בס״ד
« La Yéchiva Céleste » par Rav Moché Mergui – Roch Hayéchiva
Question : A QUI LA YECHIVAH CELESTE EST-ELLE RESERVEE ?
A la fin de sa vie Yaacov Avinou bénit tous ses enfants et chacun d’eux reçoit sa propre Bénédiction.
Yaacov Avinou nous surprend : il s’adresse d’abord à Zévouloun, le sixième fils de Léa, avant de bénir le cinquième fils Issakhar, en disant : « Zevouloun occupera le littoral des mers, et il se livrera au commerce » (Berechit 49- 13). Le verset suivant précise : « Issakhar est un âne osseux. » Issakhar est comparé à un âne chargé d’un lourd fardeau : du joug de la Torah. Rachi explique pourquoi Yaacov Avinou a béni Zévouloun, le plus jeune, avant Issakhar, le plus âgé. C’est parce que Zévouloun se livrera au négoce et assurera la subsistance d’Issakhar, lui permettant ainsi de se consacrer à l’Etude de la Torah. De même, Moché Rabénou renouvellera cette Bénédiction en disant : « Réjouis-toi, Zevouloun, dans tes sorties et Issakhar, dans tes tentes » (Devarim 33/18).
Posons-nous la question : de nos jours qu’est-ce qu’une Yéchivah ? A qui est-elle réservée ? Que produit-elle ? Qui subvient à ses besoins matériels ?
La Yéchiva est le Lieu par excellence où des jeunes gens consacrent une partie ou toute leur vie à l’Etude de la Torah écrite et orale, le Talmud avec ses commentaires… Ce sont les « Issakhar » de chaque génération. Ils sont INDISPENSABLES.
Les plus puissants intellectuellement atteindront le niveau de Dayan (Juge), d’autres occuperont la fonction de Rav, d’enseignant, de choh’èt, de sofer, de ministre officiant, de cadres communautaires, fondateurs et directeurs d’école juive… D’autres, après avoir atteint un certain niveau se dirigeront vers la vie active après avoir suivi une formation trèspoussée.
Il faut savoir que la Yéchiva dépend totalement du soutien des personnes généreuses qui sont conscientes de l’importance capitale, primordiale, de l’Etude de la Torah. Ce sont eux les « Zévouloun » de la génération.
Une association vertueuse est établie entre les hommes d’affaires « Zévouloun » et leurs frères « Issakhar » qui sont les étudiants s’investissant dans l’Etude de la Torah. Zévouloun, en échange de son soutien, partage ainsi le mérite de la grande Mitsvah de l’Etude de la Torah accomplie par Issakhar.
Cependant, cela ne dispense pas totalement Zévouloun de fixer pour lui-même des moments pour l’Etude tous les jours, afin d’accomplir la Mitsvah du Limoud HaTorah.
Le Roi Salomon nous enseigne dans Kohélèt (7-12) : « Car siéger à l’ombre de la sagesse, c’est comme s’asseoir à l’ombre de l’argent. » Nos maîtres s’interrogent dans le Talmud (Traité Pessahim 53b) sur le sens de cette comparaison. Ils proposent de l’expliquer ainsi « chacun de ceux qui soutient un érudit dans l’Etude de la Torah est considéré comme digne d’être accueilli dans la Yéchivah céleste ».
Ainsi, ensemble, Zévouloun et Yssakhar siègeront dans la Yéchivah céleste.
Le Respect des Parents, jusqu’où ?!
Par Rav Imanouël Mergui
Au chapitre 48 verset 12 la Paracha Vayéh’i nous dit que Yossef s’est prosterné devant son père Yaâkov en signe de respect. La question s’impose bien évidemment, au chapitre 48 verset 10 la Tora nous dit que Yaâkov ne voyait plus, quel est le sens de se prosterner devant son père lorsqu’il ne voit plus ?
