« La triple recommandation » – par Rav Moché Mergui-Roch Hayéchiva
La TORAH dit (PARACHAT EMOR 21-1 à 3) : «
HACHEM dit à Moshé : Dis aux Cohanim, [Emor el HaCohanim] les fils d’Aaron, Véamarta [et tu leur diras] : ‘Aucun d’entre vous ne se rendra impur pour une personne morte dans son peuple, à l’exception de l’épouse, la mère et le père, le fils, la fille et la sœur vierge (…).’ »
La première recommandation est exprimée par la répétition des mots EMOR VEAMARTA : EMOR recouvre l’ordre impératif de parler au COHEN. VEAMARTA signifie « tu diras », au futur de l’indicatif, c’est-à-dire au mode de certitude.
Notre maître RACHI explique : il s’agit de la recommandation faite à l’adulte de veiller sur la pureté des petits Cohanim, pour qu’ils ne se rendent pas impurs. Généralement, l’enfant âgé de moins de 13 ans n’a pas l’obligation de pratiquer toutes les Mitsvoth. Mais la TORAH est intransigeante concernant les lois de l’impureté et exige de veiller à la NECHAMA TEHORA, l’âme pure de nos enfants.
Dans la Guémara Yebamot 104, nos maîtres nous enseignent que la recommandation « Léhazir Guedolim al Hakétanim » s’adresse aux Béné Israël, particulièrement au sujet des lois alimentaires de la cacherout. Il est dit à ce sujet : « Ne vous rendez pas vous-mêmes immondes par toutes ces créatures rampantes ; ne vous rendez pas impurs par elles, vous en contacteriez l’impureté. » (VAYIKRA 11-42).
Ainsi, après avoir détaillé les lois de la cacherout, la TORAH ordonne de ne jamais faire manger à nos enfants
ces choses immondes. Il s’agit de l’interdiction absolue adressée à l’adulte de faire consommer à l’enfant des produits interdits qui souillent son âme. De même, à propos du sang, la TORAH affirme l’interdiction absolue d’en ingérer : « Nul d’entre vous ne consommera du sang
» (VAYIKRA 17-10 à 12). L’expression « Nul d’entre vous » inclut les enfants, ce qui signifie que l’adulte veillera sur les enfants.
Rappelons que Moshé Rabbenou a refusé de se nourrir du sein de l’Egyptienne, ce qui lui a permis d’acquérir le mérite d’atteindre un très haut niveau de prophétie.
Quel est l’adulte qui ne veille pas sur ses enfants chéris ! Dès la naissance, les parents conscients veillent sur leur santé, leur éducation. Mais qui s’inquiète vraiment de la pureté de sa NECHAMA, et de sa KEDOUCHA ? Tout enfant naît avec une NECHAMA TEHORA [une âme pure]. Combien est grande la responsabilité de veiller à la pureté de cette étincelle sacrée ! Car de nos jours, les sources d’impureté sont nombreuses. Notre devoir est de veiller aux lectures, de prendre garde aux images qui souillent l’âme, et de les protéger de toutes les influences extérieures qui peuvent les perturber.
Prendre conscience que tout repose sur le bon exemple des parents constitue un sacerdoce comparable à celui du COHEN. Il s’agit d’un bouclier protecteur de toute influence extérieure.
VEILLONS SERIEUSEMENT SUR NOS PETITS CHERIS !
À propos des enfants
Par Rav Immanouel Mergui
Au début de la Paracha Emor la Tora dit « D’IEU dit à Moché, dis aux Cohanim et tu leur diras » (21-1). Le verbe dire est redondant dans ce texte.
Ce début de Paracha Moché doit enseigner aux Cohanim les lois qui leur sont relatives : l’interdiction de se rendre impur pour un mort, excepté les proches parents, les interdictions relatives aux épouses qu’ils n’ont pas le droit de marier. La redondance du verbe dire, Rachi explique ‘’léhazir guédolim al hakétanim’’ – les adultes doivent mettre en garde les enfants. C’est-à-dire que le Cohen adulte doit surveiller le cohen enfant qu’il n’enfreigne pas les lois propres aux cohanim.
