Avant Roch Hachana, l’usage est de lire en public, dans
le Sefer Torah, la Paracha KI TAVO qui renferme 98
malédictions. C’est EZRAH le Sofer, le bâtisseur du
deuxième Beth Hamikdach, qui a institué l’usage de
procéder à cette lecture, afin de souhaiter que chaque
année finisse avec ses malédictions.
Depuis cette année, le virus du Corona sévit très
durement dans le monde entier. Toutes les personnes
ont été ou sont menacées. Nombreux sont ceux qui,
malheureusement, sont morts et encore plus nombreux
sont ceux qui sont atteints, désormais en cette fin
d’année, par cette terrible pandémie.
C’est donc avec une plus grande Kavana que nous
réciterons cette Paracha de KI TAVO pour demander à
HACHEM d’endiguer ce redoutable fléau. Ces 98
effrayantes malédictions sont précédées par deux
Mitsvoth exceptionnelles qui se distinguent de toutes
les autres Mitsvoth par le fait qu’elles sont
accompagnées par une Déclaration. Il s’agit de :
1/ La Mitsvah des BICOURIM, qui consiste à prélever les
prémices des fruits pour HACHEM dans le Beth
Hamikdach.
La Déclaration concerne la proclamation de sa
« HAKARAT ATOV » [reconnaissance] à HACHEM, car
c’est uniquement Lui qui est à l’origine de tous les
Bienfaits qu’Il nous accorde : la VIE, la SANTE,
l’ABONDANCE, la BENEDICTION, comme il est dit
(Devarim 26-11) : « Et tu te réjouiras de tous les biens
que HACHEM ton D… t’auras donnés, à toi et à ta
maison, toi, le Lévite et l’étranger qui sera auprès de
toi ».
2/ La Mitsvah du MAASSER [le Prélèvement d’un
dixième de sa production], la dîme de ses revenus et la
Tsédaka distribuée généreusement.
La Mitsvah de la dîme est accompagnée de cette
Déclaration (Devarim 26-14) : « (…) j’ai écouté la voix de
l’ET. mon D., j’ai agi selon tout ce que TU m’avais
prescrit.» Rachi explique : je me suis réjoui de ton
abondance et de tes bienfaits, et j’ai réjoui les autres.
Ensuite, la Déclaration continue ainsi, au verset suivant :
« Contemple depuis Ta Sainte Demeure, depuis le Ciel,
jette Tes regards et Bénis Ton peuple Israël et la Terre
que Tu nous as donnée comme Tu en as fait le serment à
nos ancêtres. »
L’accomplissement de ces deux Mitsvot accompagnées
de leur Déclaration de HAKARAT ATOV, ainsi que le fait
d’effectuer concrètement la Volonté divine constituent
un Bouclier de protection pour nous protéger
puissamment et totalement de toutes ces malédictions.
Que l’année commence, SI D.VEUT avec les
Bénédictions. AMEN.
Brouillard et Simh’a
par Rav Imanouël Mergui
Au moment du don de la Tora la Tora nous
raconte (fin de la parashat Yitro chap. 20, vers.
18), : « et le peuple s’est tenu de loin, et Moshé
est allé dans le brouillard… ». le don de la Tora
connaît une certaine mise en scène
brouillardeuse ! Quel est le sens de ce
brouillard ?
Le Maaram Chapira de Loublin nous enseigne
qu’afin de recevoir la Tora, Moshé a dû
s’approcher et rentrer dans le brouillard.
Moshé ne s’est pas laissé impressionner, il ne
s’est pas arrêté, et n’a pas déprimé face à cette
vision du brouillard. Le brouillard représente
une obscurité, un endroit où on ne voit pas
clair, où tout est vague et obscur.
Malgré cela, Moshé a continué à avancer vers
le brouillard ! Car c’est justement à l’intérieur
du brouillard que D’IEU l’attendait. C’est par
la Tora que Moshé reçut qu’il put voir clair
dans ce brouillard !
D’ailleurs cette notion de brouillard se retrouve
à plusieurs reprises dans d’autres endroits de
la Tora :
A la fin de la parasha Mishpatim (Chémo chap
24, vers. 18)il est répété : « et Moshé est venu
dans le nuage… », Rachi explique que D’IEU
avait fait à Moshé un sentier à l’intérieur du
nuage .
Puis dans Vayikra , D’IEU se manifestait dans
le mishkan à travers le nuage, dans l’intérieur
même du nuage.
Le Maaram de Loublin dit que la Tora nous
aide à trouver le vrai chemin même quand on
ne voit plus rien, quand c’est la crise, quand
rien ne va plus ! C’est dans la arafel
(brouillard) et le ester (le dissimulé) que l’on
découvre la cheh’ina, la présence divine.
