« Le Rêve de H’ANOUKA » – par Rav Moché Mergui, Roch Hayéchiva
La Parachat MIKETS, qui relate les rêves du Pharaon, coïncide toujours avec la fête de HANOUCCAH. Précisons que les rêves mentionnés dans la Torah sont des prophéties face auxquelles Yaacov Avinou, Yosseph Ha Tsaddik, le panetier et Pharaon sont informés et vont se réaliser.
Pharaon effectue deux rêves : 7 vaches grasses sont mangées par les 7 vaches maigres, puis les 7 épis gras sont engloutis par 7 épis maigres. Les rêves du Pharaon sont significatifs : les 7 vaches grasses et les épis gras annoncent 7 années d’abondance, qui seront englouties par les 7 années de famine.
Comment se fait-il que les sages d’Egypte ne parviennent pas à livrer au Pharaon une explication satisfaisante ? L’homme est influencé par sa formation. En effet dans toutes les compétitions, c’est le plus fort qui gagne. A-t-on alors déjà vu un peuple faible l’emporter sur le plus fort ? NON ! Les sages Egyptiens ont reçu une formation cartésienne, où l’on ne peut concevoir que le faible l’emporte sur le plus fort. Par conséquent, des vaches maigres mangeant des grosses, des épis maigres engloutissant des gros, voilà qui leur est inconcevable, et ils ne comprennent pas !
Yosseph Ha Tsaddik, pour sa part, a été formé par son père Yaacov Avinou, qui a vaincu le redoutable Lavan, le puissant Essav et a maîtrisé l’Ange d’Essav. A son tour, Yosseph Ha Tsaddik, le « petit prisonnier », va « avaler » les grands sages de l’Egypte. Lui, Yosseph vendu par ses frères, mais il les sauvera ensuite de la famine.
Yosseph Ha Tsaddik a été capable de résister à la provocation de la femme de Potifar, de surmonter l’épreuve de l’assimilation de l’Egypte et de conserver avec fierté son
identité tout en exerçant les fonctions de Premier ministre en terre étrangère.
A chaque génération, la petite fiole d’huile d’olive pure est toujours présente, symbole de l’Etincelle divine : la poignée des H’achmonaïm est donc toujours vivante. Conscients du redoutable danger de l’assimilation, ils combattent d’époque en époque contre les mêmes terrifiants décrets. Ces derniers se présentent sous une forme différente, mais ont toujours le même objectif d’empêcher l’épanouissement de l’Etude de la Torah, de freiner la pratique du Shabbat, de décourager la pureté familiale. Tout est organisé extérieurement pour accroître la liberté sexuelle et couvrir de mépris les valeurs spirituelles.
Il nous revient de triompher de ces « monstres » par la propagation d’explications authentiques de la Torah, dans la stricte fidélité des commentaires de nos Sages, permettant ainsi à la Lumière de la Torah de triompher de la force mensongère de l’obscurité.
Le rêve du Pharaon et ses suites constituent la réalisation du message de la fête de ‘Hanouccah, en ce sens que TU as livré les Héros aux mains des faibles, les nombreux grecs aux mains du petit peuple, les nombreux impies aux mains des justes, les impurs aux mains des purs, les scélérats aux mains des assidus de l’étude de la Torah
HANOUCCAH SAMEAH’ !
Qu’est-ce que la Lumière de H’anouka ?!
