La Torah dit (Parachat MATOT 31-21) : « Elazar le Cohen dit aux hommes de l’armée qui venaient de la guerre : ‘Ceci est le décret de la Torah [Zot H’oukat HaTorah] que Hachem a ordonné à Moshé : seuls l’or et l’argent, le cuivre, le fer, l’étain et le plomb, toute chose qui va au feu, vous le passerez par le feu et il sera pur, après toutefois avoir été purifié par l’eau lustrale ; et tout ce qui ne va pas au feu vous le passerez dans l’eau (bouillante). »

Plusieurs questions se posent :

1/Pourquoi est-ce Elazar HaCohen qui enseigne les lois de la cachérisation des ustensiles en présence de Moshé Rabbénou ?

2/Pourquoi la cachérisation des ustensiles est-elle qualifiée de H’OUKA [décret] ?

3/Pourquoi, dans l’expression « les hommes qui venaient de la guerre », la Torah dit-elle « ABAHIM LAMILH’AMA » en employant un verbe conjugué au présent qui signifie littéralement « qui  vont  à  la guerre » ?

Moshé Rabbénou avait envoyé 12 000 hommes méritants du peuple d’Israël pour combattre les Midianites qui avaient provoqué à la débauche les Béné Israël, et qui les avaient entraîné au culte de Baal Péor.

Il s’agissait de mener une véritable guerre contre le Yétser Ara qui utilisait les filles de Midian dans le but de détourner les Béné Israël de Hachem.

Malheureusement 176 000 hommes ont été condamné à la peine de mort pour s’être prosternés à l’idole de Péor, plus 24 000 mille morts en raison de l’épidémie ! A leur retour de cette guerre, les vainqueurs sont accueillis par Moshé Rabbénou qui réprimande les officiers avec colère en disant : « Quoi ! Vous avez laissé en vie toutes les femmes, alors que ce sont elles qui étaient à l’origine de la débauche et de l’idolâtrie ! » Or c’est un décret [un H’OK] de la Torah : l’homme qui se met en colère, même si celle-ci est justifiée, perd sa sagesse. C’est donc Elazar HaCohen qui remplace Moshé Rabbénou pour transmettre les lois de la cachérisation des ustensiles, consistant à extraire la substance interdite absorbée dans  la  paroi  des récipients.

Combattre le Yétser Ara, c’est aussi extraire les influences profanes qui violent notre KEDOUCHA. Ce qui est absorbé par la cuisson (le plaisir )sera ébouillanté, et ce qui a pénétré en nous par le feu de la passion sera expié par le feu.

Conserver sa joie – par Rav Imanouël Mergui

La médisance – lachon ara est un interdit qui concerne celui qui parle mais également celui qui écoute du mal sur l’autre ?

Pourquoi ne faut-il pas écouter du lachon ara ?

Nous pouvons citer plusieurs raisons à cet interdit : ne pas avoir un mauvais regard sur l’autre, ne pas  changer notre approche envers l’autre, ne pas écouter ce qui pourrait porter préjudice à l’autre etc…

Tous ces arguments sont valables mais ils ne s’occupent que de l’autre, essayons de voir ce que ça provoque en nous-même et pourquoi      est-ce problématique ?

Avant d’entendre du lachon ara nous avons une certaine opinion d’une personne, qui peut être fausse mais qui peut aussi être une bonne image néanmoins. Mais lorsque nous entendons du lachon ara, qui est une information VRAIE sur la personne, nous allons changer cette opinion pour une opinion plus « juste », certes, mais mauvaise. Alors en quoi « ajuster » l’image que nous avons d’une personne n’est pas à faire ? Nous pourrions au contraire penser qu’il est plus authentique d’ajuster la vision que nous avons de l’autre…

En réalité, lorsque je reçois une information sur quelqu’un, cela provoque en moi, de manière instantanée, voire même provisoire, un

sentiment de perturbation, un ébranlement dans ma simh’a : « comment ai-je pu me tromper dans ma vision de l’autre ? Comment n’ai-je pas vu ? Qu’est-ce que je fais de cette information que j’ai reçue ? »

Quel est le contraire de la simh’a ?

A l’extrême opposé de la simha nous trouvons la tristesse, la mélancolie, etc. mais le contraire, le côté pile de la simh’a c’est déjà de ne plus être dans la simh’a, tout simplement !

Lorsque j’entends du lachon ara, je sors, l’espace d’un instant, de mon état naïf simh’atique, une joie, oui naïve, mais  riche d’intériorité. Certains ne savent pas augmenter la simh’a des autres et même pire sont la cause de la mauvaise humeur, de la perte de simh’a, voire d’un état ‘’asimh’atique’’…

Nous ne devons d’ailleurs pas non plus annoncer de mauvaises nouvelles, en particulier le Chabat !

Nous ne devons pas, en aucun cas, être la cause de la sortie de la simh’a de celui qui se trouve en face de moi. Avant de m’adresser à l’autre ou   avant de recevoir une information, je dois être sûr que cela ne va pas me sortir, ni sortir l’autre de la simh’a. Nous devons voir l’état de simh’a de l’être comme un trésor précieux à conserver, à magnifier au possible et ne surtout pas    l’altérer. Ne prenons pas à la légère l’effet de quelques mots non réfléchis !…

Pour étayer cela, nous allons ramener une histoire de Rav Wozner : un jour un de ses proches devait subir une délicate intervention chirurgicale, le Rav lui a alors téléphoné et lui a dit « sois bésimh’a, alors tout ira bien, lorsque nous vivons dans la simh’a, tout s’arrange ». Et en effet, tout se passa très bien pour son proche !

Dans la paracha Matote (31- 1) la Tora nous raconte que D’IEU ordonne à Moché de venger Midyan (du fait que Midyan a détourné Israël à la débauche). Le verset dit : venge Midyan, ensuite ton heure est arrivée pour  quitter ce monde. Le Sifri (voir Rachi 31-3) enseigne : Moché savait que sa mort suivrait l’épisode de la vengeance de Midyan, il va s’y investir avec joie ! De là nous apprenons quelque chose d’incroyable : l’homme doit réaliser l’ordre divin avec joie sans se soucier de ce qui lui arrivera après. La joie d’obéir D’IEU enfoui l’angoisse de la mort. La joie doit être entretenue à tout prix ! Rien ne doit être à même d’ôter la joie qui anime l’être. de toute évidence il s’agit d’un très haut niveau, que l’homme est à même d’atteindre. Commençons tout de même par les petites peines de la vie, ne leur laissons pas l’occasion d’étouffer nos joies. Conservons notre joie.

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