« Savoir s’Adapter ! » par Rav Moché Mergui, Roch Hayéchiva

Après un séjour d’une année d’une très grande densité au pied du mont Sinaï, au cours duquel sont intervenus :

Plusieurs événements interviennent.

1/les Béné Israël se dirigent, à partir du 20 Yiar, vers Erets Israël. Mais dès le départ, la situation se dégrade. La Torah précise (Bamidbar 10-33) : « Ils quittèrent la montagne de Hachem comme un enfant qui sort de l’école soulagé de la quitter ».

2/le peuple manifeste des regrets concernant l’engagement pris pour la Torah.

3/ « le ramassis des gens qui étaient parmi eux fut pris de convoitise en se damandant ‘Qui nous donnera de la viande à manger. Il nous souvient du poisson que nous mangions pour rien en Egypte (…)’»(Bamidbar 11- 4 et 5) Et ils osent dénigrer la nourriture divine : la Manne !

4/ Moshé Rabbénou entend le peuple gémir, groupé par famille à l’entrée de chaque tente, en raison des unions incestueuses qui leur sont interdites (Bamidbar 11-10) .

Devant cette dégradation, Moshé Rabbénou, découragé, s’adresse à Hachem en disant : « Suis-je un nourricier qui porte le nourrisson ? » (Bamidbar 11-12) Le défenseur en arrive à souhaiter sa propre mort devant une telle dégradation du peuple.

En effet, Moshé Rabbénou pensait que sa mission consistait à faire sortir d’Egypte les enfants d’Israël, à les conduire au mont Sinaï pour recevoir la Torah, et à la leur enseigner. Devant les faits décourageants qu’il supporte, il découvre qu’il doit gérer aussi le quotidien : la nourriture, les relations humaines et la Relation avec Hachem.

Hachem lui répond aussitôt : « Assemble-Moi 70 sages et ils te soutiendront dans ta tâche ». (Bamidbar 11-16). Au verset suivant (17), « Hachem dit à Moché : ‘Je descendrai et je parlerai avec TOI là-bas, et je prendrai une partie de l’esprit qui est sur toi et je le mettrai sur eux et ils partageront la charge avec TOI . »

Le message d’Hachem à Moshé Rabbénou est précis : ‘Moi aussi, Je descends de Ma hauteur pour m’adapter au bas niveau des Béné Israël, pour les rapprocher de Moi ; ainsi, toi, tu dois t’adapter à la réalité de leur situation et rapprocher le coeur des Béné Israël de Leur Père céleste.’

Parachat Béaalotéh’a

Juif tout le temps !

Au chapitre 11 verset 4 la Tora nous dit que dans le désert les Enfants d’Israël réclamèrent de la viande à manger ! Pourquoi voulaient-ils de la viande, voilà qu’ils sont sortis d’Egypte avec de nombreux troupeaux note Rachi ? Le Beer Yossef (rapporté dans Yéh’i Réouven page 120) propose une réflexion majeure : il est vrai qu’ils possédaient de nombreuses bêtes, cependant cette viande transportée avec eux ils devaient la consommer tout en respectant de nombreuses lois comme si c’étaient des sacrifices, ce qui représente certaines contraintes, là ils voulaient manger de la viande librement sans aucune contrainte ! Voilà c’est le problème du juif qu’il veut être juif dans certains domaines et être libre dans d’autres domaines. Certains ne sont pas contre la ‘’religion’’ mais ce qui les insupporte c’est que cette ’’religion’’ les poursuit de partout !

Stop aux juifs de kipour ou du dimanche, soyons juifs tous les jours de notre existence…

Les colonnes de nuée

Les Enfants d’Israël voyageaient et campaient en fonction des colonnes de nuées qui les accompagnaient. « Et lorsque la nuée montait du dessus du Sanctuaire alors les Enfants d’Israël voyageaient » (chapitre 9 verset 17). Pourquoi la Tora emploie le verbe monter, on aurait pu dire ‘’lorsque la colonne se retirera du Sanctuaire’’ ? Le Béné Isah’ar (Igra Dékala) fait remarquer qu’on retrouve cette même expression dans la prophétie de Ezra (1-11) « lorsqu’il montera de l’exil ».

Le verbe monter est dit au futur, il en sera toujours ainsi,même lorsqu’Israël reviendra de l’exil il faut le lire avec le verbe monter. La colonne qui monte c’est Israël qui remonte de l’exil. Inspiré de ce commentaire, il me semble que se cache une idée supplémentaire. Notons que c’est une colonne de nuée qui nous guidait dans le désert.

