« Les Inséparables ! »  – par Rav Moché Mergui-Roch Hayéchiva

La TORAH dit (Parachat TEROUMA, 25- 13, 14 et 15) : « Tu feras des barres de bois d’acacia et tu les recouvreras d’or. Tu passeras ces barres dans les anneaux, le long des côtés de l’Arche, pour porter l’Arche avec elles. Les barres resteront dans les anneaux de l’Arche, elles ne pourront pas être retirées ».

Dans le MICHKAN se trouvaient quatre éléments, qui bénéficiaient de barres pour les porter :  l’Autel des sacrifices, l’autel des encens, le Choulh’an [table des douze Pains] et le Aron Hakodesh.

Les barres du Aron Hakodech se distinguent des autres éléments grâce à une Mitsvah positive, car elles resteront dans les anneaux de l’Arche. Elles se caractérisent aussi par une Mitsvah négative, parce qu’elles ne pourront en être retirées. On en déduit que les barres de l’Arche faisaient partie intégrante du Aron Hakodesh.

Une question se pose : que représente cette exigence, formulée à la fois par une Mitsvah positive et une Mitsvah négative ?

Dans le Aron Hakodesh sont déposées les premières Tables cassées, les deuxièmes Tables et le premier Sefer Torah écrit par Moshé Rabbenou. Les barres permettent aux porteurs de déplacer l’Arche d’un endroit à un autre ; elles sont inséparables, même lorsque l’Arche est déposée dans le Saint des Saints.

Le Aron Hakodesh représente toutes les personnes qui se consacrent à l’étude de la Torah.

De nos jours, les Yechivot, où s’opère l’étude de la Torah, constituent ce Lieu. Les porteurs du Aron Hakodech sont les personnes qui prennent en charge financièrement le fonctionnement des Yechivot, car ils sont les inséparables de l’Etude de la Torah.

Moshé Rabbenou, dans DEVARIM 33-18, donne sa bénédiction aux deux frères inséparables Zevouloun et Issakh’ar qui se sont associés. Zevouloun « sort avec ses navires faire du commerce pour s’enrichir et subvenir aux besoins de Issakh’ar, qui se consacre à l’étude de la Torah, comme il est dit : « Réjouis toi Zevouloun dans tes sorties, Issakh’ar dans tes tentes ».Réjouissons-nous aussi d’être des frères inséparables, en assumant chacun notre rôle.

Le Tabernacle et La lettre ‘’Beth’’

Par Rav Imanouël Mergui

Notre Paracha parle d’un des plus grands sujets de la vie de l’homme : Bâtir.

Dans cette paracha D’IEU s’adresse à Moché et lui demande d’inviter les Enfants d’Israël de bâtir un Sanctuaire pour D’IEU. Ce commandement est en soi quelque peu surprenant : que veut dire construire un sanctuaire pour D’IEU ? Le rapport que nous avons avec D’IEU est-il un rapport de bâtiments, de pierres et de monuments ? N’est-ce pas une réduction du divin que de bâtir un quelconque monument pour D’IEU ? D’IEU n’est-il pas de partout et en tout lieu ?! Si le Temple a pour but le Service et essentiellement celui des sacrifices, nous parlons ici de la construction même du Tabernacle, quel en est le sens ? Le Rambam (Bet Habéh’ira 1-1) stipule clairement qu’il est un commandement de la Tora de construire une maison pour D’IEU comme dit le verset de notre Paracha 25-8 « véassou li mikdach » – ils feront pour Moi un sanctuaire. A se demander si le sanctuaire est pour nous ou pour D’IEU ?! Le Or Hah’aïm affirme que dans l’absolu ce commandement devrait être pratiqué même dans l’exil ! La bâtisse n’est pas liée à un lieu. Constatons d’ailleurs que le premier tabernacle a été construit à l’extérieur d’Israël, lorsque les Enfants d’Israël se trouvent dans le désert ! Rav Korngot (Yismah’ Moché) réagit sur cette partie du Or Hah’aïm et cite les propos du Ri Ibn Chouib qui écrit : la construction du tabernacle touche la raison fondamentale de la création du monde, puisque la finalité de la création est de ramener la présence divine dans ce monde ! C’est-à-dire que dans l’absolu l’exercice d’Israël est de ramener D’IEU de partout et en tout lieu. Là où le juif se trouve il doit bâtir un lieu pour D’IEU. Comment ? Le verset dit « ils feront pour Moi un sanctuaire et Je résiderai parmi eux » (25-8). Là aussi le Or Hah’aïm nous éclaire : le verset ne dit ‘’et Je résiderai dans le sanctuaire’’ mais ‘’parmi eux’’ c’est-à-dire ‘’parmi les Enfants d’Israël’’, le sanctuaire a pour but de faire résider la présence divine 1) dans le sanctuaire, 2) dans le monde, 3) parmi Israël ! Si nous n’avons pas la possibilité, pour quelque raison soit-elle, de bâtir le Temple en son lieu il nous est encore plausible de le ‘’bâtir’’ partout dans le monde et surtout en soi ! Cela me rappelle un enseignement de notre Grand Maître Rav Chlomo Wolbe : la halah’a nous dit que lorsqu’on dit le Chémâ on doit se rappeler que D’IEU réside de partout dans le monde et qu’il nous faut accepter la royauté divine ; mais voila que certains pensent à faire régner D’IEU sur le monde entier mais oublient qu’eux-mêmes font partie de ce monde !

