« Le Kotel Hamaaravi » – par Rav Moché Mergui, Roch Hayéchiva
La Torah dit (Parachat TEROUMA 25-8) : « Et ils me feront un sanctuaire et Je résiderai au milieu d’eux, conformément à tout ce que Je montre : au modèle du Tabernacle et au modèle de tous les ustensiles ; et ainsi vous les exécuterez ».
Le Prophète Isaïe (66-1) annonce aux Béné Israël : « Ainsi dit Hachem : le ciel est mon trône et la terre mon marchepied, quelle est la maison que vous pourrez me bâtir, le lieu qui me servirait de résidence ? » Le Prophète oserait il ainsi contredire l’Ordre divin de construire un sanctuaire, LE MICHKAN ? NON ! Le Prophète informe les Béné Israël que leur infidélité est la cause du retrait divin, conduisant à ce que Son Trône soit installé dans le ciel. 480 ans après la sortie d’Egypte, le Roi Salomon construit le premier Beth Hamikdach, qui sera détruit 410 ans plus tard par Titus.
Mais après 70 ans d’exil, EZRA HA SOFER construit le deuxième Beth Hamikdach, qui sera détruit 420 ans après.
Depuis deux mille ans, il nous reste le Mur occidental du Temple, LE KOTEL HAMAARAVI, Témoignage de la Présence divine. En effet nos Sages nous enseignent : « Jamais la Présence divine n’a quitté ce lieu sacré. Hachem est toujours présent. Il remplit l’espace de tout l’univers. »
La Volonté divine exprimée par : « Je résiderai parmi eux » est toujours d’actualité !
C’est à nous de créer une place dans notre cœur pour accueillir la CHEH’INA [la Présence divine], comme il est dit dans Rois I (6/11) : « Le prophète AH’IYA ACHILONI au nom d’Hachem s’adresse au Roi Chelomo en disant : ‘Cette Maison que tu édifies, J’Y résiderai si tu te conformes à MES lois, si tu obéis à MES statuts, si tu as soin d’observer et de suivre tous MES commandements. Alors j’accomplirai en ta faveur la promesse que j’ai faite à David ton père. Je résiderai au milieu des enfants d’Israël et Je n’abandonnerai point ISRAEL mon peuple. »
L’objectif n’est pas la construction du bâtiment, mais il est de suivre les Voies divines. La vraie construction que Hachem souhaite, pour résider parmi nous, c’est la construction interne de l’homme par de bonnes qualités humaines des MIDOT TOVOT, basées sur les fondements de la sainte Torah.
LE KOTEL HAMAARAVI est toujours présent, c’est le Témoignage de la Présence divine sur terre, et IL est proche de nous.
IL NOUS ATTEND : commençons donc à proclamer la Royauté divine en récitant avec ferveur le CHEMA ISRAEL : « Tu aimeras l’ET’ ton D. de tout ton cœur de toute ton âme et de tous tes moyens » !
Le fleurissement du monde
Cette semaine nous lisons dans la Tora deux passages : 1) Parachat Térouma – qui parle de l’édifice du Tabernacle, 2) Parachat Zah’or- qui traite de notre devoir de se souvenir du mal que Amalek a fait au peuple d’Israël. Le Rav Guédalya Segal (Yalkout Maamaré Haémouna page 186) propose la réflexion suivante qui relie ces deux passages. Le Tabernacle avait pour objectif de faire résider la Providence divine parmi le peuple d’israël. Lorsque la Chéh’ina se trouve parmi nous elle imprime en chacun la soumission de son être devant D’IEU, et comme disent nos Sages – l’orgueil repousse la Providence. Amalek est le maître de l’orgueil, l’arrogance et le refus de se soumettre à D’IEU. Amalek est le premier ‘’révisionniste’’ de l’histoire, pour lui il n’y a pas lieu de s’impressionner des grands miracles que d’IEU a opéré en faveur d’Israël pour les faire sortir d’Egypte, de ce fait il a refroidi les nations qui avaient une certaine retenue envers Israël. Nous devons nous rappeler le mal qu’il nous a fait, mais surtout son effet de désintéressement d’Israël par rapport aux autres nations. C’est par son orgueil et son insolence qu’il opéra. Haman son descendant agira tel son ancêtre, il manifeste son orgueil de demander à chacun de se prosterner devant lui. Nous devons, à partir de ces deux passages, nous rappeler que seule la modestie est le siège divin. C’est la raison pour laquelle nous clôturons nos prières quotidiennes par une formule incroyable ‘’vénafchi kéafar lakol tiyé’’ – que mon être soit poussière devant tous ! Rappelons également que selon le Rambam (Mélah’im I) la réalisation du commandement d’effacer Amalek précède celui de la construction du Temple.
