Diffusé ‘’pour la Gloire d’Hakadoch Barouh’ Hou’’ – par LA YECHIVA ‘’Torat H’aïm Cej’’, Nice
בס״ד
Qui bénir : Essav ou Yaakov ? Ytsh’ak Avinou a une grande affection pour Essav : il veut le bénir afin de le sensibiliser et de le rapprocher de la Torah. Cependant Ytsh’ak Avinou ignore que Yaacov Avinou a acheté le droit d’aînesse de son frère Essav, et que les bénédictions lui reviennent par conséquent de droit.
Essav et Yaacov Avinou étaient à ce moment précis âgés de 63 ans, et Ytsh’ak Avinou était âgé de 123 ans. A son sujet, la Torah dit (Berechit 27-1) : « Ytsh’ak avait vieilli et ses yeux étaient très faibles pour voir (…). » Sentant sa fin prochaine, Ytsh’ak Avinou propose à son fils Essav de lui préparer un met délicieux tel qu’il aime, et en échange il le bénira.
L’être humain est doté de cinq sens : la vue, l’odorat, l’ouïe, le toucher et le goût. C’est donc par le vecteur du sens du goût qu’Ytsh’ak Avinou choisit initialement de bénir Essav.
Or sur l’ordre de sa mère Rivka Imanou, Yaakov Avinou revêt avec les habits d’Essav et, les mains recouvertes de peaux de chèvre, se présente rapidement devant son père Ytsh’ak Avinou avec un met succulent.
Yaakov Avinou dit alors respectueusement à son père : « Voici le met que tu as demandé (…, et bénis- moi afin que ton âme me bénisse » (Berechit 27-19). Yaacov Avinou demande ainsi la Bénédiction de l’âme de Yits’hak Avinou.
La voix : Yaacov Avinou est trahi par sa voix, car elle est accompagnée du Nom divin: « Barouhk Hachem j’ai trouvé le gibier que tu souhaitais ». Le sens de l’ouïe crée un doute chez Ytsh’ak Avinou. Ce n’est pas facile pour
lui de déterminer qui est le fils qui se trouve devant lui ? Essav ou Yaakov ?
Alors Ytsh’ak Avinou fait appel à son troisième sens, le toucher. Il dit à Yaacov Avinou : « Approche- toi de moi, je veux te toucher ». (Berechit 27-21)
Après avoir tâté son fils Yaacov, Ytsh’ak Avinou déclare clairement, car il n’a pas de doute : « La voix, c’est celle de Yaacov, les mains ce sont les mains de Essav. » (Berechit 27-22). En effet, Yaacov Avinou avait, comme dit ci- dessus, couvert ses mains de peaux de chèvre. Le verset suivant ajoute : « Et il le bénit. »
De quelle Bénédiction s’agit-il ? A cet instant, Ytsh’ak Avinou se dit : extérieurement, c’est Essav et peut-être est- il sur la bonne voie du repentir, voilà qu’il prononce le Nom divin !
Après avoir mangé et bu, Ytsh’ak Avinou veut s’assurer qu’il s’agit effectivement d’Essav, en utilisant le quatrième sens : l’odorat. Ytsh’ak Avinou parle à son fils et lui dit : « Approche-toi, je te prie, et embrasse-moi. » (Berechit 27-26). Yaacov Avinou se rapproche et Ytsh’ak Avinou respire le parfum de ses vêtements et le bénit. Alors qu’il n’avait pas le cinquième sens de la vue, Itsh’ak Avinou déclare au verset suivant: «C’est comme le parfum des champs qu’a béni Hachem », le non-voyant s’exclame : « regardez [Réé] le parfum de mon fils ! ». Peut-on « voir » un parfum invisible ?! Lorsqu’il n’y a plus de doute, que les choses sont claires, on peut employer le verbe « voir » ! Ainsi, c’est l’odorat qui a convaincu Ytsh’ak Avinou de bénir Yaacov Avinou, car il est celui qui dégage un parfum sublime.
