« Animé d’un Feu Sacré » – par Rav Moché Mergui, Roch Hayéchiva

La Torah dit : (Parachat CHEMOT 2-20 à 22) : « YTRO dit à ses filles : Et où est-il? Pourquoi avez-vous abandonné cet homme ? Appelez-le et qu’il mange du pain ! Moché consentit à demeurer avec cet homme et il donna sa fille Tsipora à Moché. Elle donna naissance à un fils et le nomma Guerchom en disant : je suis un étranger sur une terre étrangère. »

Qui EST CET HOMME, qu’a-t-il fait pour mériter l’invitation de Ytro et d’épouser sa fille Tsipora ?
Il s’agit de l’enfant sauvé de la noyade par la princesse Bitya, élevé dans le palais royal de son père adoptif Parô.

Bitya nomme l’enfant Moché, ce qui signifie « celui qui est sauvé », et il devient le Sauveur.
Animé d’un feu sacré, Moché ose désobéir à l’ordre royal de Parô au péril de sa vie : il sauve de la main d’un cruel chef de corvée un Hébreu qui est odieusement maltraité.

Moché fuit l’Egypte et se réfugie à Midian. De nouveau, animé d’un feu sacré, il intervient pour protéger les bergères qui mènent le troupeau de leur père Ytro des agressions commises par des bergers.

Cette courageuse intervention lui fera découvrir un homme remarquable en la personne de Ytro. Celui-ci est un croyant en Hakadoch Baroukh Hou qui, à l’instar de

Avraham Avinou, se trouve animé d’un feu sacré et rejette ses idoles, puis démissionne de la haute fonction de prêtre de Midian pour devenir un véritable MAAMIN .

Avant le don de la Torah, tous les Noahides, croyants en Hakadoch Barouh’ Hou, rentrent dans l’Alliance d’Avraham Avinou et font ainsi partie intégrale de la grande famille d’Avraham Avinou.

Tsipora partageait pleinement l’enseignement de son père, qui méritait d’avoir un gendre de la stature de Moché.
La chaleureuse invitation de Ytro à venir manger un morceau de pain a permis de rapprocher ces deux géants animés d’un feu sacré, ce qui aboutit à l’union de Tsipora et Moché.

Le premier fils est nommé Guerchom pour se rappeler que Moché reste un étranger sur une terre étrangère ; le deuxième fils est appelé Eliézer, pour remercier Hachem de l’avoir aidé.

Et il est dit à ce sujet dans la Guémarah Sanhédrin 104 A : « Pour avoir invité Moché à manger du pain, Ytro a été récompensé d’avoir le privilège que ses descendants siègeront parmi les membres du grand Sanhédrin » !

Pourquoi abandonner lorsque tu peux gagner ? – par Adam Guez

Parmi les plus grands Tsadik de l’histoire, la Guémara [Chabat 55b] nous ramène quatre personnes qui n’ont jamais fauté de leur vie :

– Binyamin le fils de Yaacov Avinou – Amram le père de Moché Rabénou – Yichaï le père de David Hamelekh – Kilav l’un des fils de David Hamélekh.

Il ne faut pas croire que ces hommes se sont enfermés dans une grotte et n’ont jamais eu la possibilité de fauter, eux aussi ont été attaqué par leur mauvais penchant, mais malgré une vie remplie d’embuches, ils ont su reconnaître le mal et le dominer. Si nous faisons un zoom sur Amram, la Guemara [Sota 12a] raconte comment il a réagi au moment où les Béné Israël étaient esclaves en Egypte et que Paro décréta la mort de tous garçons qui naîtra.

Après ce décret Amram le Grand Rav de la génération dit : « Les efforts fournis pour avoir des enfants ne servent à rien puisque les nouveaux nés vont mourir ! » Il prit alors la décision de divorcer de sa femme et tous les hommes juifs imitèrent le Rav de la génération. Mais Barouh’ Hachem sa fille Myriam âgée de seulement 6 ans lui dit : « Papa ! Ton décret est pire que celui de Paro ! » puis elle lui exprima trois arguments, Amram décida d’écouter sa fille et ré-épousa sa femme Yoh’eved, et tous les Béné Israël en firent autant.

Ce passage décrit très bien comment notre Yetser Hara essaie de nous abattre. Et exactement comme Amram nous diront A QUOI BON ! Mais pourquoi ? Pourquoi être pire que notre Yetser Hara ?!

Analysons les 3 arguments de Myriam :

1) Paro ne tue que les garçons mais toi tu condamnes garçon et filles !