Au vu de ce commentaire il est facile de trouver qui est Amalek et qui ne l’est pas ?! Celui qui refuse de se comporter tel que D’IEU nous l’ordonne dans la Tora, ou/et pire encore celui qui s’invente une Tora (et oui malheureusement ça existe… je ne peux les nommer sur papier mais il y en a, attention) n’est autre qu’un descendant de Amalek ! Par-contre celui qui manifeste sa fidélité à la Parole de D’IEU en s’y soumettant de façon authentique est le réel combattant du mal pour faire fleurir le bon et le bien dans le monde. Chacun doit à son tour doit être clair et s’assurer d’être dans la bonne équipe. Es-tu un juif amalékite ou un juif de D’IEU ?! Œuvres-tu dans le sens du positif ou éloignes- tu le positif ?!
Où es-tu ?
Les Enfants d’Israël ont reçu l’ordre de construire le Tabernacle. Une question s’impose : alors que le Temple a été détruit, son emplacement reste saint, alors que le mont Sinaï n’a plus de valeur après le don de la Tora, quelle est la différence ? Le Gaon Yehiel Mihal Stern (Otsar Hayédiot Mah’chava Oumoussar page 169) rapporte une réponse fondamentale et vitale au nom du Tsadik Rav Elyahou Lopian ztsal : le Temple a été construit par le concours dévoué du peuple d’Israël, ce qui n’est pas le cas du mont Sinaï où D’IEU s’est manifesté indépendamment du concours d’Israël !
L’homme cherche le facile, le sans effort, mais dans ce mode de vie tout s’évapore, il ne reste rien de concret. Le juif est un bâtisseur, ce qui veut dire que sa vie dépend des efforts fournis dans son exercice. Si on va à la synagogue seulement quand il fait beau, ou ceux qui attendent que la pandémie disparaisse pour participer aux prières, alors sa prière n’a pas beaucoup de valeur. Ce n’est que dans l’effort qu’on existe parce que dans l’effort on exprime toutes ses énergies. Pareil pour la tsédaka, celui qui donne de l’argent à la tsédaka même s’il n’en n’a pas beaucoup cela est d’une valeur inestimable. Mais le riche radin qui se contente de donner peu sans qu’il en ressente un dévouement son geste n’est pas grand. L’homme existe là où il fournit des efforts. Je ne parlerais même pas de l’harmonie dans le couple, là où dès qu’il faut faire des efforts tous se sauvent et préfèrent divorcer. Quel drame. Quel dommage. La réponse à la question où es-tu, est : tu es la où tu t’investis. Pirké Avot (chapitre V) nous enseigne « léfoum tsaara agra », le salaire dépend du dévouement de l’être.

Cette semaine est la Hiloula de mon Grand Maître qui m’a élancé dans la Tora : le Gaon et Tsadik Rabi Tsvi HaCohen Rozenberg ztsal, décédé le 6 Adar I 5779. Déjà deux ans ! Le vide est immense. J’ai eu la chance de le côtoyer durant trente-cinq ans. Vous pouvez trouver ses nombreux grands enseignements sur son site AHAVATORAH.FR.
Je voudrais partager un enseignement sur la Paracha inspiré de son être (je crois même que j’ai entendu ce commentaire du Rav ztsal).
