« Attention ! Ouverture de La Porte » par Rav Moché Mergui, Roch Hayéchiva

Dans la Paracha CHEMINI, la Torah nous recommande de faire très attention à la consommation des aliments cachers. C’est par l’ouverture et la fonction d’un organe exceptionnel, LA BOUCHE, que ces aliments entrent dans notre corps.

Dans la Paracha METSORAH, la Torah nous ordonne de contrôler les paroles qui sortent par ce même organe, cette même ouverture : LA BOUCHE.

De même qu’une nourriture saine, appropriée et sélectionnée nourrit le corps, les paroles réfléchies et choisies construisent la relation avec son prochain et développent l’esprit de l’être humain.

A l’inverse, H’as véchalom, se situe la mauvaise parole du Metsorah [le lépreux] qui fait sortir le mal et la méchanceté de sa bouche. Il porte préjudice à son prochain, ce qui est révélateur de mauvaises Midot raote, c’est-à-dire de mauvaises qualités humaines. Cet homme se dégrade et la Torah le condamne sévèrement.

L’usage de la mauvaise langue, le colportage, le mensonge, la calomnie, la parole ordurière ont pour origine la jalousie, la haine gratuite et l’orgueil.

Le Roi David dans TEHILIM (34-13) nous exhorte à la réflexion : « Qui souhaite la vie ? Qui aime les longs jours pour apprécier le bonheur ? Préserve ta langue du mal et tes lèvres des discours trompeurs, détourne-toi du mal et fais le bien, recherche la paix [LE CHALOM] et poursuis là ».

Les PIRKE AVOTH (1-17) : « Rabbi Chimôn ben Gamliel enseignait : ‘Toute ma vie, j’ai grandi parmi les sages et je n’ai trouvé de bon pour le corps que le silence’. L’essentiel n’est pas la recherche, mais l’acte. Celui qui parle beaucoup amène le péché. »

La bouche en hébreu se dit Pé – Pé -SAH’ ! PESSA’H est la fête de la parole, de la transmission pour chacun des quatre enfants, il existe une explication adaptée à son intelligence.

La Torah nous ordonne « Tu parleras d’Elles ! » C’est la mitsvah de parler de la Torah, de son Etude, d’engager la réflexion sur son explication, de faire aimer la Parole divine, de donner le goût et le plaisir d’encourager son entourage à l’Etude.

Un sage enseignait : « On regrette toujours les paroles désagréables, qui sont très difficiles à réparer, et on ne regrette jamais le silence d’or. »

Rabbi Akiba enseignait : « la haie de la sagesse, c’est le silence. »

Nos sages ont aussi dit « Le silence sied aux sages, et à plus forte raison aux sots. » Traité PESSAHIM (99a).

Attention ! à l’ouverture de la porte !

La Fourmi (3) – par Rav Imanouël Mergui

Le roi Chlomo nous invite à contempler la fourmi. Dans Michlé chapitre 6 il dit « regarde les comportements de la fourmi et deviens sage – h’ah’am ». Il y a quelque chose d’extrêmement puissant dans cette invitation du roi. D’ordinaire lorsqu’on parle des créatures divines c’est pour nous initier à voir la grandeur divine, on atteint la foi en contemplant l’immensité du divin et on prend conscience de l’omniprésence divine, c’est à travers l’oeuvre qu’on reconnaît l’artiste ! Le roi Chlomo prend une autre voie, selon lui contempler la création c’est pour ramener les choses à soi ! Ici en regardant la fourmi on devient h’ah’am ! La h’oh’ma, qui est un immense sujet en soi, se développe chez l’homme lorsqu’il se tourne vers ce petit insecte : la fourmi. Il ne nous reste qu’à nous interroger en quoi la fourmi a-t-elle la faculté de nous rendre plus sage ? C’est la question du Midrach Dévarim Raba 5-2 : quel est le comportement de la fourmi qui est à même de rendre l’homme h’ah’am ? Qu’y-a-t-il de si impressionnant chez la fourmi pour sortir l’homme de sa bêtise et le transformer en h’ah’am ? Cette interrogation prend tout son sens dans une société où l’homme avance, évolue comme disent-ils, dans la découverte scientifique, ce qui est bien entendu extraordinaire en soi, mais cet avancement fait-il de l’homme un être h’ah’am ? Tant qu’il y a des fourmis sur terre ce n’est pas uniquement pour les arroser d’insecticide ! La présence de la fourmi est pour que nous humains apprenions ce qu’est être h’ah’am ! Le h’ah’am est celui qui apprend de tout même de ce qui est plus petit et plus insignifiant que lui-même !

Le Midrach répond à sa question, lisons-le : les Sages disent, regarde le ‘’dereh’ erets’’, le mode de vie de la fourmi, qui se sauve du vol ! Rabi Chimon ben H’alafta rajoute, il est arrivé qu’une fourmi a fait tomber un grain de blé, les autres fourmis sentirent l’odeur d’une fourmi qui l’avait laissé tomber et ne touchèrent point ce grain, celle qui l’a perdu a pu le retrouver ! Regarde la sagesse qui l’anime elle ne l’a apprise d’aucune autre créature, elle n’a ni juge ni agent, mais vous qui avez des juges et des agents à plus forte raison que vous devez les écouter et suivre leur recommandation.