Le yetser hara vient et nous domine comme Paro sur un point, une mitsva et nous empêche de la faire au point où l’on désespère. On se dit alors si je ne fais pas cette mitsva ! (exemple) Si je ne fais pas chabat comment je pourrais mettre les téphilines chaque jours ? à quoi cela servirait d’être tsniout? Ou même d’allumer les bougies de Chabat ?

Et bien oui ! Si 1a mitsva me fait défaut, grâce à D.ieu il m’en reste 612 ! Et même si je trébuche sur 612 mitsvot il m’en reste encore 1 ! Alors je donnerais tout pour cette mitsva et comme le dit le traité Avot [Perek 2 Michna 1] « fait attention à une mitsva légère comme à une mitsva importante car tu ne connais pas le salaire des mitsvot »

1) Le décret de Paro prive les enfants de ce monde ci mais toi tu les prives de ce monde ci et du monde futur (en les empêchant même de naître) !

Si je trébuche sur Chabat je vais me dire que puisque je vais transgresser Chabat autant ne pas le commencer, ou bien puisque je vais fumer alors autant aller jusqu’au bout et prendre mon téléphone, travailler, cuisiner etc.

Encore une fois c’est une erreur nous dit Myriam ! Que je commence à faire Chabat le maximum de temps possible et si mon problème est seulement lié au fait de fumer et bien je ferais quand même tout le reste !

2) Paro étant un méchant son décret ne sera peut-être pas appliqué avec l’aide de D.ieu mais toi qui est un juste D.ieu t’aidera et il est certain

que ta décision sera

appliquée !
Je dois toujours me souvenir que la faute que je commets est mauvaise, exactement comme Paro et son décret. Mais bien que mon yetser hara est fort je peux encore le vaincre ! Je dois prier et demander à D.ieu de m’aider et surtout ne pas abandonner. Car si j’abandonne et que je décide de laisser ma porte ouverte au yetser hara alors la bataille est terminée, et dit le traité Avot [Perek 1 Michna 14] « si je ne suis pas pour moi qui sera pour moi » si moi je ne veux pas me venir en aide pourquoi D.ieu voudrait m’aider ?
Et au final, d’où est venu la fin de l’esclavage Egyptien d’où est venu la fin de ce décret horrible ? De Amram et Yoheved qui enfantèrent Moché Rabbénou l’envoyé d’Achem qui nous a délivré !
De même alors que nous pensons que lorsque l’on commet une avéra il faut tout abandonner vient Myriam et nous dit non ! Surtout pas ! N’oublie pas ces trois principes qui son indissociable !
Sur ce point-là tu as perdu ! Alors prie pour que D.ieu t’aide à gagner cette bataille et réussir à ne plus commettre cette faute, en attendant évite cette faute autant que tu le peux et sois fort sur ce qu’il te reste car en continuant à faire ces trois choses, tu finiras par triompher complètement !
Amram aurait pu par son erreur faire fauter toute sa génération et au final le peuple juif aurait pu disparaître, mais finalement il écouta Myriam, compris son erreur et changea d’avis. Il devint alors le père de Moché Rabénou et il fut un homme Juste qui ne fauta jamais.

Tehilim 5

Nous avions vu dans les chapitres précédents que le roi David avait prié que tous ceux qui avaient médit à son égard, reviennent de leur mauvais chemin mais, il se rend compte que sa remontrance n’a pas eu d’effet, qu’ils n’ont pas fait téchouva et qu’ils sont restés des impies.

David va prier pour que D’IEU le protège de la médisance dont il est victime et des conséquences que cela entraîne. Il va, dans ce psaume, de manière surprenante, non seulement prier pour que D’IEU l’épargne de ces mécréants, mais aussi de les exterminer, notamment au verset 5 « kil lo kel h’afets récha ata, lo yégourh’a ra » – D’IEU ne veut pas le mal, le méchant n’habitera pas avec toi. D’IEU ne cohabite pas avec le mal. Il te convient mieux d’effacer les impies du monde (Rachi). Tu me choisiras plutôt qu’eux (Radak).