Le premier élément que Moché ordonne au peuple de construire pour le Tabernacle est le Aron Hakodech – l’Arche Sainte qui contenait la Tora et était déposé dans le lieu le plus sacré du monde, où même le grand Cohen ne pouvait s’y rendre qu’une fois par an durant le jour de kipour. Les Maîtres nous enseignent que le Aron représente le Talmid H’ah’am – celui qui s’adonne pleinement à l’étude de la Tora et s’y investi corps et âme sans relâche. Nous avons connu cela sans aucune exagération chez le Rav ztsal, il étudiait la Tora tout le temps, il aimait la Tora et a réussi à nous donner l’envie de suivre sa voie. Aujourd’hui il n’y a pas beaucoup de juifs qui aiment étudier la Tora. Lorsque la Tora parle du Aron elle note ses dimensions, sa longueur – deux coudées et demie, sa largeur – une coudée et demie, et sa hauteur – une coudée et demie. La Tora a une longueur – elle est très profonde, il faut la découvrir dans tous ses secrets. On ne peut pas se suffire d’une Tora superficielle et vitrine. Il faut pénétrer dans la Tora et en extirper tous ses délices. C’est ce qu’on appelle le ‘’iyoun’’. Le Rav ztsal nous a appris à plonger dans l’univers de la Tora. Sa largeur – la Tora est très vaste : les textes sacrés, le Talmud Babli et le talmud Yérouchalmi, les Midrachim, le Zohar, les livres de tous les Maîtres de la Tora. Le Rav ztsal avait une connaissance impressionnante de la Tora. Il connaissait tout. Sa hauteur – la Tora est le seul exercice de la vie qui nous donne une stature, du charisme, de la classe, de la noblesse. Le Rav ztsal était marqué de cette grandeur d’être. Mais notez que les mesures sont composées de demie ! Parce que l’humilité est la qualité même de celui qui étudie la Tora, plus il étudie plus il est modeste. C’est la force de la Tora : garder en mémoire que nous ne sommes qu’à la moitié de ce qu’on peut faire encore. Cet état nous garde en haleine d’aller encore toujours plus loin, qu’on n’a jamais fini d’étudier, qu’on est donc des étudiants pour la vie. Le Rav ztsal étudiait la Tora tout le temps. Comment des imbéciles croient connaître la Tora, gérer des communautés, guider le peuple alors qu’ils sont des ignorants professionnels. Le Rav ztsal nous disait : sois satisfait de ton étude mais ne t’en suffit jamais. Il possédait une bibliothèque comprenant des milliers de Livres de Tora. Alors âgé de treize ans je contemplais sa bibliothèque plus qu’un trésor de diamants. Il aimait ses élèves, c’était impressionnant, il croyait en chacun et voyait en chacun un futur Talmid H’ah’am. L’étude de la Tora n’a pas pour enjeu uniquement de la connaître, la Tora n’est pas une science. L’enjeu de l’étude est de devenir soi- même un Sefer Tora! En sept années de Présidence – Roch Hayéchiva de la Yéchiva Kétana de Marseille c’est près de cinq-cents élèves qui y sont passés ! Aujourd’hui la majorité occupent des postes communautaires dans le monde entier, en Erets Israël, en France, en Amérique et au Canada. Il a eu le courage d’ouvrir une Yéchiva pour adolescents dans les années 80, un projet dont peu l’ont suivi au début. C’était osé et novateur. Mais ceux qui l’ont suivi n’ont pas regretté. Par la suite des années il devint le Rav de la communauté de Rashi Shul à Paris où il instaura l’étude quotidienne du Talmud appelée le Daf Hayomi, c’était encore une nouvelle activité qui n’existait pas en France. Il n’avait qu’un seul souci: apprendre à tout le monde la notion d’étudier la Tora. Il ne diffusait pas la Tora, il apprenait que la vie c’est apprendre. Son Daf Hayomi ne se limitait pas à une lecture de deux pages du Talmud par jour, comme vous le constaterez sur son site, il enseignait le Daf Hayomi avec approfondissement, avec amour de la Tora, avec amour de ses élèves. Qui nous remboursera sa disparition ?
Qui va nous guider ?
Vous ne l’avez peut-être pas connu, foncez sur son site ahavatorah.fr, pour vous régaler.
Je lui dois une très grande partie de ma Tora. De ce fait la ville de Nice en profite ! Je lui rends ce cours hommage, bien qu’on ne puisse pas résumer 64 années de vie de Tora en quelques lignes. Le meilleur résumé de sa vie est la continuité de son étude et de ses œuvres reprises par la Rabanite et son fils – Rav Yossef chalita.
Que son mérite rejaillisse sur tout le Klal Israël.
Imanouël Mergui Son élève dévoué et impressionné