Lorsque le Talmud au traité Chabat 2ème chapitre nous parle de H’anouka il commence par une discussion entre Bet Chamaï et Bet Hilel de savoir comment procède-t-on à l’allumage, à la suite de cela la Guémara demande ‘’maï h’anouka’’, qu’est-ce que H’anouka ? Rachi explique, sur quel miracle les Sages ont-ils fixé la fête de H’anouka ? La Guémara raconte le miracle de la fiole d’huile. On peut se demander pourquoi le Talmud a choisi de présenter H’anouka dans cet ordre, n’aurait-il pas été plus logique de nous expliquer ce qu’est H’anouka et de poursuivre par ses lois ? Rav Biderman Beer Hah’aïm H’anouka page 3 propose la réflexion suivante : même après avoir étudié les lois de H’anouka reste sur la question ‘’maï h’anouka’’, effectivement la fête de H’anouka peut nous conduire à des niveaux très élevés, plus on l’étudie plus on est à même de découvrir des trésors. Rajoutons une petite réflexion : H’anouka est fixé sur le miracle de la fiole d’huile qui durera huit jours alors qu’il n’y avait qu’une quantité pour un jour. H’anouka c’est donc la fête où la lumière surgit et vainc l’obscurité ! nous avons la possibilité en cette fête de repousser le plus
largement possible les énergies négatives et obscures, pour ce faire nous devons augmenter la lumière le plus grandement possible. Cet exercice passe par la faculté de continuer à s’interroger et sans cesse ‘’maï h’anouka’’. Dans le concours de l’interrogation on trouvera encore des secrets qui nous permettront d’accéder à des hauts niveaux afin d’obtenir tout ce que la fête de H’anouka est à même de nous offrir !
A la suite de cette idée rapportons les propos de Rav Wallah’ (Maâyan Hamoed H’anouka page 210) : il est facile de constater que le premier jour de H’anouka nous ressentons une joie et plus forte que le dernier jour, comme si en huit jours nous nous étions quelque peu habitués aux lumières de H’anouka. Cependant le Maharal nous enseigne que la Halah’a étant fixé selon l’opinion de Bet Hilel qui veut que chaque jour nous augmentons la lumière, premier jour une lumière, deuxième jour deux lumières etc., par conséquent chaque jour nous évoluons davantage et de ce fait le huitième jour nous devons ressentir plus d’élan que les précédents. H’anouka c’est la fête où nous devons apprendre à rajouter dans notre élan, et non se perdre dans l’habitude de nos actes afin de ne pas tomber dans la monotonie. Ce principe obtenu à travers H’anouka doit nous accompagner dans toute la Tora !
Tehilim 2
Ce deuxième psaume est relié au précédent. Ils forment une entité. Le Méiri explique que dans le premier psaume David a vanté la sagesse, et a aussi cité le grand salaire à celui qui s’adonne à l’étude de la Tora.
Dans ce deuxième psaume le roi David s’étonne pourquoi les hommes ne s’investissent pas dans l’étude de la Tora, ils s’investissent plutôt dans les affaires de ce monde ?! Puisque la H’oh’ma-Sagesse est un haut niveau et fait bénéficier à l’homme un grand salaire, pourquoi les hommes ne s’encerclent pas davantage et correctement dans la Tora ?!
Ces paroles le roi David les a dites au début de son règne lorsque les Philistins sont venus le combattre (Chmouel 2 chapitre 5 versets 17-20). Lorsqu’ils ont entendu que David avait été oint pour devenir roi ils sont sortis pour lui adresser une guerre, mais finalement D’IEU va les transmettre dans les mains de David et il va chanter la victoire. David va alors psalmodier les miracles que D’IEU lui a fait dès le début de son règne. Il remercie et il loue D’IEU.
Il appelle également tous les rois des nations qui renient D’IEU, à se réveiller et les invite à arrêter de combattre D’IEU qui est le maître du monde, les appelle à Le servir et à Le craindre.
Rachi (traité Bérahot 7b et 9b) et le Rid expliquent que ce chant est dit sur le roi Machiah’ et sur les autres nations qui vont essayer de le combattre.
Le Sefer Hakadmon dit que le psaume 2 est une ségoula contre les tempêtes ! – Il y a quelque chose d’intéressant dans cette note : renier D’IEU et s’en prendre au roi d’Israël est telle une tempête et cela déclenche des bourrasques.
Nous retiendrons de cette étude deux points ; le roi David nous invite à s’investir dans la Sagesse et de se rattacher à D’IEU. Ces deux notions sont intimement liées : on trouve la Sagesse dans notre proximité avec D’IEU, et on découvre D’IEU au cœur de la Sagesse.