Le Gaon Rabi H’aïm Kanievsky chalita (rapporté par Rav Wallah’ dans Torat H’aïm page 695) a répondu : le Talmud au traité Kidouchin 33A raconte que Abayé se levait devant Rav Yossef son maître même si celui-ci était aveugle, ainsi les gens diront que l’élève se lève devant son maître. Nous apprenons d’ici que même si le père est non voyant, voire même s’il n’est plus lucide, l’enfant a le devoir de se lever devant lui et de l’honorer ! L’honneur du parent et du maître doit être effectué même s’il n’est pas en mesure de recevoir ce respect, le sens de ce respect va au-delà de la conscience de la personne qu’on doit respecter. Effectivement ici le respect est ce qu’on renvoie aux autres, ceux là diront qu’untel a de la révérence envers ses parents et maîtres et continue de leur témoigner de l’honneur. L’honneur envers parents et maîtres c’est aussi ce que les autres voient de moi, cela s’inscrit dans le respect qu’on doit envers l’autre. Certes apprenons à respecter parents et maîtres lorsqu’ils ne sont ni aveugle ni malades, D’IEU nous en préserve. Ais, nous voyons d’ici jusqu’où va le devoir de respecter nos parents et nos maîtres !
Notons ici un texte fabuleux du Gaon Rav Moché Shternbuh’ chalita (Téchouvot Véhanagot volume II psiman 448) : Question, un vieil homme est alité depuis des années sans aucune conscience de ce qui se passe autour de lui, selon les médecins il ne se réveillera pas de son état ; doit-on continuer à dépenser de l’argent pour le maintenir en vie, et est-ce que les enfants sont encore tenus de le respecter ? Réponse, on pourrait supposer qu’une vie inanimée de pratique de Tora et Mistvot n’a aucun sens, selon la science on a aucun moyen d’améliorer son état, et de toute évidence on n’attend pas un miracle (même si celui la peut arriver…), cependant le Choulh’an Arouh’ O’’H 329-4 stipule qu’on transgresse Chabat pour une personne qui est complètement écrasée afin qu’il vive quelques instants même s’il ne pourra plus jamais pratiquer la Tora et les Mitsvot ! Pourquoi ? Il nous faut bien comprendre qu’u juif qui a pratiqué la Tora de son vivant même s’il arrive à un état de santé où il ne lui est plus possible d’en faire autant, (il ne sert pas à rien…) les mérites qu’il a accumulé durant son état de bonne santé sont un bienfait pour le monde et on en bénéficie pour protéger le Klal Israël ! En plus des mérites qu’il obtient lui- même du fait d’être dans cet état… ! Son décès restera une grande perte pour tout Israël, c’est donc un commandement de la Tora de le maintenir en vie aussi longtemps que possible, et même s’il est nécessaire de transgresser Chabat pour lui on le fera ! On ne doit pas faire l’économie de quelque façon et moyens soient-ils. Sans aucun doute cela sera un grand mérite même pour sa famille, il est pour eux une protection.
Le Rav continue : les enfants sont tenus de continuer à lui rendre visite même si le père dans cet état n’a aucune conscience de leur présence. Voir le Birké Yossef concernant le devoir de respecter un parent non voyant. Il est de toute évidence que si la personne dont nous traitons est érudite en Tora-Talmid H’ah’am, qu’il faudra se lever devant elle pour respecter sa Tora (il n’y a pas de prix au respect qu’on doit à la Tora…). Mais même si le parent n’est pas érudit on doit le respecter même s’il est inconscient – le respect des parents est comparé à celui de D’IEU, le Talmud au traité Kidouchin 31B dit que Rav Yossef se levait dès qu’il entendait les pas de sa mère qui arrivait – nous voyons donc qu’on se doit de respecter les parents même s’ils ne le savent pas ! Cela va dans le même sens qu’écrit le Chah’ (Y’’D 244-6) qu’on doit se lever et rester debout devant le Nassi (grand de la génération) jusqu’à ce qu’on ne le voie plus, même si lui ne voit pas les gens qui se lèvent. Les enfants doivent aller rendre visite à leur père même malade et inconscient ainsi ils réalisent le commandement de la Tora du devoir du respect des parents à tous prix.
Le Rav rajoute un point important : il est fort probable que même si nous n’avons pas l’impression de lui apporter quelque chose, au fond nous ne savons pas ce qu’il ressent. Conclusion, les enfants sont tenus par leur devoir de respecter leurs parents, quelque soit l’état de conscience qui les anime, le mérite de cette Mitsva les accompagnera dans ce monde et dans le monde à venir, au vu de l’immensité de cette grande Mitsva !