Nous pourrions continuer cette idée sur de nombreuses pages encore… Ce qui est inscrit ici est fondamental dans la vie de l’homme : Bâtir. Certes un lieu en soi même, en notre for intérieur, qui ramène la présence divine en nous et de ce fait qui rayonne et reflète partout dans le monde. La présence divine dans l’univers ‘’dépend’’ de notre exercice de Le faire résider en nous. Mais avant tout cela il nous faut bien comprendre l’exercice du ‘’bâtir’’. Nous sommes dans un monde où nous nous devons de ‘’bâtir’’. Et, me semble-t-il, la première chose à ‘’bâtir’’ est le concept même de ‘’bâtir’’ en notre esprit et dans le mode de vie que nous menons. De certains qui œuvrent pour la destruction du monde et son ‘’débatissement’’ (lisez démolition !). Attention, ce n’est pas que la guerre qui détruit tout, les médias, les grévistes, les manifestants, les maris antipathiques comme les épouses déchues de vertus, etc. etc., sont tout autant des démolisseurs. La question de notre vie est de savoir de quel côté du monde on se positionne, du côté de ceux qui veulent un monde meilleur et œuvrent pour cette cause ou du côté de ceux qui ne sont là que pour critiquer et vociférer leur mécontentement ?!

La notion de ‘’bâtir’’ se trouve dans la première lettre de la Tora, la lettre hébraïque ‘’beth’’ pour Béréchit. Celle lettre est la lettre qui se lit ‘’baït’’ – maison, mais le concept ‘’maison’’ n’est pas qu’un concept d’un élément fini, ce n’est pas un état de fait : la maison est là, non la ‘’maison’’ renferme l’idée de construction et d’édification. D’IEU a créé le ‘’bâtir’’, c’est l’ouverture de toute la Tora et de toute la vie.

Dans le Midrach Otiyot Dérabi Akiba on découvre les secrets que contient la lettre ‘’beth’’ et son message. En voici un échantillon : la lettre ‘’beth’’ s’écrit par trois lettres le ‘’beth’’, le ‘’youd’’ et le ‘’tav’’, ils sont l’acrostiche de Baniti – Yatsarti – Tikanti, J’ai construit, J’ai formé, J’ai programmé. N’est-ce pas merveilleux, tout est contenu dans la première lettre de la Tora…

Le Midrach poursuit : le ‘’beth’’ est la lettre de ‘’bina’’ – discernement et intelligence. Ce mot est également de l’étymologie ‘’binyan’’ – construction ici c’est le ‘’bâtir’’ de l’esprit ! C’est également bâtir avec son esprit – cela veut dire que chaque fois qu’on détruit, ou qu’on ne construit pas tout simplement, c’est que nous manquons de ‘’bina’’, c’est la sottise même que de ne pas bâtir ou que de ‘’débâtir’’ (lisez démolir). Le Midrach nous livre encore et encore des secrets enfouis dans cette lettre ‘’beth’’. Notons encore un de ses enseignements : la lettre ‘’beth’’ est de valeur numérique : deux. De toute évidence, nous comprenons bien, que pour bâtir il nous faut assembler au moins deux éléments. L’homme et la femme, D’IEU et l’homme, le corps et l’âme etc. ce ‘’deux’’ fait référence, nous dit le Midrach fait référence aux deux ‘’yetser’’ qui anient l’homme le ‘’yetser hahara et le ‘’yetser hatov’’ qu’on traduit popilairement par le bon et le mauvais penchant, alors qu’en réalité ‘’yetser’’ veut dire créer, il y a donc le créateur du mal et le créateur du bien. Cela veut dire que lorsque nous suivons le ‘’mal’’ nous sommes éloignés de ce qui s’apparente au ‘’bâtir’’ alors que lorsque nous suivons le ‘’bien’’ c’est là que nous sommes dans l’exercice de l’édification

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