« Un Elan Perpétuel ! » par Rav Moché Mergui, Roch Hayéchiva

Après l’audacieuse intervention de Pinh’as ben Elazar Hacohen, qui apaise la Colère divine « de dessus les Béné Israël », HACHEM accorde à celui-ci une Alliance de Paix, de CHALOM (Bamidbar 25-1)

Dans cette Paracha qui porte le nom de Pinh’as, l’homme qui a combattu (LOH’EM) l’effronterie de Zimri ben Salou, HACHEM dit à Moshé Rabbénou : « Tsav – Ordonne aux enfants d’Israël et dis-leur Mon offrande, Mon pain- Lah’mi- consumé sur mes feux qui me sont une odeur agréable, vous aurez soin de me les présenter en leur temps. » (Bamidbar 28-2).

Il s’agit d’offrir 2 agneaux âgés d’un an, sans défaut, deux par jour, en holocauste perpétuel qui a été offert au mont Sinaï comme odeur agréable, combustion devant HACHEM.

La Torah qualifie ces sacrifices : Korbani [Mon korban], Lah’mi [Mon pain] mes feux. Il est apprécié devant HACHEM comme le pain, nourriture vitale, indispensable à tout être humain, consumé sur mes feux. Toutes ces précisions, c’est pour nous dire : tout ce que vous M’offrez M’appartient, et tout ce que Je vous demande, c’est de maintenir le lien journalier, matin et soir, même lorsque le Beth Hamikdach sera détruit, par la récitation matin et soir de la parachah TSAV.

Holocauste perpétuel offert au mont Sinaï : cette récitation a pour but de nous rappeler précisément l’élan exceptionnel de la volonté de recevoir la Torah.

Rabbénou Behayé nous enseigne une explication intéressante : le mot LAH’MI [Mon PAIN] a la même racine que le mot MILH’AMA [le COMBAT]. Le combattant est appelé LOH’EM ; il s’agit donc, à l’instar de PINH’AS, qui a combattu ZIMRI. De notre combat journalier matin et soir contre le yétser Harâ qui cherche à nous détourner par tous les moyens du Service divin.

Par la volonté de dominer le mal, le combattant honore HACHEM et Lui donne satisfaction. Cet effort consistant à sacrifier est très apprécié de HACHEM qui le qualifie de LAH’MI [Mon PAIN].

Parachat Pinh’as

Tsédaka

Dans notre Paracha au début du chapitre 28 la Tora nous parle du sacrifice qu’on apportait au Temple tous les matins et tous les après-midis. Malheureusement ce sacrifice fut interrompu le dix sept tamouz, ce qui constitue une des raisons du jeûne de cette date. Alors on peut légitimement s’interroger quel substitut avons-nous pour remplacer ce sacrifice ? Le Choulh’an Arouh’ O’’H chapitre 48 note qu’on doit lire ce passage tous les jours ! Le Michna Béroura note que cette lecture remplacera le sacrifice, tel que nos Sages nous enseignent qu’étudier le passage des sacrifices c’est comme si on les avait approchés.

C’est en ces mots que la Tora nous parle de ce sacrifice ‘’et korbani lah’mi léichaï’’’ – mon sacrifice, mon pain, que j’approche sur le feu de l’autel.

Le Divré Méir (rapporté dans Alim Litroufa page 520) rajoute un point important. Le Talmud au traité Bérah’ot 55A nous enseigne que celui qui partage son repas avec un pauvre connaîtra une longue vie ! Il faut ainsi lire notre verset : ‘’et korbani’’ mon sacrifice lorsqu’il n’y a plus le Temple, ‘’lah’mi’’ c’est mon pain que je partage, ‘’léichaï’’ aux hommes nécessiteux.

La tsédaka qui connaît d’immenses bénéfices s’inscrit dans le même ordre que le sacrifice. Offrir un repas à un démuni c’est offrir à D’IEU un présent !

Le Rav et la Mézouza

Avant de mourir Moché Rabénou prie D’IEU pour qu’IL nomme son successeur. Dans sa prière Moché formule « qu’il soit un homme qui rentre et sort devant eux ». Que se cache derrière cette formule ?

Rav Yehezkel de Kozmir (rapporté dans Alim Litroufa page 560) dit que nous retrouvons cette idée dans la mézouza, effectivement elle est devant nous et derrière nous à chaque fois que nous passons une porte ! Le Rav de la communauté se doit d’être telle la mézouza, accompagner et protéger ses fidèles. Le Rav ne doit pas s’enfermer dans une boîte, il doit être à l’extérieur telle la mézouza (ainsi il ne faut pas enfermer le Rav dans une boîte afin qu’il puisse mener à bien les sujets de la ville et de sa communauté !).

La Querelle

Au chapitre 26 verset 11 la Tora nous dit que les fils de Korah’ ne sont pas morts.