Tora et réjouissance du Cœur !
par Rav Imanouël Mergui
Nous devons nous poser une question essentielle.
Quel rapport avons-nous avec un texte que nous lisons ? Comment lisons-nous ce texte ? Arrivons-nous à nous lier à ce que nous lisons ? Se lier sans se délier et sans délirer…. ?
Dans Tehilim (19- 8,9) : « La Tora de D’IEU est complète, sans manque, elle ramène à l’homme son nefesh, sa vie (voir Rachi sur place), le témoignage de D’IEU est fidèle, il rend l’intelligence au simple. Les lois de D’IEU sont droites et réjouissent le cœur, les mitsvot de D’IEU sont claires et éclairent les yeux ».
Ces versets viennent donc dire que la Tora redonne à l’homme son élan de vie ! De plus la Tora va donner l’intelligence au simple d’esprit !
Ce sont des versets très puissants ! Lorsque nous lisons la Tora ou faisons une mitsva, nous devons nous sentir : VIVANT, INTELLIGENT, REJOUI dans le CŒUR et ECLAIRE, quel programme magnifique !
Si nous ne nous sentons pas bien, pas en forme, diminué etc., alors nous devons avoir le réflexe (de survie) d’ouvrir un livre de Tora ! Ouvrons la Tora et ravivons-nous ! Ravivons- nous à travers l’étude !
Le Nefesh Hah’aÏm, Rabi H’aïm de Volozyn, écrit que lorsque nous prions, si ne serait-ce qu’un mot est dit sans penser à D’IEU (c’est à dire que nous prions pour nous au lieu de prier pour Lui), alors notre téfila n’est pas une téfila…
Pensons-nous à l’intérêt qu’a D’IEU dans ce que nous Lui demandons ? Prions nous pour la délivrance de la chéh’ina ?
On pourrait facilement être déprimé d’une telle chose. Comment est-il possible d’arriver à un tel niveau ? Prions-nous seulement UN mot pour D’IEU dans notre téfila ?
Rav Wozner zal nous vient en aide et écrit que seul Rabi H’aïm de Volozyn avait ce niveau et était capable de cela dans la téfila. Nous ne devons pas être déprimé de ne pas être à ce niveau car il ne nous est même pas accessible ! Ce qui est à notre portée c’est de faire la téfila avec émouna !
Ça rassure et ça fait du bien de lire ça !
Ce que nous venons de rapporter sur le Nefesh Hah’aïm et Rav Wozner zal, illustre le fait que lorsque nous lisons un passage, si celui-ci nous angoisse plutôt que la simh’a, cherchons dans les livres à le transformer en message de simh’a, en message réjouissant et encourageant comme nous disons dans Téhilim « Tu as transformé mon deuil en réjouissance ».
Il n’y a pas de place au yiouch, à l’abandon de soi, à la déprime, dans la Tora.
Même dans les parashiot difficiles, par exemple, la section énumérant les malédictions dans Béh’oukotay, il ne faut pas rester sur un sentiment d’effroi.
Comment ?
Le Maaram de Louvlin écrit que juste après la parasha des malédictions, on lit la parasha de arah’in. C’est à dire, la section donnant la « valeur » pécuniaire de chacun selon son âge etc… Le Maaram explique cette juxtaposition : En lisant les malédictions de béh’oukotay, l’homme peut tomber dans le yioush, l’abandon de soi et penser qu’il ne vaut rien et qu’il est voué à des malheurs. C’est justement pour cela que juste après ce passage, la Tora vient nous dire que chacun a une valeur, chacun « vaut » quelque chose !
Il ne faut jamais rester sur un sentiment négatif, un malaise, si cela arrive, trouvons dans la Tora (dans les nombreux livres à notre disposition grâce à D’IEU) le tremplin pour accéder à la simh’a qui remplira notre cœur.
Puisque seule la Tora délivre à l’homme une joie authentique, c’est donc ainsi qu’il nous faut lire la Tora, en cherchant et trouvant ce qui va nous redonner joie et vigueur !