Le Richon Letsion Gaon Rav Yitsh’ak Yossef chalita s’est également penché sur cette question (Yalkout Yossef Kiboud Av Vaem page 570), en voici un extrait : Les Sages reprochent à Yaâkov notre Père de ne pas avoir été rendre visite à son père Yitsh’ak alors même que celui-ci était aveugle ! Il est clair que même si le père est aveugle l’enfant lui doit tout le respect ! De plus celui qui ne respecte pas son parent aveugle, les gens seront étonnés de ce comportement incorrect. Le Chout Haleket, Minh’at H’inouh’ (257), Chaar Efraïm, H’ida, Guinat Véradim, Téchouva Méaava, Rabi Akiva Iguer, Arouh’ hachoulh’an, Guédoulat Elicha, Ben ich H’aï, Yad Chaoul, concluent également ainsi.
Le Rav rapporte le H’azon Ich que même si le père est non voyant il est évident qu’il ressent ce qui se passe autour de lui et entend tout, cela fait s’inscrit dans le respect du père.
Le Rav écrit encore (page 573) : si le père est atteint d’amnésie et ne reconnaît plus ses enfants, ou toute autre maladie qui conduit le père a ne plus être conscient de ce qui se passe à coté de lui, les enfants ne sont aucunement dispensés de lui témoigner tout leur respect.
La question du respect des parents est d’une extrême délicatesse et touche de nombreux domaines. Voici quelques questions soulevées par les décisionnaires : a-t-on le droit de placer les parents dans une maison de retraite ou bien faut-il les garder chez soi et s’en occuper (voir Rav Elyachiv Kav Vénaki I page 272) ? Comment s’occuper d’un parent qui est devenu aliéné voire violent (voir Choulh’an Arouh’ Y’’D 240-10 et Takanat Hachavim Rav Trevis volume III page 66) ETC… Rappelons que cette mitsva est immense, commençons par respecter grandement nos parents et nos maîtres lorsqu’ils vont bien. Comprenons que rien ne nous dispense de les respecter, certainement pas lorsqu’ils ne partagent pas nos idées et nos choix dans la vie. Les lignes ne suffiront pas pour venter l’immensité de cette mitsva, dont notre société a perdu le sens et le goût. N’oublions pas que le respect des parents ne s’arrête pas après leur mort, même décédé les enfants doivent les respecter. De toute évidence le respect des parents ne se limite pas au Kadich récité après leur décès. Yossef s’est prosterné devant son père et ne s’est pas interrogé de savoir si son père le verrait ou non!
Il y a un autre point à retenir : Yossef se prosterne devant son père ! Avez-vous essayé de vous prosterner devant votre père et votre mère ?! Cela veut dire qu’on doit voir nos parents plus que comme des rois et reines, effectivement n’oublions pas que Yossef est roi d’Egypte et se prosterne devant son père. Quel que soit le poste social et le grade que tu occupes dans ta vie tu dois t’écraser devant tes parents. C’est tout simplement sublime !
Voilà un tout petit aperçu de comment la Tora nous invite à glorifier nos parents de façon illimitée.
(un proverbe dit : reste au service de ta mère car le paradis est à ses pieds ! Le Talmud nous enseigne que la mère est la Chéh’ina… ! – la Présence Divine dans toute sa splendeur et son essence…)
Où trouver la Bénédiction ?
La Paracha nous raconte que Yaâkov bénira ses petits-fils Ephraïm et Ménaché. Dans sa bénédiction il leur dit (48-16) « que mon nom et le nom de mes pères : Avraham et Yisth’ak se posent sur vous ». Pourquoi Yaâkov précède son nom à celui de son père et de son grand-père ? Rav Yaâkov Ben Sarouk (Métikout Hatora page 501) rapporte la réponse suivante : Yaâkov représente le pilier de la Tora, il veut dire à ses descendants ‘’ si vous voulez avoir la bénédiction accrochez-vous avant tout à l’étude de la Tora !’’. Yaâkov le maître de l’étude de la Tora passe avant tout le monde !… Tout ce que l’homme fait de bien n’a de sens seulement au travers de l’étude de la Tora. Comme écrit le Or Hah’aïm : si les gens savaient quel bonheur excellent contient la Tora ils fileraient comme des fous pour aller étudier la Tora ! De tout temps certains regardent ceux qui s’adonnent à l’étude comme des marginaux, alors que toute la bénédiction du monde repose sur ceux qui étudient la Tora, explique Rachi au traité Sanhédrin.