De même, nous retrouvons ce nuage lorsque la
Tora nous dit que la tente d’assignation était
recouverte d’un nuage, la Tora précise alors
que la gloire de D’IEU remplissait le Mishkan.
C’est à l’intérieur du nuage que se manifeste la
présence divine !
Jusqu’où ça va ?
La Guemara au traité Nida (9a) rapporte
l’opinion de Rabbi Méïr à propos de l’origine du
lait maternel. Rabbi Méïr ne s’appelait pas
vraiment Méir mais on le nomma ainsi (c’est-àdire « celui qui éclaire ») car il était une vraie
lumière, il avait cette capacité de tout voir en
positif, en lumineux, en éclairant !
Dans cette étude rapportée dans la Guemara,
Rabbi Méïr s’interroge comment se fait le lait
maternel, d’où vient-il ?
La conclusion de Rabbi Méïr est que le lait
vient du sang de la mère, c’est le sang qui se
transforme en lait. Avec cela, il comprend un
verset dans Iyov (chap. 14, vers. 4) « qui peut
tirer quelque chose de pur de ce qui est impur ?
»
En effet, le sang est impropre à la
consommation, c’est quelque chose d’impur.
Comment de cela peut-il sortir quelque chose
qui est non seulement pur, mais qui, en plus,
est la nourriture première de chaque
nourrisson ?!
Seul D’IEU est capable de faire germer le pur
au sein même de l’impur.
Le Ben Ish H’aï explique que nous avons tous
besoin de commencer dans la vie avec cette
notion que de l’impur sort du pur : dans le
brouillard on voit la lumière !
Cependant, H’azal ne sont pas d’accord avec
Rabbi Méïr sur l’explication de ce verset. Pour
eux, cela remonte encore avant le lait maternel.
Ils expliquent ce verset par la Mishna dans
Avot (chap. 3, mishna 1) : d’où vient l’homme ?
D’une goutte honteuse. De la matière séminale
qui est impure sort l’homme qui lui est pur !
Jusqu’où peut-on pousser cet enseignement ?
Il est écrit dans le Midrash (Yalkout Chimoni
sur le verset 14.4 de Iyov) : qui était le père
d’Avraham Avinou ? Terah’, un idolâtre
(comme nous le disons dans la Hagada de
Pessah’, « au début nos ancêtres étaient des
idolâtres). De même, le roi H’izkyahou avait
pour père Ah’az qui était tellement un racha
que H’izkyahou n’avait pas voulu l’enterrer !
Et tout le peuple d’Israël, d’où vient-il ? Des
nations !
Tous ces exemples nous montrent que du plus
ténébreux, du plus impur peut sortir le plus
lumineux, le plus pur. Comme le dit le Roi
David dans Téhilim que D’IEU transforme mon
deuil en joie ! « hafah’ta mispédi lémah’ol li » !
C’est à l’intérieur même du brouillard que
D’IEU nous donne la possibilité de voir la
lumière, de faire jaillir le positif.
L’exercice de l’homme est justement de ne pas
sombrer dans le négatif mais d’en ressortir plus
fort et de chercher la lumière là où il pense
qu’elle n’y s’y trouve pas…
Dans notre étude sur la simh’a nous en
déduisons que la simh’a ne vient pas après le
drame, il faut la chercher dans le for intérieur
de là où on pense qu’elle est absente. Le beau
temps ne vient pas APRES la pluie ! On trouve
la simh’a à l’intérieur même de ce qui s’oppose
à la simh’a. Encore un paradoxe que l’on doit
vivre avec le sourire.
Un petit quelque chose
d’après Rav Goël Elkarif chalita (tiré du feuiller Haémouna n° 211)
Lorsque Reouven sort de chez le concessionnaire avec sa nouvelle voiture, il est confronté à un phénomène étrange, Chimon prend des cailloux et les jette sur sa voiture. Reouven sort et s’exclame ‘’es-tu normal ? qu’est-ce qui t’arrive ? as-tu vu ce que tu as fait ?’’. Chimon s’excuse ‘’je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête, j’en suis vraiment navré, je m’excuse et regrette vraiment mon comportement’’. Reouven encore plus énervé lui rétorque ‘’tu regrettes ! mais cela ne suffit pas il faut que tu arranges les dégâts causés’’.