Pourquoi cet élément ? pourquoi D’IEU ne nous a pas guidé par un autre moyen ? La colonne de nuée tel un nuage est un élément qui ne nous laisse pas entrevoir à travers, on ne sait jamais ce qui se trouve derrière le nuage, et pourtant Israël monte même dans l’obscurité de l’exil. C’est le message de la colonne de nuée dans le désert : avance même si tu n’y vois pas grandchose, certes seul celui qui est animé de FOI a-t-il la possibilité d’avancer à tout prix.

Avance même dans l‘obscurité, le juif ne s’arrête jamais, et rien n’arrête le juif ! D’ailleurs notre Paracha s’intitule Béaalotéh’a – fais monter la flamme qui est en toi ! Ravivons cette flamme afin de retrouver toute la lumière ! Ne cherche pas la lumière à l’extérieur, arrête de croire que la lumière est ailleurs, non, elle est en toi. Un mot doit être gravée en notre être tout le temps MONTE très haut et sans cesse, même dans le brouillard !

Les détracteurs de l’histoire

Les enfants d’Israël consommaient la manne dans le désert, le repas des Anges ! et voilà qu’un groupuscule de gens malintentionnés refuse de consommer ce met extraordinaire tel que la Tora le présente (voir chapitre 11 verset 7. Mais s’esclame Rav Guédalya Segal (Yalkout Maamaré Haémouna page 271) qu’est-ce qu’ils proposent à la place ? Vous ne voulez pas la manne, alors quel est votre désir ? « des concombres, des pastèques, de la salade, de l’ail et des oignons » ! Voilà la stupidité de ceux qui râlent, ils n’ont rien de mieux à proposer, ils sont là pour critiquer et protester c’est tout c’est bien cela leur seul objectif. Et le pire, poursuit Rav Segal, c’est qu’ils arrivent à attirer le peuple derrière eux ! Ils n’ont aucun programme, aucune perspective, juste l’art de contester. Ils détruisent tout sans proposer quoi que ce soit de positif. Comment font-ils pour ameuter tout un peuple juste pour des fruits et des légumes ?! C’est la force du ‘’bilboul hadaat’’ – l’embrouille de l’esprit ! Ce sont des détracteurs qui manifestement nous mettent à l’épreuve pour voir si tout va bien dans notre esprit. L’histoire a largement démontré, notamment par les faux prophètes et les prédicateurs d’avenir d’embrouiller les esprits et d’éloigner Israël de D’IEU.

Ce phénomène existe à l’échelle nationale mais également à l’échelle familiale. Il y a des gens qui ne savent rien faire d’autre que de critiquer et donc de mettre une ambiance pourrie dans leur couple. Ces gens détruisent toute une nation, des communautés, des familles par leur requête mesquine. Mais c’est là toute la faiblesse de l’homme, il préfère l’ail et l’oignon, la salade plutôt que la manne divine, quelle folie ! Et, il entraîne avec lui les autres dans ses salades…

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Fier d’être juif

Au chapitre 10 verset 31 Moché supplie Yitro de rester avec le peuple d’Israël, en ces termes il s’exprime « de grâce ne nous abandonne pas, tu seras pour nous les yeux ». Qu’est-ce que Moché est en train de dire là ? C’est gigantesque, il dit à Yitro qu’il est les yeux d’Israël ! Tel que s’exclame le Rav Bloch de Telz, les Enfants d’Israël avaient tout dans le désert, qu’est-ce qui leur manquait pour inviter Yitro à être leur guide ?

Moché aurait pu dire à Yitro de rester pour que Yitro profite du peuple d’Israël, n’est-ce pas Yitro qui a besoin d’Israël plus que ce que Israël a besoin de Yitro ? pour répondre la Rav propose : Yitro vient de nulle part (ou il vient des endroits des plus bas de l’idolâtrie et de la sorcellerie), il a tout quitté pour se convertir et reconnaître d’IEU. Il est un exemple majeur pour l’avenir d’Israël, il nous montre qu’il ne faut pas avoir peur de tout quitter pour rejoindre le peuple d’Israël et devenir un bon juif. Il abandonne son rang social, il est rejeté de la société du passé parce qu’il a compris que le D’IEU unique est avec Israël. L’histoire de la sortie d’Egypte l’a transcendé et n’est pas resté insensible. Ce qui est fort intéressant dans ce commentaire est que ceci est dit dans une Paracha où la Tora nous raconte combien de fois les enfants d’Israël ont grinché et se lamentent sans cesse. Comme si le peuple d’Israël avait quelque peu oublié d’où il venait et surtout qui le guide et s’occupe de lui. Yitro est le personnage qui nous rappelle notre bonheur d’être juif appartenant au peuple d’Israël animé de la foi en D’IEU.