C’est extraordinaire, nous voyons deux points la sagesse se définie par le respect du bien d’autrui – se sauver du vol, et par la faculté de comprendre par soi même ce dit respect, à fortiori suivre les Maîtres et leurs enseignements est un signe de sagesse.

De toute évidence la question s’impose : en quoi ne pas toucher au bien d’autrui est synonyme de sagesse ? Pourquoi la sagesse se définie par le commandement de ne pas voler ? Qui de nous ne touche pas ce qui n’est pas à lui ? Pourquoi est-ce synonyme de sottise ? Le Midrach relie la sagesse, c’est-à-dire tout le travail intellectuel de l’être et le rapport qu’il a d’avec les affaires des autres, avec ce qui ne lui appartient pas ! Pour répondre à ces questions il me semble qu’il fille revenir sur une notion fondamentale : celui qui vole, celui qui s’introduit dans la vie de l’autre est un être pauvre en lui-même, ou en d’autres termes un être qui ne sait pas découvrir sa propre richesse, il vie à travers les autres. Cet état là est le contraire de la sagesse. La h’oh’ma veut que l’homme apprenne à suivre sa propre aventure dans la vie, indépendamment de ce qu’il va chercher chez les autres. Rachi (Chémot 31-3) et Rabénou Yona (Avot 3-17) définissent le h’ah’am comme étant celui qui apprend es autres ! C’est là toute la différence avec le voleur, ce dernier prend quelque chose de l’autre et crée un manque chez l’autre alors que le h’ah’am prend quelque chose de l’autre sans ne créer chez lui un manque. Le voleur n’a pas d’aventure propre, il pille aux autres leur histoire alors que le h’ah’am s’inspire de l’autre pour écrire sa propre histoire. L’autre n’est pas mon référentiel mais il peut être un stimulus, à partir du moment où je m’ingère dans la vie de l’autre pour lui prendre ce qu’il a c’est que je veux vivre sa vie et non la mienne.

Parachat Tazria-Métsora

Le Feu de la Tora

Le Gaon Rav Elh’anan Wasserman ztsal a largement mis en garde le danger de vouloir ressembler aux nations, au-delà du fait que la Tora nous l’interdit déjà lorsqu’lle dit ‘’oubéh’oukotehem lo téléh’ou’’ (voir Vayikra 18-3), le prophète Yehezkel (20-32) s’exprime de la sorte « il n’en sera rien de cela, c’est par la force et la colère que Je règnerais sur vous » ! Les Sages nous enseignent que la lèpre frappait d’abord les maisons puis les vêtements de l’homme et si besoin elle atteignit son corps. Pourquoi dans cet ordre d’abord la maison ? Les Maîtres enseignent dans le Midrach : ‘’D’IEU est plein de miséricorde, il ne touche pas en premier l’être’’. La pauvreté qui touche manifestement de plus en plus de personnes s’inscrit dans cette miséricorde divine ! toutefois on peut constater que même si les choses se font par niveau, d’abord la maison puis les vêtements et ensuite le corps, de nos jours les étapes se succèdent plus vite qu’avant ; nous devons savoir clairement que tant que nous suivrons les chemins incorrects rien ne nous épargnera de la colère divine, il n’y a à cela qu’un seul conseil ‘’ôtez les dieux étrangers qui se trouvent parmi vous’’ (Béréchit 35-2). Ces cultes étrangers ne peuvent être éradiqués uniquement par le feu ! Quel feu ? Celui de la Tora, comme s’est prononcé le prophète Yirméya (23-29).

Il se passe des choses dans le monde, cela personne ne peut le nier, et ce qu’il se passe ce sont manifestement des messages de D’IEU. Dans sa grande Clémence D’IEU n’atteint pas l’homme directement, IL touche des éléments extérieurs à l’homme, revient à l’homme d’être sensible à ces messages et de revenir vers le droit chemin celui de la Tora. Le feu de la Tora nettoie toutes les imperfections de l’être et de l’humanité… Ouvrons les yeux pour voir la réalité tel que la Tora nous la décrit, afin de trouver réconfort et bénédiction !

La médisance, son origine et sa réparation

La Tora prévoit tout un processus de purification suite à la lèpre qui a frappé la personne. Dans ce programme la Tora note que la personne devra apporter deux oiseaux ! Rachi commente : la lèpre advient chez l’homme suite à la médisance qu’il prononce, il s’est comporté tel un oiseau qui piaille. Il apportera également du bois de cèdre. Pourquoi ? Rachi commente : la lèpre touche l’orgueilleux. Certains Maîtres s’interrogent : Rachi nous dit que la lèpre frappe le médisant et ensuite il nous dit qu’elle frappe l’orgueilleux ? Rav Gamliel Rabinovitch chalita (Tiv Hakéhila volume 9 page 416) répond : l’orgueil et la médisance sont liées ! La médisance est le produit de l’orgueil. Par le biais de la vertu de l’humilité l’homme ne trébuchera pas dans les mauvais propos tenus sur autrui, il évitera également toute discorde, de par sa modestie l’homme ne parle pas sur autrui et ne voit pas de défaut chez les autres. Le médisant a commis deux fautes : l’orgueil et les mauvais propos tenus sur autrui, il lui faut deux expiations les oiseaux et le bois de cèdre. Il apprendra la modestie ainsi il apportera également de l’hysope (petite plante) et de la laine teinte à partir d’un verre de terre – la tolaat. La Tora rappelle à l’homme la source de sa faute et le remède pour s’en corriger, conclut Rav Rabinovitch.