C’est étonnant car normalement on ne prie pas pour la chute de son ennemi. Le roi David demande la perte de ses ennemis non par pour son égo, parce que ceux sont des ennemis propres, mais ils sont les ennemis d’Hakadoch Barouh’ Hou. D’IEU a en aversion ceux qui mentent, qui versent du sang par la bouche (verset 7); car oui la

médisance tue. D’IEU est bon et ne supporte pas le mal (Malbim).
Le Midrash Tanh’ouma rappelle qu’on est là dans une situation délicate, D’IEU ne veut condamner aucune de ses créatures, comme il est mentionné dans la prophétie de Yehezkel, au chapitre 33, D’IEU ne veut pas que le méchant meure, D’IEU veut que le méchant fasse téchouva pour qu’il vive. Ça dépend de l’homme comme il est dit dans Dévarim 32-5 « chih’et lo lo, banav moumam » la destruction ne vient pas de Lui mais du défaut de ses enfants. Le Or H’ah’aim explique que c’est l’homme qui abîme sa relation avec D’IEU.

David ne demande que la perte des ennemis de D’IEU, ennemis par leurs propos de mensonge et de mécréance.
Il termine avec le verset (13) où D’IEU bénit le tsadik, entoure et couronne le tsadik de la présence divine qui le protège, comme nous disons dans la prière « maguen avraham ».

Selon le Sefer Hakadmon, la ségoula de ce psaume c’est pour trouver grâce aux yeux des autorités et également pour être protégé des mauvais esprits qui emportent l’homme et le conduisent à être mauvais envers D’IEU et envers les hommes.

Parachat Chémot – La vérité où est-elle ?

Cette semaine (vendredi 20 teveth) était la Hiloula du Rambam (Maïmonide) relisons ensemble un de ses textes clés sur la Tora : notre Paracha dit 3-12 « voici le signe que Je t’ai envoyé pour que tu fasses sortir le peuple de l’Egypte vous servirez D’IEU sur cette montagne ». Moché savait que si la foi est fondée à partir de miracles elle est fragile et peut être remise en cause, c’est la raison pour laquelle Moché s’esquivait de la mission de porter secours miraculeusement aux Enfants d’Israël et par conséquent « ils ne me croiront pas » (Chémot 4-1). D’IEU lui répondit que ces miracles ont un effet jusqu’à ce qu’ils sortent d’Egypte, mais qu’après qu’ils se tiendront au mont Sinaï tous les doutes qu’ils pourront avoir s’évaporeront… L’évènement du Sinaï est l’unique preuve de la véracité de la prophétie de Moché !

Ce sont les propos de Rambam dans ses Hilh’ot Yesodei Hatora 8-1,2. De nombreuses réflexions découlent de ces lignes rapportées ici succinctement. Dans l’histoire des hommes de nombreux cultes, visionnaires, prophètes se sont dressés, chaque système prouve son authenticité par les miracles opérés par son guide spirituel. Plus les miracles sont grands et impressionnent les hommes plus cela est preuve de puissance du culte. Pour la Tora tout cela est bagatelle ! L’homme est plongé dans un combat de savoir qui dit vrai, le mensonge occupe une telle place importante dans la vie des hommes qu’il est difficile de prouver la vérité d’un système. L’homme cherche des moyens de prouver qu’il est dans la vérité, certains usent la violence, d’autres le miraculeux. Pour la Tora le seul moyen de prouver la vérité est le don de la Tora au mont Sinaï ! Il est un évènement auquel on ne peut rien opposer. De toute évidence une étude plus sérieuse et approfondie est nécessaire pour comprendre cette thèse novatrice du Rambam. Il s’explique davantage dans ses textes dont je vous invite à découvrir pour mieux savourer. Le Rambam, comme de nombreux Maîtres de la Tora ont soulevé cette question de savoir comment prouver la vérité unique et universelle de la Tora, et tel que d’autres Maîtres ont conclu, comme le Kouzari, seul le don de la Tora est à même d’assumer cette vérité. Les miracles sont faibles…