Chimon accepte ‘’dis-moi à combien s’élève les frais de dédommagement je te rembourserais’’. Reouven lui explique qu’il y en a au moins pour dix mille euro. Chimon lui dit ‘’dix mille euro je ne pourrais pas rembourser une telle somme’’. Reouven est encore plus en colère ‘’débrouille-toi vas ramasser de l’argent et rembourse moi’’. Chimon lui dit ‘’ok, pas besoin de s’énerver’’, il introduit la main dans sa poche et lui tend une pièce de
cinquante centimes lui disant ‘’voilà ce que je peux te rembourser !’’. Comment considérerions-nous Chimon ?! Qui accepterait ce genre de remboursement ?!
D’IEU !!!
D’IEU a créé un monde magnifique et avise l’homme de ne pas l’abîmer en respectant ses ordonnances. L’homme dans sa folie ne respecte pas les recommandations divines et abîme le monde, il faute. A Roch Hachana l’homme est jugé, D’IEU lui fait le constat de tout ce qu’il a endommagé. Et, l’homme se rapproche de D’IEU en ces termes ‘’désolé, je regrette, je ne pourrais pas tout corriger mais je peux faire un petit effort, et par le mérite
de ce petit effort il demande à D’IEU de TOUT lui pardonner et de lui offrir une nouvelle année pleine de bonheur ! Et… D’IEU accepte. On doit se réjouir de ce cadeau que D’IEU nous offre, il accepte qu’on ne corrige pas tout mais qu’on prenne sérieusement sur soi ‘’un petit quelque chose’’ de la façon la plus investie, à laquelle on va s’en tenir, et par cela IL donne TOUT ! N’abîmons pas ce joker, apprécions le cadeau que D’IEU nous offre encore
une fois, pour bénéficier d’une année pleine de bonheur.
La Force de la Prière
Dans notre paracha sont mentionnées onze malédictions ! (chapitre 27 versets 11 à 26).
Le Gaon Rav Ben Tsion Moutsapi chalita (Dorech Tsion page 442) s’interroge comment sortir et éviter ces malédictions ? Il rapporte au nom du Ari zal deux solutions : 1) être attentif et répondre au kadich dans lequel s’y trouvent onze béndictions dans la phrase ‘’yéhé chélama raba min chémaya, haïm, vésava, vichouâ etc.’’, 2) en récitant la kétoret (le service des baumes au Temple) qui contenait onze ingrédient ‘’hatsori, hatsiporen etc.’’. Le Rav de rappeler que durant les Dix jours de Téchouva on intercale la phrase ‘’zoh’rénou léh’aïm mleh’ etc.’’ qui est composé de onze mots. Le point commun de ces trois conseils est la force de la prière. Certes il faut analyser de façon plus pointilleuse ces passages conseillés, mais nous pouvons constater que par la prière l’homme a le pouvoir d’effacer tous
les mauvais décrets. En cette veille de Roch Hachana redoublons d’effort dans nos prières afin de connaître le bonheur. Lorsque le Gaon Rabi H’aïm Fridlander zal fut informé par son médecin qu’il était atteint de la maladie, il se mit à pleurer et expliqua : à Roch Hachana je n’ai pas dû assez prié pour effacer le décret. Chacun à son niveau peut réécrire son histoire par le biais extraordinaire de la prière.
Ne perdons pas cette chance.
La Simh’a
Notre paracha rapporte longuement les malédictions envers celui qui ne respecte pas la Tora. Mais notre paracha donné également la raison de ces malédictions, au chapitre 28 verset 47 il est dit que ces malédictions surgissent chez celui qui manque de servir D’IEU dans la joie ! On a l’habitude d’expliquer qu’il s’agit d’une personne qui fait la Tora sans enthousiasme, la pratique de la Tora ne suffit pas en soi elle doit être accompagnée de simh’a ! Le H’idouché Harim zal rapporte une autre explication au nom de Rabi Bounam de Parchish’a zal (la date de son décès est mardi 12 eloul) : le manque de joie n’est pas en soi une faute et ne mérite pas tant de malédictions pour celui qui manque de joie, il faut comprendre notre verset ainsi : lorsque l’homme manque de simh’a dans sa pratique de la Tora il est plus enclin à fauter, car si l’homme ressentait de la
joie et de l’affection pour les commandements et la pratique de la Tora il ne pourrait pas en venir à fauter ! La joie est le rempart à l’écart. Ce n’est pas tant le manque de joie qui est problématique et une faute en soi mais le manque de joie et d’élan dans la Tora conduit l’homme à s’écarter de la Tora. S’il n’est pas joyeux dans sa Tora c’est qu’il ne trouve pas dans la Tora quelque chose qui le comble donc il s’en éloigne ! En cette veille de Roch Hachana découvrons la saveur de la Tora pour la pratiquer avec le
plus d’élan possible. Cette simh’a nous protègera de tous les drames.