Le Igra Dékala ainsi que Rav ben Tsion Moutsapi (Dorech Tsion) expliquent : les descendants des querelleurs ne sont pas morts, malheureusement la querelle trouve encore sa place parmi nous !

Le Temple a été détruit à cause de la haine, soeur jumelle de la querelle. Les drames d’Israël sont issus de la querelle chronique. L’histoire nous la prouvait mainte fois, mais malheureusement l’homme ne veut pas tirer de leçons du passé. Comment pouvons nous dormir tranquillement lorsque nous lisons ce qui se passe en Erets Israël avec un gouvernement qui veut effacer toute trace du judaïsme et s’évertue de porter atteinte à tout ce qui porte le nom de D’IEU. Jusqu’où ira la stupidité de l’homme de faire de D’IEU son adversaire plutôt que son allié. Nous devons prier pour le Chalom Chamaïm – la paix céleste, comme le note Rabi Haïm de Volosyn sur Pirké Avot chapitre 3. La querelle d’entre les hommes et celle d’entre l’homme et D’IEU doit être notre combat existentiel. OEuvrons pour cette paix et goûtons à tous les bonheurs de la Tora promis par D’IEU. Renforçons encore plus la pratique de la Tora et l’étude de la Tora afin que le mensonge disparaisse. Redonnons à notre histoire toute sa vigueur sur la Terre Sainte, palais de D’IEU (comme le dit le Ramban). Arrêtons de croire que sans Tora on vaut quelque chose. Là est le point de départ de toute querelle, animée et encouragée par Korah’ et ses descendants : Moché nous n’avons pas besoin de toi. Rejeter les Maîtres c’est prendre le risque d’être englouti sous terre… La Paix, la vraie c’est la Tora.

L’Espoir de la Délivrance

Au chapitre 28 verset 2 la Tora donne l’ordre d’approcher les sacrifices journaliers, elle s’exprime ainsi « mon sacrifice… vous garderez de me l’approcher ». De toute évidence le verbe garder nécessite explication, effectivement la Tora aurait pu dire ‘’mon sacrifice vous approcherez’’.

Rav Chlomo Lévi dans son ouvrage exceptionnel Ah’aké Lo cite le commentaire du Nétivot Chalom et de Rav Avigdor Nevantsal : au sens premier la Tora vient nous recommander d’être strict et d’approcher les sacrifices en leur temps. On peut cependant lire différemment : le verbe ‘’garder’’ dans la Tora fait parfois référence au concept d’aspiration et garder en mémoire, attendre que cela se réalise ! Voir Rachi Béréchit 37-11. La Tora vient nous dire : même lorsque vous ne pouvez pas approcher les sacrifices, parce que vous n’avez plus le Temple, que vous êtes en exil, ayez toujours l’espoir de pouvoir les approcher !

L’espoir de la Délivrance d’Israël doit nous accompagner continuellement et dans notre quotidien. Le Yaavets écrit : si la seule faute que nous avions était celle que nous ne sommes pas en deuil de la destruction de Yérouchalaïm cela suffirait de voir notre exil si long ! C’est à mes yeux la raison la plus probable et la plus forte qui nous a valu tant de pogroms et persécutions, c’est, encore une fois, parce que notre coeur ne ressent pas le drame de la destruction, nous avons oublié Yérouchalaïm parce que nous vivons au calme en exil ! Voir encore Guitin 57B à propos de Kfar Sah’nya.

Rav C. Lévi rapporte encore au nom du Mecheh’ H’oh’ma (Chémot 6) : le Midrach nous enseigne qu’en Egypte les Enfants d’Israël n’avaient pas changer leur nom ! Pourquoi ? Pour se sentir étranger et ne pas perdre l’espoir que D’IEU vienne les libérer !

Garder son nom pour préserver son identité, pour ne pas se perdre parmi les nations, pour se sentir étranger, pour affirmer notre espoir de quitter l’exil… !

C’est bien là un des plus grands sujets de notre existence, souvent mal compris, mal interprété. La Délivrance finale dépend de nous, de nos actes, de nos choix, et également de notre espoir de la voir se réaliser. C’est le message enfoui dans ces sacrifices journaliers qui même lorsque le Temple est détruit et que nous ne pouvons les approcher, nous ne perdons pas espoir que le Temple soit bientôt sur pied, pour la Gloire d’Hakadoch Barouh’ Hou. Cette période des Trois semaines, allant du 17 Tamouz au 9 av ont pour but de nous éveiller à l’espoir d’un avenir meilleur, digne de la Gloire Divine. Ce Temple le bet Hamikdach ainsi que la Cité de la ville Sainte de Yérouchalaïm que nous avons détruit et pouvons les reconstruire si tant est que nous prenions sur nous de revenir vers le Chemin de D’IEU.

Le meilleur de demain dépend de notre meilleur d’aujourd’hui !

Pas de Fatalité

Si notre Paracha nous parle longuement des sacrifices, il ne faut pas oublier ce que nos Sages nous enseignent : la Prière est le substitut des sacrifices !, s’exclame Rav Wallah’ (Maayan Hachavoua page 540).