Comment sortir du chaos – Rav Immanouel Mergui

Le Livre de Chémot ouvre par la mort de Yossef et toute sa génération. Le verset dit 1-6 « Yossef mourut, ainsi que tous ses frères et toute cette génération ». Pourquoi la Tora nous parle de la mort de Yossef alors que celle-ci était déjà annoncée à la fin de la paracha précédente, fin Vayéh’i ? Pourquoi la mort de Yossef, de ses frères et de toute la génération précédente ouvre l’épisode de l’esclavage d’Israël ? Quel rapport y-a-t-il entre ces deux évènements ? Cette semaine (mercredi 18 tevet) était la Hiloula de Rav Tsvi Elimeleh’ Chapira de Dynow ztsal (1783/1841 Pologne), il développe une idée sensationnelle dans son ouvrage maître Igra Dékala, qui a tout son sens encore aujourd’hui. Je vous la présente dans mes mots. L’exil et tout ce que cela représente, l’exil au sens de la nation du peuple d’Israël ainsi que l’exil individuel, en simple chaque situation dramatique qu’Israël en tant que nation et en tant qu’individu vit plonge l’homme dans un état obscur et déconcertant. La souffrance, le drame, le désastre vécu ne laisse pas l’homme pareil. Dans cet état chaotique l’homme essaie de survivre, et il n’en trouve pas toujours les moyens. Pourquoi? L’homme est rongé par des questions qui ne l’aident pas à remonter la pente, voire il glisse davantage. La grande question qui le démange et ‘’pourquoi’’, cette interrogation connaît un danger parce qu’elle est souvent l’expression non pas d’une interrogation mais d’une exclamation. Je veux dire étant donné que l’homme ne comprend pas ce qui lui arrive il en tire des conclusions concernant D’IEU ; parce que si la question veut dire ‘’pourquoi il m’arrive tout cela’’, en vérité elle cache une autre question :

pourquoi D’IEU me fait tant de mal ! Si et parce que D’IEU est bon alors pourquoi m‘envoie-t-il cette souffrance ? Là est le danger, ces interrogations émotionnellement normales conduisent l’homme à s’interroger sur l’existence ou la puissance divine. Où est D’IEU ? Or les Maîtres enseignent que le but de chaque épreuve est de découvrir davantage D’IEU ce qu’on appelle la EMOUNA – La FOI. Alors si l’enjeu du chaos n‘est autre que la découverte de D’IEU comment l’homme en arrive à s’éloigner de D’IEU à travers les épreuves ? Comment est-ce possible que D’IEU envoie des messages à l’homme et que ce dernier les lise à l’envers ? Où trouver la foi en D’IEU là où on ressent et vit du mal ? Toute épreuve fait mal, physiquement, psychologiquement et émotionnellement, dans ces situations dire à l’homme il te faut renforcer dans la foi n’est pas suffisant. Puis la question est évidente : comment se renforcer dans la foi? Où trouver la foi lorsqu’on est mal ? Puis la réponse de dire que tout ce mal est pour le bien n’aide en rien pour multiples raisons… Où trouver la force au cœur du chaos ?!

Là le Maître dit quelque chose d’ingénieux, il écrit «ce verset (annonce la mort de Yossef, de ses frères et de toute une génération qui précéda l’exil et l’esclavage horrible de l’Egypte) a pour but de nous faire savoir la grande miséricorde divine!!!», avant de poursuivre savourons cette phrase délicieuse ! Ce verset n’annonce pas le drame, le pire, mais la grande pitié divine, c’est tout simplement incroyable, là où on verrait le pire le Maître nous invite à réfléchir dans un sens plus positif, plus enchantant. Certes l’exil est horrible, l’épreuve est dramatique, mais à l’intérieur de son

contenu se trouve l’immense miséricorde divine. Laquelle ? Le Rav poursuit«D’IEU envoie l’esclavage petit à petit, lorsque Yossef meurt on a ressenti la réduction d’estime envers le peuple d’Israël, lorsque ses frères meurent, commence l’esclavage et non pas avec dureté mais avec la tendresse du discours de l’Egypte(!), et ensuite avec la mort de toute la génération débuta la tragédie de la servitude »… D’IEU n’accable pas l’homme, le peuple d’un coup, mais par étape ! Ceci témoigne de son immense miséricorde ! Le Rav n’en dit pas davantage, il nous invite à réfléchir davantage. Lisant ses mots cela me fait penser (peut-être) que cet effet qui veut que les choses se passent de façon épisodique laisse la possibilité à l’homme de s’interroger sur le sens de ce qu’il s’apprête à vivre, ou encore de se préparer aux évènements qui suivent. Peut-être encore que cet état lui permettrait de faire un travail pour stopper l’hémorragie du pire. D’IEU fait les choses par relais pour laisser la place à l’homme de réviser l’histoire et lui donner un sens plus conséquent. Je vous laisse mûrir cette étude profonde du Rav Chapira ztsal, que son mérite rejaillisse sur tout Israël et que nous ne connaissions que des jours meilleurs, cela ne dépend que de nous. J’ai du mal à saisir pourquoi la planète ne voit pas D’IEU qui se dévoile manifestement dans cet épisode surprenant du covid ?! La foi c’est prendre conscience que D’IEU est bon, cette prise de conscience est palpable, on la vit au quotidien, ce n’est pas qu’une question philosophique mais c’est un vécu invraisemblable…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *