui gère la nature, ainsi on ne peut prétendre comprendre la profondeur de la Tora notamment pour ce qui est des sacrifices. Le Rambam (fin Sefer Avoda) dit que les sacrifices s’inscrivent dans les commandements dits ‘’h’oukim’’ (commandement dont la raison nous dépasse). Rav Wallah’ (Maâyan Hachavouâ page 14) s’exclame : Pourtant le Rambam dit par ailleurs (fin des lois Korbanot) qu’il nous convient d’approfondir le sujet et de s’évertuer à comprendre le sens des sacrifices ! Comment essayer de comprendre l’incompréhensible ? le Gaon Rav Ovadya Yossef ztsal raconte l’histoire suivante : le roi aimait les sujets profonds, il convoqua
son vieil ami ‘’je veux comprendre la sagesse des peuples cependant je n’ai pas beaucoup de temps, vas sillonne le monde et ramène-moi ton rapport’’. L’ami s’exécuta et revint au terme de plusieurs mois d’aventure. Le roi lui demanda un résumé de son étude, l’homme dit un mot : carotte ! Le roi s’étonna et attendit explication. L’homme lui dit ‘’avez-vous déjà vu un champ de carottes ?’’. Le roi répondit par les négatifs et expliqua qu’à part des carottes dans son assiette il ne connait rien des carottes. Alors l’homme dit au roi ‘’suivez-moi nous allons nous rendre dans un champ de carotte et là-bas vous comprendrez toute la sagesse du monde en un court instant !’’. Impatient et curieux, le roi attela ses chevaux et suivi l’homme. Arrivé sur un champ l’homme lui dit ‘’quel légume voyez-vous ?’’. Le roi n’en n’avait aucune idée il avait déjà vu des tomates des citrouilles etc. mais là il ne voit que des herbes, d’ailleurs son cheval s’incline et broute, peut- être est-ce un champ d’herbes et de pâturage. L’homme se courba et attrapa une bote d’herbe et en extrait des carottes. Le roi resta sans mot dire et attendit explication. L’homme lui dit alors : voilà c’est cela la sagesse, elle est là devant nous, sous nos pieds mais nous n’y prêtons pas attention, et même ceux qui ont constaté quelque chose ils ne font pas mieux que le cheval, ils se courbent et consomment que ce qu’ils voient, l’extériorité, heureux est celui qui a saisi qu’il fallait aller en profondeur. Ceux qui ne vivent le monde qu’en superficiel n’en tirent que des conclusions erronées. De tout temps les sages sont ceux qui ont compris que les secrets ne se trouvent que dans la profondeur des choses. La vérité se trouve
enfouie il nous convient d’aller la chercher. Celui qui ne comprend pas les sacrifices c’est parce qu’il s’arrête à la lecture puérile de la Tora et de sa vie.
L’aspersion du sang sacrificiel
Le Gaon Rav Avigdor Miller (Torat Avigdor page 295) nous invite à une réflexion profonde : Un des exercices qui concerne tous les sacrifices est la ‘’zrikat hadam’’ – l’aspersion de sang sur l’autel effectuée par le Cohen de service. Cet exercice consistait à entourer l’autel par le sang de l’animal sacrifié.
On peut en extraire plusieurs idées concernant l’homme :
Le sang est l’énergie de notre vie, celle-ci doit tourner autour de la volonté divine.
Notre vie avec tout ce qu’elle contient est le produit de la bienveillance divine à notre égard.
L’autel est la porte du ciel, tous les éléments du sacrifice sont orientés sur l’autel, ainsi notre âme retournera vers D’IEU pour la vie éternelle. L’aspersion du sang exprime notre aspiration à nous tourner vers D’IEU uniquement, vers la vie qui ne s’arrête jamais.
Tout le service du sacrifice passe par le Cohen, cela sous-entend que nous pouvons atteindre les hauts niveaux uniquement en passant par le Cohen qui enseigne la Tora et ses messages au peuple !