Parachat Mikets
Mikets et H’anouka
De nombreux Maîtres s’interrogent sur la raison pour laquelle la Paracha de Mikets se lit toujours durant la semaine de H’anouka. Le H’ida explique : les Grecs étaient composés d’une armée comptant un million et demi de soldats, alors que les H’achmonaïn ne comptent seulement cinq mille soldats dans leur rang ! Et pourtant se sont les H’achmonaïm qui remportèrent victoire, déjouant toute logique. Ainsi nous disons dans la prière de Al Hanissim ‘’D’IEU a transmis les plus nombreux entre les mains des minoritaires – rabim beyad méatim’’. C’est exactement ce qui est prédit dans le rêve de Parô : les vaches maigres vont engloutir les vaches grasses. Rav Ben Tsion Moutsapi (Dorech Tsion page 586) rappelle que le Chabat de H’anouka on se doit de se délecter davantage que les autres Chabat de l’année, parce que les Grecs avaient décrété l’interdiction de pratiquer le Chabat. Notons encore que cette année ce Chabat est également Roch H’odech Teveth, or les Grecs avaient également décrété à l’encontre d’Israël d’annuler le Roch H’odech ! H’anouka c’est l’occasion de nous renforcer là où nos ennemis ont tenté notre extinction.
La vraie victoire
Au chapitre 42 verset 1 Yaâkov conseille à ses fils qui doivent se rendre en Egypte pour acheter à manger « lama titraou », ne vous montrez pas aux nations de Yichmaël et de Esav (Rachi). Le Gaon Rav Elh’anan Wasserman écrit : le conseil est très clair, ne donnez pas l’occasion aux nations de parler de vous. Moins les peuples parlent de nous mieux on se porte ! En Allemagne certains essayez de se rapprocher le plus des nations et de se mêler à eux afin que la haine de l’ennemi diminue. Ils ont commis une grave erreur, ils ont transgressé le conseil dicté ici par notre Père Yaâkov. S’ils se lèvent contre nous pour nous empêcher de pratiquer la Tora on doit se tenir droit et avec la plus grande fermeté les combattre et ne rien assouplir de la Tora ! Lorsque Nevouh’adnetsar le roi de Babel avait décrété de se prosterner au monument de culte étranger qu’il avait érigé, H’anania Michaël et Azarya lui dirent : nous devons te respecter en tant que roi et payer nos impôts mais si tu te lèves contre nous pour que nous laissons de côté notre foi et nos valeurs tu ne vaux plus rien à nos yeux et te considérons plus comme notre roi ! ce qui est malheureux c’est de constater qu’à l’intérieur de nos rangs et communautés de certains qui, pour plaire aux autorités, sont prêts à mettre la Tora de côté, à D’IEU ne plaise. C’est bel et bien notre combat et particulièrement celui de H’anouka : la Tora doit rester authentique et rien ne nous conduira à la tromper et d’aucune manière. Nous avons connu suffisamment de combats pour lesquelles nous dûmes nous battre pour rappeler et renforcer notre foi en D’IEU et notre pratique aigue de la Tora. Malencontreusement de certains parmi nous qui n’ont pas saisi cette victoire répétée dans l’histoire : c’est toujours la Tora qui gagne ! La Tora c’est l’unique et vraie victoire ! Continuons de marcher sur les pas de nos ancêtres là est toute notre victoire et notre gloire !
Lumière 1 – par Rav Imanouël Mergui
En cette période de la fête de H’anouka c’est l’occasion de revenir sur le concept de la Lumière.
Tous les samedi soir nous récitons dans la bénédiction de la Havdala « hamavdil ben kodech leh’ol ouben or lah’ocheh’ » – D’IEU sépare le saint du profane, la lumière de l’obscurité ! Cela veut dire que la lumière est là. Lorsqu’une personne dit être dans le brouillard, le flou, l’obscurité ce n’est
pas tout à fait juste. Dans la vie il ne faut pas tenter d’allumer la lumière, elle est là, il faut la trouver à l’intérieur de l’obscurité. Il faut aller à la recherche d’une lumière qui est là. On n’est pas dans l’obscurité, on est dans un état de mélange de lumière et pénombre, et l’exercice consiste à séparer la lumière de la pénombre qui la cache et la brouille.