Le Choulh’an Arouh’ O’’H 98-4 note que la Prière doit être animée des mêmes exigences que les sacrifices !

Peut-être que nous ne sommes pas sensibles aux sacrifices mais tout le monde sait que sans la Téfila nous n’avons rien.

C’est un des points forts de la Tora, il n’y a pas de situation fatale, et lorsque nous n’avons plus les sacrifices on se doit de trouver une solution au problème ! C’est la force même de la prière, elle est la solution à tous nos maux ! C’est la prière qui nous sort de toute fatalité ! Prions. Prions. Prions.

Ne cessons jamais de prier !

L’Amour 5 – par Rav Imanouël Mergui

Qui est le fort ?

Pour l’homme la force est synonyme de virilité. On a besoin d’être fort. C’est impressionnant de constater que les Sages se sont penchés sur cette question, ils ont légitimé l’interrogation !

Tout le monde connaît l’enseignement des Pirké Avot : fort est celui qui conquiert son penchant. Nous sommes tellement habitués à cet enseignement qu’il ne nous emballe plus. Puis, soyons honnêtes, qu’est-ce que cela veut dire conquérir son yetser ?

Il y a un autre enseignement qui est probablement complémentaire et explicatif du précédent.

Dans Avot Dérabi Nathan chapitre 23 on peut lire : fort est celui qui fait de son ennemi son ami !!!

Toute la force du yetser hara se joue dans notre rapport à l’autre !

La fierté de l’être pousse l’homme à se faire des ennemis, et encore moins de transformer son ennemi en ami. Là il faut une puissance énorme pour transformer son ennemi en ami. Comment fait-on ? Où trouve-ton cette force ? Qui serait à même de faire un tel exercice ? Tout d’abord il faut vouloir en arriver là. Mais comment développer cette volonté de voir son ennemi dans le cercle de nos amis ? Là le yetser hara nous traite de looser et faible si on ne garde pas la tête haute face à notre ennemi.

Certes nous devons aimer et rechercher la paix, comme nous l’enseigne Pirké Avot chapitre 1 Michna 12. Ceci veut dire qu’on doit tout faire pour éviter la discorde et entretenir de bonnes relations avec tous. Cet exercice n’est déjà pas facile en soi. Nous pensons que la paix se résume à ne pas se faire d’ennemis, or là nous apprenons que la paix va plus loin encore, elle nous invite à transformer un ennemi en ami ! C’est exceptionnel. Le plus dur encore c’est qu’on est persuadé que nous avons de bonnes raisons de haïr l’autre et d’en faire son ennemi. Comment surpasser tous ces motifs ‘’valables’’ pour aimer son ennemi ?

C’est ça la force du commandement d’aimer autrui, se surpasser et aller au-delà de ce qui justifie une haine ! Parce qu’en vérité RIEN ne disculpe la haine, les Sages la qualifie de ‘’haine gratuite’’ – ‘’sinat h’inam’’, parce que la haine est toujours gratuite ! Il y a la haine chronique, la tête de l’autre ne me revient pas, je ne le supporte pas etc. ; autant de phrases stupides qui nous conduisent à détruire des couples, des familles, des communautés, des peuples, à se haïr soi- même !

Il faut dépasser son naturel pour arriver à faire de son ennemi son ami, briser ses choix et agir à contre nature, explique Rav M.Z Etrog.

Il faudra sans doute rapporter cela à son propre yetser hara, note le Kissé Rah’amim – faire de son yetser hara son ami. Transformer sa nature négative en nature positive, sublimer les énergies !

C’est tout simplement d’ordre divin d’agir ainsi.

D’ailleurs le Midrach Pirké Avot Dérabi Nathan rapporte une autre explication qui définit le fort comme étant les anges de service ! Cela veut dire que l’homme doit devenir un ange pour aimer son ennemi, c’est de l’ordre de l’inhumain, c’est cela que la Tora nous demande ! C’est inouï.

Cela prouve ce de quoi nous sommes capables.

La haine est un vice tellement grave, dangereux, dévastateur, que D’IEU nous demande de devenir un ange, tout simplement.

Aimer sans cesse, tout le monde, tout le temps !!!

Tout ennemi soit-il fais en ton allié.

Tout yetser hara qu’il est prends le sous ton aile pour qu’il t’aide à t’épanouir, ne tombe pas dans son filet. Parce que le yetser hara est également un ange !, deviens ange à ton tour et supasse le, apprivoise le.

Et si ton ennemi est l’autre, tout humain soit-il, ne t’accable pas, ne baisse pas les bras, deviens plus fort, beaucoup plus fort, ne tombe pas dans son jeu, impose tes règles, AIME sans cesse.

Mais où trouve-t-on toutes ces forces ?

Ce même Midrach y répond : dans la Tora !!!

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