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l’Amour 1 – par Rav Imanouël Mergui

Notre Grand Maître Rav Wolbe ztsal disait « l’Amour est la base de toute la Tora ! Toute la création désigne l’amour que D’IEU témoigne au peuple d’Israël ! La Tora est elle-même amour. L’exercice de la vie de l’homme est fondé sur l’amour. Rabi Yérouh’am affirme : l’homme ne peut pas vivre un instant sans amour » (voir Rouah’Chlomo Moadim et Olam Hayédidoute).

Je suis à la fois bouleversé et ému par cette affirmation. En même temps j’ai l’impression de n’avoir rien compris à la vie et à la Tora. C’est d’autant plus sensationnel qu’exceptionnel.

L’amour n’est pas une option mais il est l’essence de la vie, et de la Tora. Cela veut dire que si nous avons la démarche d’attendre de l’amour de la part des autres, nous devons davantage offrir de l’amour. Lorsque le Maître dit cela c’est pour rappeler que tous les drames d’Israël découlent de la haine tel que les Sages l’enseignent au traité Yoma 9B et nomment ce vice par ‘’sinat h’inam’’.

Alors le Maître nous encourage à aimer, et rappelle-t-il, l’amour c’est donner et non prendre !

Le béaba c’est l’amour. De ce fait tout ce que je fais de ma vie doit être synonyme de ‘’amour’’. Si ce que je vais dire, faire ou penser ne dégage pas le parfum de l’amour alors je le retire, je le stoppe.

Ce discours paraît tellement improbable et lointain de l’homme d’aujourd’hui, et pourtant… Peut-être même que tout ce qui se passe d’agressif dans le monde est le revers de l’amour. On n’apprend pas l’amour ! On n’enseigne pas l’amour ! Comme si l’amour était juste de l’émotion voir de l’impulsion.

Certes on ne veut pas abîmer l’amour et on veut lui préserver son côté spontané et son effet de surprise. C’est noble. Mais apprendre à aimer ne veut pas dire se calquer sur un mode d’emploi. L’amour ne supporte pas d’être dicté, c’est normal. Mais en parler, l’encourager, le définir, et tout simplement rappeler qu’il nous faille aimer n’enlève rien de la spontanéité de l’amour. L’amour connaît une forme de tabou et pire encore il a été inscrit dans un univers réservé aux ‘’adultes’’. C’est dramatique. Il ne faut pas confondre amour et plaisir charnel. L’amour va bien au-delà de cela.

Nous avons le commandement : d’aimer D’IEU, d’aimer autrui, d’aimer le converti, d’aimer son conjoint, d’aimer ses parents, d’aimer ses enfants.

Même si l’amour doit être adapté en conséquence, il n’en reste pas moins que tout cela s’appelle de l’amour et dans le verbe employé dans la Tora c’est toujours celui de ‘’ahava’’ qui revient. Et si, quand bien même l’amour est certainement différent entre celui d’aimer D’IEU, sa femme, ses enfants etc., tout cela s’appelle ‘’amour’’ car, comme a dit le Maître : l’amour touche tous les domaines de la vie, de l’existence, de l’univers. Rien n’est à exclure de l’amour. La forme de l’amour diffère en fonction de ‘’celui’’ qui est en face de moi, mais dans le fond, dans l’intériorité des choses, tout est amour. Ce qui est d’autant plus surprenant, pour ne pas dire choquant, est de constater que l’homme est animé davantage de haine et de cruauté alors qu’au fond de lui-même il est en quête d’amour ! Alors pourquoi investir dans la guerre, le conflit, la querelle etc. si en ton for intérieur tu recherches l’amour, tu vis à travers l’amour ?! Cela veut dire qu’un être frustré d’amour au lieu de bâtir l’empire de l’amour il va aller à l’opposé et bâtir l’empire de la haine. C’est (encore) un des grands paradoxes de la vie et de l’homme.

Cela veut dire encore que la haine ne répond pas à la nature de l’homme, alors que l’amour est le propre même de la nature de l’homme. Sans amour l’homme meurt et ne peut vivre un seul instant ! Et, paradoxalement, il est plus facile de haïr que d’aimer, d’éloigner que de rapprocher, de se quereller plutôt que de vivre harmonieusement.

Parce que l’amour commence par donner à l’autre, et la haine se définit par ce que je prends de l’autre.

Donner de sa personne, de son argent, de son attention et de tout ce que l’on peut donner n’est pas besogne facile, alors que prendre, piller, dérober c’est plus facile. Et, l’homme, préfère vivre dans le facile même à contre nature plutôt que de vivre dans l’effort même si cela même est sa propre sa nature !!!

Oui la Tora nous parle QUE d’amour, rien d’autre.

Amour à tout prix, envers tous, tout le temps, en tout lieu, adultes et enfants, jeunes et vieillards tous en sont concernés. L’amour c’est la vie.

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