Il n’y a qu’un seul moyen pour accéder à la Simh’a : l’étude de la Tora en sourire !
Cette semaine est l’anniversaire de décès du Gaon Rav Aharon Kotler ztsal (2 Kislev) connu pour ses œuvres gigantesques telles que la plus grande Yéchiva du monde Lakewood (Etats-Unis) et pour ses ouvrages maîtres Michnat Rabi Aaron, nous vous proposons un article sur la paracha tiré de son livre Michnat Rabi Aharon Al Hatora.
Notre paracha nous raconte que Yitsh’ak voulait bénir Esav. Il est très difficile de comprendre pourquoi Yitsh’ak voulait bénir Esav l’impie ? Il faut également s’intéresser sur un autre point: les Maîtres nous enseignent que Esav avait renié D’IEU. Comment en est-il arrivé à cela ? Il a connu Avraha jusqu’à l’âge de quinze ans, il a côtoyé des hommes de grande taille tel que Avraham – son grand père, et Yitsh’ak – son père ; il a vu à travers eux l’existence de D’IEU. Nous savons bien que celui qui a vu le Gaon de Vilna ne pouvait pas renier d’IEU ! Arrêtons-nous encore sur un point, la Tora dit que Esav a poussé un très grand cri lorsqu’il s’est vu doubler par Yaâkov, mais comment se fait-il qu’il pleure l’absence des bénédictions alors qu’il ne croit pas en D’IEU ? En vérité Esav était un grand croyant, il savait que D’IEU existe, c’était très clair chez lui. En quoi alors était-il un renégat ? D’IEU a doté l’homme du pouvoir et du devoir de Libre Arbitre (Béh’ira). Ce libre arbitre place l’homme face à un choix, celui du bien et du mal. Ces deux possibilités doivent être toujours égales. Plus l’homme grandi plus les forces du mal grandissent, pour garder un équilibre judicieux. La question ne fait qu’accroître : comment se fait-il que l’homme qui voit D’IEU clairement peut-il être encore à même de Le renier ?! C’est la surpuissance du mal, de la matière, de l‘attraction du Yetser Hara.
L’homme est conscient qu’il va tout perdre pour l’éternité, cependant la séduction du mal est telle que l’homme se laisse appâter ! Certes Esav avait de grandes perceptions du Bien, du divin, il a même excellé dans le commandement du respect des parents, à tel point que Raban Chimon Ben Gamliel redouté ce respect de Esav ! Mais en même temps Esav négligeait ces perceptions divines, il les mettait de côté, car une seule chose l’intéressait : assouvir ses désirs pulsionnelles ! Esav était un rebelle, je sais que D’IEU existe mais je le mets sur la marge de ma vie. C’est la raison pour laquelle la tête de Esav est enterré près des Pères, mais son corps non. Parce que dans sa tête il connaissait la vérité, mais il avait détaché sa tête de son corps, sa perception de son comportement ! Non pas que Esav ne croyait pas en D’IEU, il croyait mais il négligeait ! Yitsh’ak voulait bénir Esav et non Yaâkov. Il ne voulait pas déranger Yaâkov et ses descendants avec les enjeux de la vie matérielle. Il voulait bénir Esav pour qu’il reçoive la terre d’Israël et nourrisse son frère Yaâkov et ses descendants. De ce fait Esav et sa descendance serait protégé contre les forces du mal. Rivka était d’un autre avis, pour elle il fallait qu’aucun lien ne se tisse entre Esav et Yaâkov. Le ciel a décidé telle la volonté de Rivka. Yaâkov devait avoir une indépendance même matérielle, sans dépendre de Esav !