Le Renard et Mordéh’aï – Par Rav Imanouël Mergui
Etude dédiée à la Réfoua Chéléma de Elinoa Simh’a bat Rah’el H’aya Sara
Les romains avaient émis un décret à l’encontre d’Israël leur interdisant d’étudier la Tora, nous raconte le Talmud au traité Bérah’ot 61B. Le peuple d’Israël a souvent été confronté à ce genre d’interdiction. Nos ennemis cherchent en permanence le moyen de nous défaire de notre judaïsme, caractérisé ici par l’étude de la Tora. C’est un mystère de notre histoire. Alors on s’est toujours posé la question de savoir comment réagir face à ces prescriptions haineuses. A la veille de Pourim nous avons en mémoire l’histoire des juifs persécutés par Haman (que son nom soit effacé). Le concours extraordinaire de Mordéh’aï va nous conduire au secours divin. Une des réactions spectaculaires, continue le Talmud, est celle d’un des plus grands maîtres de notre histoire : Rabi Akiva ! Il continua d’enseigner la Tora en public. Lorsque Papous ben Yéhouda rencontre le Maître il l’interroge : ne crains- tu pas la punition promise par les romains à l’égard de celui qui étudie la Tora ? Selon le Rambam (Yésodé hatora 5-3,4) il était du devoir de Rabi Akiva d’agir de la sorte puisque lorsque nos ennemis veulent nous libérer de la Tora et sa pratique (chaat hachmad) nous avons le devoir de nous donner corps et âme pour ne rien enfreindre de la Tora ! Selon Le Maharcha, Rabi Akiva a eu un comportement de zèle – selon cette explication il est intéressant de noter que le peuple l’a suivi et entouré Rabi Akiva pour suivre ses enseignements, dans son zèle il a entraîné le peuple avec lui. Quelle était a motivation de Rabi Akiva ? Il s’explique en répondant à Papous : lorsque le renard marcahit le long du fleuve il constata que les poissons étaient en panique. Il s’adressa aux poissons et leur dit : que vous arrive-t-il ? Ils lui répondirent : les poissonniers ont tendu leur filet, nous sommes en danger. Le renard leur fit la proposition suivante : venez sur la terre et habitons ensemble tel que nos ancêtres le faisaient ! Cette invitation n’a rien de sérieux bien évidemment, pareillement pour les nations qui nous encouragent à abandonner nos valeurs pour qu’on se mêle à eux. Rien de plus stupide. Les poissons rétorquent au renard : es-tu l’animal le plus intelligent, mais il n’en n’est rien tu es idiot ; si déjà dans notre lieu naturel de vie nous sommes en danger à fortiori si nous sortons de l’eau
que nous ne connaîtrons pas le secours. Ainsi, poursuit Rabi Akiba : la Tora est notre source de vie, effectivement nous sommes en danger à cause du décret des autorités, mais si nous quittons la Tora nous nous exposons à un danger plus évident.
Il n’y a aucun moyen de s’échapper de la Tora. Rien ne nous autorise à inventer une vie sans Tora, nous suffoquerons sans elle ! Avec tout le respect que nous avons envers les autorités qui nous accueillent sur leur terre, rien ne justifie le moindre écart d’avec la Tora. Un juif sans Tora n’existe pas.
Parmi tout ce qu’on peut apprendre de cet enseignement c’est la définition de la sottise, comme les poissons rappellent au renard. Le sot est celui qui a un regard décalé de lui-même. Il vie en désaccord d’avec son essence propre. Par conséquent et par excellence il est sot, il se méconnait profondément. Nous avons payé cher notre sottise du temps de la Méguilat Ester et encore celle-ci s’est bien terminée suivant les conseils sages de Mordéh’aï qui encouragea le peuple à suivre ses fines instructions. Malheureusement dans l’histoire tout ne s’est pas terminé comme nous l’espérions, sans doute parce que se croit plus sage que les maîtres de Tora.
Ce renard idiot se définit comme tel parce que non seulement il exprime un discours insensé mais également parce qu’il espère entourlouper ses confrères marins dans sa bêtise ! Le sot se convainc de sa bêtise et s’évertue de la diffuser le plus largement possible, il tente de séduire les autres de sa bêtise. Il se méconnaît mais pire il croit qu’il connaît les autres et pense être suffisamment avisé pour les conseiller.
Comment garder toute sa lucidité d’esprit, toute sa conscience, toute sa lucidité pour ne pas tomber dans les propositions ‘’renardesque’’ ?! Seuls ceux qui savent distinguer entre la bêtise des uns et la lumière de la Tora peuvent y répondre. Relisons la Méguila et marchons sur les pas de Mordéh’aï Hayéhoudi… Constatons d’ailleurs, dit Rav Biderman (Beer Hah’aïm Pourim page 83 note 15) que le seul caractère qui lui est retenu est qu’il soit appelé ‘’yéhoudi’’, on ne dit pas de lui le Tsadik, encore moins le kabaliste etc. A Pourim on boit du vin pour distinguer