Il est intéressant de constater que le miracle de H’anouka s’est produit à travers la Lumière, c’est dire qu’il y a quelque chose de magique en soi dans la lumière. On le constate facilement lorsqu’on a une panne d’électricité et qu’au moment où l’électricien a rétabli la lumière on entend des cris de joies et d’exclamation. La fête de H’anouka se réalise autour d’un élément des plus quotidiens. Nous vivons dans et à travers la lumière. Et là dans cet élément qui nous paraît normal et qui occupe une place considérable dans notre vie, oui là se produit un miracle. Ce miracle de H’anouka ne s’est pas produit par quelque chose de surnaturel qui sort du naturel, c’est du surnaturel à l’intérieur du naturel. C’est la force de la lumière dans notre vie. La lumière apporte un nouvel élan et un nouveau souffle à la vie.
La lumière occupe cette place fondamentale et vitale dans notre vie au point d’être le premier élément que D’IEU a créé au début de la création ! Béréchit 1-3 « D’IEU dit : que la lumière soit, et il y eut lumière ». Allons plus loin, l’œuvre des autres jours découlent de la lumière. La lumière n’est pas seulement le moyen de voir ce qui est, mais elle donne un sens existentiel à tout ce qui est. S’il y a lumière alors il y a un sens de poursuivre l’œuvre de la création. Rachi au traité Pésah’im 2B explique : D’IEU créa une création éclairante. C’est-à-dire qu’il ne faut pas comprendre que D’IEU créa l’élément lumière mais il apporta la luminance à l’intérieur de la création. Cela veut dire que par excellence la création est illuminée.
Dans la prière de Al Hanissim il est décrit comment les Juifs ont trouvé la lumière à H’anouka ! La lumière a surgi seulement après que les Juifs se sont investis pour trouver la lumière. Qu’ont-ils fait ? Ils se sont rendus dans le Temple, ils ont nettoyé le Sanctuaire, ils ont purifié le Lieu Saint, et ensuite ils ont allumé les Lumières dans la cour du Temple etc. ». Nous constatons deux points ; 1) ils ont allumé eux-mêmes la lumière, on n’attend pas que la lumière surgisse, on n’est pas passif mais actif ! 2) afin d’allumer la lumière ils ont fait tout un travail de mise en place, cet exercice est ici défini en trois verbes « ils se sont rendus dans le Temple, ils l’ont nettoyé et l’ont purifié ». C’est-à-dire que leur participation, leur investissement est ici décrit de façon très concrète. Il ne suffit pas de proclamer ‘’allumez la lumière’’, faut-il encore savoir comment allumer la lumière. Il faut savoir où se trouve l’interrupteur. Lorsque quelqu’un déprime il ne suffit pas de lui dire ‘’aller, il faut surmonter’’, il faut lui établir un programme. Lorsqu’on est soi même dans le noir on n’arrive pas à s’en sortir parce qu’on ignore la façon de sortir du tunnel. On ne sait pas allumer la lumière à l’intérieur du tunnel. D’IEU a opéré le miracle de la guerre contre les Grecs, mais celui de la lumière n’a pu se réaliser seulement après que nous ayons réagi et que nous nous soyons investis. On n’attend pas le meilleur, on le crée. A H’anouka nous ne commérons pas une fête qui tourne de la victoire d’une bataille. Ce n’est pas le sens d’une festivité retenue par la Tora. Il n’y a aucune fête reliée à une quelconque victoire de l’armée. Tout simplement parce que la victoire de la guerre n’est jamais le fruit de l’homme ! « Milh’amot ani assiti » (Traité Avoda Zara 2B), les guerres c’est MOI qui les faits a dit D’IEU, comme nous proclamons dans le Chant de la traversée de la mer « Ich Milh’ama’’. La seule victoire que nous festoyons est celle de notre propre investissement. La victoire d’avoir compris que le monde est obscur et que nous, le peuple d’Israël, déjouons l’obscurité du monde par la Foi en D’IEU, l’étude et la pratique de la Tora. Israël, nous n’avons pas peur du noir, car nous savons allumé la lumière, en nous et dans le monde.