Parachat Toldot
le talon de Esav
La paracha nous raconte quelque chose de bizarre, sur lequel on ne s’arrête pas assez : Dans le ventre de leur mère Yaâkov et Esav se disputaient, « Yaâkov retenait Esav par le talon » (25-26). Pourquoi Yaâkov retenait son frère ? Et, pourquoi par le talon ? Rav Zikerman (Otsar Pélaot Hatora page 417) cite Tossfot dans Mochav Zékénim : le roi David dans ses Téhilim (80-14) nomme Esav de porc ! Cet animal a un signe nécessaire pour rendre cachère un animal : le sabot fendu, néanmoins il n’est pas cachère parce qu’il ne rumine pas. Yaâkov ne voulait pas toucher quelque chose d’impur, il l’attrape donc par le talon. Cette idée est fort intéressante et contient un des principes fondamentaux de l’éducation : dès la naissance on doit, en tant que parents, être très vigilants à ce que nos enfants ‘’touchent’’… (on peut étendre cette idée : Yaâkov veut rappeler à Esav que son signe extérieur de cacheroute ne fera pas de lui un homme bien dans sa vie. L’aspect extérieur des choses et toujours trompeur, comme le porc qui annonce sa cacheroute en nous invitant à regarder son aspect extérieur. Ce n’est qu’en pénétrant l’intériorité des choses qu’on connaît leur vraie valeur !…Voir encore Kéli Yakar Vayikra 11-4 à propos du porc. D’ailleurs le porc symbolise par excellence ce qui est cachère ou non, parce qu’il veut nous tromper par sa vitrine extérieure… Attention aux apparences ! Elles sont un danger manifeste).
l’élan de l’impie
Lorsque Yaâkov propose à Esav de lui vendre le droit d’aînesse il formule ainsi sa requête « vends moi en ce jour ‘’kayom’’ ton aînesse » (25-31). Pourquoi le solliciter en ce jour ? Il aurait pu dire simplement « vends-moi ton droit d’aînesse ». Dans le livre Alim Litroufa (page 361) il rapporte le H’atam Sofer (commentaire sur Nida 24B) qui cite au nom de son maître le Haflaha : Yaâkov voulait avoir la même force et vigueur qui animait Esav pour fauter et s’en inspirer pour agir en bien ! Aujourd’hui, ne définit pas un temps mais une fraîcheur. On a le droit de s’inspirer des fauteurs pour agir pareillement dans le positif. Yaâkov ne veut pas spolier le droit d’aînesse à Esav (comme bon nombre d’imbéciles se l’imaginent), il veut s’en inspirer pour agir en bien. Si nous avions le même dynamisme que les tordus de la planète pour faire du bien nous irions beaucoup mieux.
le choix du conjoint
La fin de notre paracha nous raconte que Esav va chercher une deuxième épouse, pour faire comme son père qui s’est marié à l’âge de quarante ans. Esav veut montrer encore une fois qu’il est bon, mais voilà qu’il se lie à Yichmaël et prend une de ses filles. Rachi commente : il rajoute de l’impiété sur son impiété ! Le Gaon Rav Ben Tsion Moutsapi chalita (Dorech Tsion page 377) cite un Midrach (Béréchit Raba 65-3) : lorsque le ‘’zarzir’’ s’est trouvé en Erets Israël on demanda à Rabi H’iya si cet oiseau était cachère. Il leur dit de revenir le lendemain. Le soir il constata que cet oiseau se tenait proche du corbeau. Il leur répondit cet oiseau n’est pas cachère ! Celui qui se rapproche de l’impie est tout aussi impie et impur que lui ! Esav connaît l’opinion de son grand-père Avraham et de son père Yitsh’ak quand à l’éloignement qui s’impose face à Yichmaël, mais lui se rapproche de l’impie. Si déjà tu es ‘’rachâ’’ choisis une femme qui ne va pas te faire tomber plus bas, prends un beau-père digne d’où tu as l’espoir de revenir vers le droit chemin. Impie en profondeur se reconnaît dans ses semblables et va s’unir avec celui qui le fera tomber davantage. La femme que tu choisis te conduira là où tu as choisi d’aller… Et, n’attends pas de ta femme d’être une tsadekete si toi-même tu ne l’es pas !…