Tais-Toi

Lorsque nous arrivons à la Paracha de Tazria et Métsora c’est le moment opportun de rappeler la gravité de la médisance !, écrit Rav Guédalya Segal (yalkout Maamaré Haémouna page 226), et poursuit-il : l’homme éprouve un certain plaisir à parler sur autrui, tout se vend sur le bon coin des commérages médisants. Combien de querelles, de mésententes voire de divorces on aurait pu épargner si nous savions tenir notre langue. Le lachon hara a détruit des familles, c’est une bombe dévastatrice qui se trouve malheureusement chez tous. Dès leur plus jeune âge il faut sensibiliser les enfants à la gravité de ce vice dont tous les drames du monde en découlent. L’orgueil, la jalousie et la haine sont à l’origine de la parole pourrie. Le seul remède contre le lachon hara est de clore sa bouche, de filtrer chaque son que notre

bouche émet. Le lépreux n’en serait pas arrivé à être isolé du monde, telle que la Tora l’exige s’il avait appris à se taire, dans son isolement il sera contraint de ne plus parler ! La seule chose qu’il aura le droit de dire c’est ‘’tamé, tamé’’ – je suis impur, éloignez vous de moi, telle que la Tora lui ordonne. Nous n’avons plus la lèpre proprement dite, mais qui sait combien d’évènements douloureux la substituent ?! Le dicton dit bien ‘’chomer piv ouléchono, chomer mitsarot nafcho » – celui qui garde sa bouche et sa langue se préserve de nombre de souffrances (Michlé 21-23).

Su une personne n’a pas respectée le code de la route et a causé un accident quelconque, la police fait une enquête et demande à toute personne qui pourrait témoigner et dénoncer le sauvage, a-t-on le droit, dans le cas où on a une information, de dénoncer un juif ? Le Gaon Rabi Haïm Kanievsky chlita a répondu : oui, il faudra dénoncer même si le jugement prononcé à l’égard de cette personne serait contradictoire aux lois de la Tora ; cela afin que la chose ne se reproduise plus ! (Kol Michalotéh’a page 393).

Le H’ovot Halévavot écrit : celui qui médit sur autrui il perd tous ses mérites qui iront chez la victime de sa médisance, et le médisant prend toutes les fautes de sa victime ! Rabi H’aïm Kanievsky chalita a rajouté : cependant s’il se repenti et fait téchouva il retrouve ses mérites, car rien ne se tient face à la téchouva (Kol Michalotéh’a page 395).

Le remède qui guérit tout

Notre Paracha qui traite longuement des lois de la lèpre qui atteint le médisant, nous dit que le processus de purification du lépreux doit passer par le Cohen. Pourquoi ? Quel rapport y-a-t-il entre le Cohen et le lépreux ? Inspiré du commentaire du Baal Hatourim 13-30, le Rav Menahem Tsvi Goldbaum (Adabéra Chalom page 129) écrit : le Cohen issu du premier Cohen, Aharon, représente le CHALOM ! cet être médisant qui a séparé des êtres, détruits des familles, accablés des communautés doit apprendre la vertu de la PAIX, c’est le Cohen qui lui enseignera la démarche à suivre pour devenir un être de PAIX et de CHALOM – voir encore Kéli Yakar.

Tout le monde sait que la médisance est destructrice, elle détruit la victime mais également son bourreau médisant !

Tout le monde sait que la paix est d’une extrême importance vitale, mais chacun se dédouane en disant comme les bébés ‘’c’est lui qui a commencé’’, ou bien ‘’je veux bien faire la paix mais c’est à l’autre de revenir vers moi’’.

Il y a quelque chose de très puissant à noter dans cette faute de la médisance, elle est une des rares fautes de la Tora où D’IEU annonce explicitement la conséquence de la faute à savoir : tout celui qui médit deviendra lépreux. Il n’est pas dit par ailleurs par exemple tout celui qui transgresse Chabat sera atteint de telle maladie. Pourquoi ? Parce que la médisance détruit TOUT tel un ouragan ou un tsunami. Atteindre à la paix est la pire des choses que l’homme apporte dans le monde.

Tout le monde veut la paix, mais personne n’y arrive, pourquoi ? 1) Parce que l’homme aime la guerre… 2) Parce que apprendre la paix c’est s’inspirer de Aharon, c’est avoir un Maître qui nous l’enseigne, or chacun croit qu’il peut se débrouiller tout seul, et là commence a guerre…

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