« Une Récompense Royale ! » par Rav Moché Mergui, Roch Hayéchiva

La Paracha « Balak » : La Torah consacre toute une Paracha à deux personnalités : BALAK roi de Moav et le prophète, BILAAM.

Il s’agit de deux associés qui ont le même objectif, qui utilisent le même moyen mais en ayant deux intentions (Kavanoth) différentes, deux fins discordantes. Par conséquent, ce qui est intéressant, ce sont les différences concernant les conclusions à retenir de chacun d’eux.

Explication : d’un côté, Balak le roi de Moav, se sent menacé par une invasion des Béné Israël et de l’autre Bilaam, reconnu comme le plus grand des prophètes des nations.

Leur objectif commun est de combattre les Béné Israël. Incroyable ! Le moyen que le Roi Balak choisi c’est de combattre Israël par l’arme redoutable de la parole à savoir la malédiction. Le roi fait appel à Bilaam ayant le pouvoir de la parole : par la malédiction destructive. Bilaam ordonne à Bilak (Bamidbar 23/29) « Construis-moi ici 7 autels et offre 7 taureaux et 2 béliers ».

Les 7 autels correspondent : aux 4 autels construits par Avraham Avinou, à celui construit par Yts’ak Avinou et aux 2 par Yaacov Avinou. Bilaam espérait ainsi séduire « Hachem » avec ses sacrifices. A trois endroits différents, Balak présente à Hashem 7 autels et offre 42 sacrifices soient 21 taureaux et 21 Béliers avec une pensée sincère.

Pour le roi Balak, la Kavanah consiste à détourner les Béné Israël de leur trajectoire pour protéger son peuple… Pour Bilaam génie du mal, il s’agit de proférer une parole accusatrice devant Hachem, pouvant détruire tous les enfants d’Israël. Hass’Ve Chalom !

Voyant qu’il n’obtient pas la permission de maudire, Bilaam conseille au Roi de Moav de provoquer les Béné Israël à la débauche pour les entraîner à l’idolâtrie. Cette épreuve du libre arbitre nécessitait que les Béné Israël fassent le bon choix et qu’ils résistent à la tentation.

Malheureusement nombre d’entre eux seront condamner à mort.

Nos maîtres retiennent de ses deux personnages deux enseignements fondamentaux :

a) Pirké Avot (5-19) s’éloigner « des défauts de Bilaam à savoir Aïn Raäh [le mauvais oeil] » c’est le mépris total à l’égard de celui qui marche dans la Voie divine.

b) Autres défauts de Bilaam : Rouah’ Guévoha [l’orgueil et la prétention de « séduire » Hashem]

c) ET néfèch réh’avala volupté insatiable, la provocation à la débauche et à l’idolâtrie.]

Son sort sera terrible.

Du roi Balak , nous retenons un enseignement fondamental : parce qu’il a offert 42 sacrifices royalement à HACHEM avec une pensée pure, nos maîtres déclarent : « Léolam Yaassok Adam Batorah oubémitsvot Af Al Pi Chélo Lichma ché Mitokh Chelo Nishma Ba Nichma [L’homme doit toujours étudier la Torah et accomplir les Mitsvot, même par intérêt, car à la longue cette observance le conduira au LICHMAH, la perfection de l’acte pour la Gloire divine. »

En effet, le Roi Balak a été récompensé royalement par Hahem par une descendance remarquable en la personne de Ruth la Moavit, mère de Oved, père de Ishay qui sera le père du Roi David Hamélekh.

Parachat Balak – Israël le peuple de l’espace ! Par Rav Imanouël Mergui

La Paracha nous fait part d’un épisode étrange : l’ânesse de Bilâm parle ! Et, que dit-elle à son maître ? Qu’est-ce que je t’ai fait pour m’avoir frappé trois fois ? (22-28). Dans le texte c’est l’expression ‘’chélocha régalim’’ qui est employée pour dire trois fois, pourquoi ? Cette expression nous rappelle es Trois Fêtes (Pesah’, Chavouot et Soukot). Bien évidemment on peut s’interroger pourquoi l’ânesse parle à Bilâm des Trois Fêtes ? Rachi commente : l’ânesse dit à Bilâm tu prétends pouvoir porter atteinte au peuple d’Israël qui fête ces trois fêtes chaque année ! Exceptionnel, les Trois Régalim nous protègent de la malédiction de Bilâm et de tous nos ennemis ! Pourquoi précisément cela est notre protection plus que tout autre commandement de la Tora ?

Le Ahavat Israël (rapporté dans Alim Litroufa page 435) propose une réflexion magnifique : au traité Yoma 21A les Sages nous enseignent que lorsque les Enfants d’Israël se rendaient au Temple pour les fêtes ils se tenaient debout à l’étroit, et lorsqu’ils se prosternaient il y avait de l’espace pour tout le monde ! Ils atteignaient un niveau de détachement de la matière que l’espace n’était plus un problème pour eux. A la différence de Bilâm qui s’énerve lorsque son ânesse lui coince le pied contre le mur (22-25). Toi qui es si matériel crois-tu pouvoir porter atteinte au peuple de l’espace, qui surpasse la matière.

D’après cette idée il ressort qu’on trouve refuge de l’attaque de nos ennemis lorsqu’on surpasse la matière et qu’on se rattache à des valeurs plus élevées. D’ailleurs la fin de la Paracha nous raconte l’épisode de Péor, qui veut que Bilâm n’ayant pas réussi à nous maudire arrivera à nous faire trébucher par les filles de Midyan… Le Or Hah’aïm Hakadoch – dont sa Hiloula est ce vendredi 15 tamouz (25 juin), note que si nous avons trébuché à la débauche ce n’est pas la faute de Bilâm mais c’est de notre faute car nous nous sommes rendus à des endroits non fréquentables, nous somme sortis du camp protégé de l’impureté extérieure. Israël s’expose au danger lorsqu’il quitte les lieux saints !

Rajoutons une idée majeure, lorsqu’on est droit debout on est à l’étroit et lorsqu’on se courbe on est en mode spacieux ! Cela veut dire que lorsqu’on avance la tête haute il n’y a de place pour personne, mais lorsqu’on sait se courber devant l’autre et qu’on lui fait de la place alors on est soi même moins étriqué. Le temple a été détruit à cause de la haine, c’est bien cela la haine occuper toute la place et ne pas en laisser pour l’autre !

Notons encore un point majeur : tout ceci se joue autour de la Parole. Bilâm emploie ses mots pour causer des maux à Israël. L’ânesse lui dit toi qui est un être étréci tu prétends vouloir attaquer le peuple de l’espace. Toi par ta parole tu veux rétrécir l’autre, tu veux lui enlever son droit à l’existence, c’est toi qui vas disparaître. Le peuple qui sait laisser de la place à l’autre, qui fait exister tout le monde ne peut pas disparaître par le peuple de l’étroitesse !

C’est bien par la parole qu’on fait de la place aux autres, qu’on fait exister l’autre, et c’est là qu’on trouve toute la protection contre nos oppresseurs.

La faiblesse de Bilâm se trouve dans sa parole dégradante et rétrécissante.

La Force d’Israël se trouve dans sa parole libératrice, encourageante, réconfortante, parole de prières et paroles de Tora !

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