La Fin des Temps
Un des sujets des plus fondamentaux et des plus sensibles de notre Tora est celui du Machiah’. S’il est un commandement de croire et d’attendre la venue du Machiah’, comme écrit le Rambam, l’histoire a démontré les dégâts que nous avons subi autour des promesses mensongères et des faux espoirs quant à la venue du Machiah’. Notre Père Yaâkov réuni ses enfants avant de mourir et veut leur annoncer la fin des temps et la venue du Machiah’ – voir 49,1 Rachi, Ramban, Baal Hatourim, Sforno… Mais finalement il ne le fera pas, il lui sera impossible de dévoiler le secret de la fin des temps ! Pourquoi ? Mystère ! Et ceux qui tentent de dévoiler ce que Yaâkov n’a pas pu faire est gravement puni par les Sages. Savoir comment les choses se dérouleront à la fin des temps est pure vanité, écrit le Rambam (Mélah’im II). Le Gaon Rav Elh’anan Wasserman ztsal, écrit : sans aucun doute les évènements que nous vivons prouvent que nous ne sommes pas loin de la venue du Machiah’, cependant celui qui prétend que la Guéoula est là est un escroc, personne ne peut savoir quand et comment l’histoire se déroulera, le verset dans Daniel 12-4 formule clairement l’inaccessibilité de ce mystère. Si j’avais le temps, poursuit le Maître, j’écrirais un ouvrage qui parle de cet immense sujet, nous pouvons largement nous inspirés des textes de la Tora et des Maîtres pour voir que tout ce qui est écrit dans la Tora se réalise pleinement. Rappelons un point historique : le Gaon et Tsadik Rav Elh’anan ztsal a connu la période de la monstrueuse Shoa, c’était une période ou les gens attendaient des réponses et surtout un espoir de Guéoula. Le Rav s’est battu contre les faux prédicateurs qui n’ont fait qu’éloigner les gens de la Tora et surtout qui ont abimé ce fabuleux sujet que représente le Machiah’. Pour bien comprendre ce que cela veut dire je vous invite à lire son ouvrage clé ‘’Kovets Maamarim’’. Il existe de nombreux livres qui en traite notamment le Rambam dans ses missives, le Abrabanel dans son ‘’Yéchouot Méchih’o’’, le Ramban dans son ‘’Sefer Haguéoua’’. Sans oublier ‘’Netsah’ Israël’’ de notre Lumière et Grand Maître le Maharal de Prague. Plus contemporains, Rav Sorotskin ‘’Kets Hayamin’’ et beaucoup d’autres encore. Peut-être que si le Machiah’ n’est pas encore venu c’est parce qu’on attend un Machiah’ qui n’est pas celui de la Tora, je veux dire on ne connaît pas assez, malencontreusement, ce sujet selon les textes de la Tora… C’est bien dommage car c’est un sujet passionnant qui est un épisode majeur de notre histoire, mais que nous dégradons avec notre fantasme messianique… Certes tout le monde rêve de connaître des jours meilleurs, sortir de l’exil, retrouver Erets Israël avec le Bet Hamikdach, cependant le Talmud au traité Yoma nous dit que tant que nous ne remédions pas aux causes de la destruction nous ne pouvons rien reconstruire. Quelle est la cause destructrice : la Haine ! Arrangeons le présent pour connaître l’avenir ! Il existe d’innombrables enseignements fabuleux pour faire avancer le processus ‘’guéoulatique’’, je n’en citerais qu’un seul tiré du traité Bérah’ot 8A « Rabi Nathan dit : tout celui qui s’investi dans l’étude de la Tora, la générosité et prie avec la communauté il m’a libéré ainsi que mes enfants de l’exil parmi les nations ! »…
Pourquoi D’IEU n’a dévoilé à personne, aucun prophète aucun maître, la fin des temps ?
Le Maguid répond (Michlé Yaâkov Vayéh’i) :
Si nous connaissions la date de la fin des temps nous ne nous plaindrions pas de notre état en exil ; la première règle de la venue du Machiah’ c’est de saisir notre état dramatique en exil ! (Attendre le Machiah’ et vouloir en même temps consommer la bassesse de l’exil c’est antinomique…)