Ce concept que l’adulte doit surveiller l’enfant de ne pas enfreindre la loi n’est pas propre au cohen. Ceci est un concept général qui touche toute la Tora et est fondamental. Pour faire court on rappellera ce que le Choulh’an Arouh’ O’’H 343 stipule : un enfant qui consomme des aliments non cachères, le Bet Din n’est pas tenu de l’en empêcher, mais son père dit intervenir et l’en séparer. A fortiori qu’il est interdit de donner un aliment non cachère à un enfant, même si ce n’est qu’un interdit imposé par les Sages. De même il est interdit d’entraîner un enfant à transgresser Chabat même sur des interdits imposés par les Sages.
Le Rama rapporte l’opinion de Tossfot qui dit que si ‘enfant a atteint l’âge de l’éducation tout homme se doit d’empêcher l’enfant de commettre une quelconque transgression. L’enfant qui a commis une faute dans son enfance, n’aura pas besoin de se repentir lorsqu’il grandira toutefois il convient qu’il prenne sur lui dés l’âge de la bar mitsva un comportement particulier pour expier sa faute.
Le Michna Béroura rappelle une multitude de halah’ot concernant ce sujet important. En voici un échantillon : un enfant qui commet une transgression pour un adulte il faudra que l’adulte l’en empêche… Le devoir d’éducation incombe également à la mère… il faudra intervenir lorsqu’on entend les enfants médire, mentir, quereller, maudire… Il est interdit de demander à un non juif de donner un aliment non cachère à un enfant… L’interdiction de proposer un aliment non cachère à un enfant concerne tous les enfants, quelque soit l’âge de l’enfant… Nos Sages ont tiré ces lois de plusieurs sources notamment de notre verset Emor 21-1…
La question de l’éducation des enfants touche tous les domaines de la vie, une question fondamentale touche bien évidemment ce domaine : comment on éduque ? Quelle est la meilleure méthode ? Notre Grand Maître Rav Wolbe disait : de toute évidence il faut apprendre à éduquer les enfants, ce sujet n’est pas l’œuvre du ressenti des parents !
On peut s’interroger : si D’IEU veut que l’enfant fasse la Tora et respecte ses commandements, pourquoi D’IEU n’a pas ordonné directement à l’enfant ce qu’il doit faire ?
Rav Yitsh’ak Lorents dans son livre exceptionnel H’oh’mat Hanefech volume 1 page 140 soulève cette question en en conclut une idée fondamentale : on ne donne pas d’ordre à l’enfant ! D’IEU n’ordonne rien à l’enfant à fortiori que ceci n’est pas la mission des parents. Alors comment transmet-on aux enfants ce qu’ils doivent faire ? Au nom de Rav Chah’ : c’est l’ambiance de la maison qui dessine l’enfant !
L’enfant est un des sujets des plus sensibles de la vie, la mission des parents est de… lui montrer un bel exemple ! C’est tout !
Rav Lorents raconte : lorsque dans la Yéchiva on surpris plusieurs fois un élève qui transgressa le Chabat, on demanda à Rav Chah’ si on avait le droit de renvoyer l’enfant de la Yéchiva ?
Rav Chah’ réfléchi de longues minutes puis il dit : comment ça se passe dans sa famille, y-a-t-il suffisamment à manger ? Le chalom règne-t-il entre les parents ?
Le maître de la Yéchiva s’exclama aussitôt : comment je peux savoir ce qui se passe dans sa famille ? Rav Chah’ s’exclama en colère à son tour : comment voulez vous savoir s’il faut garder un élève alors que vous n’aves aucune information sur son vécu familial ?!
Après enquête il s’avéra que les parents avaient divorcé ce qui conduit l’enfant dans un état fragile.